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Lueur d’espoir pour les malades d’Alzheimer

May Atta, Jeudi, 25 novembre 2021

Un nouveau médicament d'Alzheimer vient d’être approuvé aux Etats-Unis. Une annonce accueillie avec enthousiasme, bien que son efficacité ne fasse pas l’unanimité.

Lueur d’espoir pour les malades d’Alzheimer
Mark Archambault, 70 ans, de Rhode Island, premier patient en dehors des essais cliniques à recevoir une dose d’Aduhelm de Biogen.

L’agence américaine des médicaments (FDA) a auto­risé la semaine dernière un nouveau médicament contre la maladie d’Alzheimer, pour la pre­mière fois en près de deux décennies. « Cette autorisation est significative par de nombreux aspects », a déclaré le régulateur américain dans un com­muniqué. Nommé Aduhelm et produit par l’entreprise pharmaceutique Biogen, il s’agit du « premier traite­ment approuvé contre la maladie d’Alzheimer depuis 2003 », a souli­gné l’agence. Surtout, c’est le premier traitement dirigé contre la cause de la maladie, « la présence de plaques bêta-amyloïdes dans le cerveau », et non seulement les symptômes qu’elle entraîne, a-t-elle ajouté. Pris par voie intraveineuse tous les mois, le traite­ment peut coûter en moyenne 56 000 dollars par an. La maladie d’Alzhei­mer vole peu à peu la mémoire aux patients atteints, qui lors des der­nières phases de la maladie ne peu­vent plus ni effectuer les tâches quo­tidiennes, ni tenir de conversations. Le médicament utilise une molécule, baptisée aducanumab. Il s’agit d’anti­corps monoclonaux qui visent à dis­soudre les agrégats de cette protéine, la bêta-amyloïde, qui s’accumule et crée des plaques dans les tissus céré­braux des patients atteints d’Alzhei­mer. Cette cible est l’une des princi­pales pistes explorées par la recherche contre cette pathologie dégénérative.

Lueur d’espoir pour les malades d’Alzheimer

Mais les études sur des traitements ont subi ces dernières années revers sur revers, et aucun remède permet­tant une guérison n’existe à ce jour. C’est pourquoi ce médicament a été vu comme une lueur d’espoir. En novembre, un comité d’experts s’était pourtant prononcé contre une autorisation de ce traitement, jugeant qu’il n’avait pas suffisamment fait preuve de son efficacité. Un avis non contraignant, mais dont il est rare que la FDA s’affranchisse. Le comité avait étudié les données de deux études: un grand essai clinique avait conclu que le médicament des labo­ratoires Biogen était efficace, tandis qu’un autre avait donné des résultats négatifs. « Il existe des preuves subs­tantielles que l’Aduhelm réduise les plaques bêta-amyloïdes dans le cer­veau et que la réduction de ces plaques soit raisonnablement sus­ceptible d’entraîner d’importants bénéfices pour les patients », a décla­ré l’agence, expliquant ainsi que « les bénéfices surpassent les risques » de la prise de ce médica­ment.

Le professeur Tareq Okacha, pro­fesseur de psychiatrie à la faculté de médecine de l’Université de Aïn-Chams et président de la Société égyptienne d’Alzheimer, explique que les médicaments jusqu’ici utili­sés pour le traitement de cette mala­die et qui sont au nombre de 4 ne font que ralentir la progression de la maladie sur une période entre trois et quatre ans. Quant à ce nouveau trai­tement, qui s’attaque à la cause de la maladie, Dr Okacha estime que son efficacité dépendra notamment d’une prise en charge précoce du patient, parce que « quand les patients pré­sentent des symptômes, cela fait déjà quinze ans au moins que les lésions sont là et ont déjà dégradé le cer­veau ». Dr Emad Chokri, spécialiste en psychiatre, partage le même avis. « Malheureusement, la maladie d’Alzheimer n’est pas détectée lors des examens de routine. Le diagnos­tic se fait suite à une imagerie céré­brale qui n’est recommandée par le médecin que lorsque l’état du patient est déjà détérioré », regrette-t-il. Pour Dr Chokri, dans la quête d’un traitement d’Alzheimer, des recherches sur une détection précoce de la maladie devront aller de pair avec la recherche médicamenteuse.

La FDA a tout de même utilisé une procédure accélérée qui ne confère au produit qu’une autorisation condi­tionnelle, appelant Biogen à conduire des essais cliniques post-autorisation pour vérifier les bénéfiques cliniques du médicament. « Si le médicament ne fonctionne pas comme prévu, nous pourrons prendre des mesures pour le retirer du marché », a précisé le régulateur américain .

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