La Journée mondiale de lutte contre le paludisme, le 25 avril, s’inscrit cette année sous le thème « Innover pour réduire la charge du paludisme et sauver des vies ». Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), aucun outil de la palette actuelle ne permettra à lui seul de résoudre le problème du paludisme. L’OMS appelle donc à trouver de nouveaux produits de diagnostic, de nouveaux médicaments antipaludiques et d’autres outils en vue d’accélérer les progrès contre cette maladie.
Alors que le paludisme a régulièrement reculé entre 2000 et 2015, les progrès ont ralenti, voire stagné ces dernières années, en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne. Cette maladie, potentiellement mortelle, est causée par des parasites que transmettent les moustiques anophèles femelles infectés. Bien qu’il soit évitable et traitable, le paludisme continue d’avoir des conséquences dévastatrices sur la santé et les moyens de subsistance des populations à travers le monde. En 2020, l’OMS a dénombré 241 millions de nouveaux cas et 627 000 décès liés au paludisme dans 85 pays. La Région africaine de l’OMS supporte une part importante et disproportionnée de la charge mondiale du paludisme. 95 % des cas et 96 % des décès dus à la maladie ont été enregistrés en Afrique. Les enfants de moins de 5 ans représentaient 80 % de l’ensemble des décès.
Le RTS,S, premier vaccin antipaludique
En octobre 2021, l’OMS a recommandé une large vaccination des enfants dans les zones à transmission modérée à forte du paludisme. Cette recommandation se fonde sur les résultats d’un programme pilote actuellement coordonné par l’OMS au Ghana, au Kenya et au Malawi, qui a bénéficié à plus de 900 000 enfants depuis 2019. Le RTS,S, qui est le premier vaccin jamais recommandé contre une maladie parasitaire, représente une grande avancée scientifique. Les données probantes ont montré qu’il était sûr et permettait de réduire les formes graves du paludisme.
Parallèlement aux progrès au niveau de la vaccination, les moustiquaires traitées avec un nouveau type d’insecticide ont réduit de près de moitié les cas de paludisme chez les enfants lors d’un vaste essai en Tanzanie, selon une étude publiée dans The Lancet, suscitant l’espoir d’une nouvelle arme dans la lutte contre cette maladie.
Les moustiquaires ont joué un rôle déterminant dans les vastes progrès que le monde a réalisés au cours des dernières décennies contre le paludisme, avec des millions de vies sauvées. Mais les progrès ont stagné ces dernières années, en partie parce que les moustiques qui propagent l’infection ont de plus en plus développé une résistance à l’insecticide utilisé dans les moustiquaires existantes. Lors d’essais randomisés effectués auprès de plus de 4 500 enfants âgés de 6 mois à 14 ans, les moustiquaires imprégnées de chlorfénapyr et de pyréthroïdes ont réduit la prévalence du paludisme de l’ordre de 43 % et 37 % pour la première et la deuxième année respectivement, comparativement aux moustiquaires traditionnelles qui sont enduites uniquement de pyréthroïdes. Le chlorfénapyr agit différemment du pyréthroïde, immobilisant les moustiques et les rendant incapables de piquer. Le produit chimique a été proposé pour la première fois contre le paludisme il y a 20 ans et est utilisé pour la lutte antiparasitaire depuis les années 1990.

Les moustiquaires enduites d’insecticides sont un outil efficace pour réduire les infections par le paludisme. (Photo : Reuters)
Ces moustiquaires sont légèrement plus chères que les moustiquaires actuelles, à environ 3 dollars par article, mais les chercheurs ont déclaré que les économies réalisées dans la prévention des cas l’emportaient sur l’augmentation initiale des dépenses. Les moustiquaires seront testées au Bénin pour étudier leur efficacité dans un contexte différent, ce qui pourrait mener à leur recommandation par l’OMS.
Bien que le chemin parcouru par chaque pays sur la voie de l’élimination soit unique, des facteurs communs de succès ont été observés. « La réussite est d’abord et avant tout le résultat de l’engagement politique à mettre fin à la maladie », a déclaré le Dr Pedro Alonso, directeur du Programme mondial de lutte contre le paludisme de l’OMS. « Cet engagement se traduit par un financement national qui est souvent maintenu pendant plusieurs décennies, même après qu’un pays a éliminé le paludisme », a-t-il ajouté. Des systèmes de données robustes sont également essentiels au succès, tout comme un engagement communautaire fort.
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