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Hesham Tarraf : Les personnes asthmatiques doivent vivre dans un environnement sans tabac

May Atta, Lundi, 25 octobre 2021

A l’occasion de la Journée mondiale de l’asthme, organisée chaque année au mois de mai, Hesham Tarraf, professeur à l’Université du Caire, spécialiste des maladies thoraciques et des allergies, revient sur cette maladie de plus en plus répandue.

Hesham Tarraf
L’inhalation permet de soulager la crise en dilatant les bronches. (Photo : Reuters)

Al-Ahram Hebdo : La Société égyptienne des allergies et d’immunologie a organisé un colloque le 20 mai, dont vous étiez le modérateur, à l’occasion de la Journée mondiale de l’asthme. Quel est l’intérêt de ce genre d’événements ?

Pr Hesham Tarraf : La Société égyptienne des allergies et d’immunologie participe à la Journée mondiale de l’asthme depuis l’an 2000. Cette année, l’événement a été organisé en collaboration avec la Global Initiative for Asthma (GINA). Pour les médecins et spécialistes qui y participent, il s’agit de faire le point sur les dernières recherches et les protocoles de traitement. Ensuite, la conférence de presse qui clôt l’événement permet au grand public d’être informé des avancées scientifiques dans ce domaine.

— Commençons d’abord par expliquer ce qu’est l’asthme et quels sont ses symptômes …

— L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches qui se manifeste par des crises d’essoufflement, une toux et parfois une gêne respiratoire permanente pouvant entraîner des troubles du sommeil. La maladie se manifeste sous forme de crises et peut dans certains cas impacter la vie quotidienne de la personne qui en souffre.

— Est-ce une maladie guérissable ?

— Non, mais elle est facilement contrôlable. Des consultations périodiques tous les 3 à 6 mois permettent au médecin de prescrire un protocole de traitement ajusté, ce qui aide le patient à mener une vie quasi normale et à éviter les crises et les hospitalisations.

— A quel point cette maladie est-elle répandue ?

— Malheureusement, l’asthme est une maladie qui gagne du terrain. Selon les statistiques, en 1970, 1 % des 27 millions d’Egyptiens en étaient atteints, alors qu’en 2021, le taux est passé à 6,7 % des 100 millions. A l’échelle mondiale, 320 millions de personnes souffrent d’asthme. Cette propagation de la maladie est due notamment à la pollution, au tabagisme et au surpeuplement, y compris au sein d’un même foyer.

— Outre les facteurs environnementaux, existe-t-il des facteurs génétiques ?

— Le facteur génétique joue un rôle important chez les enfants atteints d’asthme. Pour les adultes, l’environnement représente le facteur essentiel, surtout le tabagisme et l’exposition aux fumées des usines et aux odeurs chimiques.

— Qui a le plus de chance de mieux s’en sortir, l’enfant ou l’adulte ?

— Si le traitement commence à temps et se poursuit jusqu’à la disparition des symptômes, les enfants ont plus de chance de s’en remettre. Mais si la famille néglige le traitement de son enfant asthmatique ou allergique, la maladie devient chronique. De même, la pratique de certains sports comme la natation peut, avec le traitement, augmenter les chances de rétablissement chez les enfants.

— Le traitement des enfants est-il différent de celui prescrit aux adultes ?

— Il est quelque peu différent, mais le médicament commun dans le traitement de l’asthme c’est les corticoïdes administrés sous forme inhalée (en aérosol ou inhalateur). C’est ce qu’il y a de mieux pour éviter les crises. Mais bien entendu, les doses prescrites aux enfants ne sont pas les mêmes que celles données aux adultes.

— Le traitement aux corticoïdes sur une longue période ne risque-t-il pas d’entraîner des effets secondaires ?

— La cortisone sous forme de comprimés ou d’injections est réservée aux formes les plus graves ou à des périodes d’exacerbation. Quand l’état se stabilise, le patient poursuit un traitement préventif de cortisone inhalée. Il faut savoir pour se rassurer que les doses de cortisone administrées à travers un inhalateur pendant une année entière sont équivalentes à un seul comprimé.

— Quels sont les conseils que vous aimeriez donner aux patients asthmatiques ?

— Il faut vivre dans un environnement sans tabac, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de chez soi, éviter d’avoir des animaux de compagnie, éviter la poussière et les endroits pollués, et bien suivre le protocole de traitement.

— Les personnes asthmatiques sont-elles plus vulnérables face au coronavirus ?

— Tout dépend du niveau de gravité de l’asthme. Mais je profite de cette question pour appeler ceux et celles qui souffrent d’asthme ou d’autres allergies à envisager de se faire vacciner contre le Covid-19, bien entendu après en avoir préalablement discuté avec leur médecin traitant pour savoir, chacun selon son cas, si son état le permet et quel vaccin lui convient le plus.

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