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Mahmoud El-Askalany : Il existe un centre de traitement du sida au sein de chaque hôpital de maladies infectieuses

May Atta, Mercredi, 02 décembre 2020

A l’occasion de la Journée mondiale du sida, le 1er décembre, le docteur Mahmoud El-Askalany, chef du département du sida à l’hôpital des maladies infectieuses d’Imbaba, fait le point, notamment en Egypte, sur cette maladie vieille de quatre décennies.

Mahmoud El-Askalany

Al-Ahram Hebdo : Pouvez-vous nous expliquer comment cette maladie a évolué depuis son apparition épidémique dans les années 1980, ainsi que les modes de trans­mission du virus VIH, son agent causal ?

Dr Mahmoud El-Askalany : Aujourd’hui, le sida n’est plus une maladie mortelle, mais une maladie chronique gérable. Elle est provoquée par le virus VIH qui entraîne une déficience immunitaire en infectant les globules blancs. La personne atteinte devient moins résistante face aux infections et aux maladies. Quant aux modes de transmission, ils sont divisés en trois catégories : à travers le sang contaminé, notam­ment lors de partage de matériel d’injection, lors de rapport non protégé, aussi bien homosexuel qu’hétérosexuel, ou de la mère à l’enfant durant l’accouchement.

— Comment évolue la maladie si la per­sonne atteinte n’est pas soignée ?

— On peut distinguer plusieurs phases de la maladie, à commencer par celle de l’infection où le patient ressent des symptômes similaires à ceux d’une grippe, notamment la fièvre et l’en­flure des glandes lymphatiques. Cette phase peut s’étaler sur plusieurs semaines ou plusieurs années avant que ne se manifestent d’autres symptômes comme la toux persistante, la perte de poids et la fatigue chronique. Cette phase peut, à son tour, s’étaler sur deux ou trois ans. Ces deux premières phases sont considérées comme une période d’incubation du virus. Ensuite l’état de santé du patient se détériore avec une perte sensible du poids, des inflammations, des catarrhes intestinaux. Le patient devient alors plus à risque de présenter plusieurs cancers (du sang, des glandes lymphatiques, de la peau, des poumons ou de l’utérus), et devient plus sensible aux maladies respiratoires.

— Comment détecter le virus dans une phase précoce ?

— Pour les personnes qui se reconnaissent à risque de contracter le VIH, un test est vivement recommandé si des symptômes, telles la fièvre ou la fatigue, deviennent récurrents. Il s’agit d’une simple prise de sang pour détecter les anticorps (que le corps fabrique pour lutter contre ce virus), et en l’occurrence mesurer le taux d’antigène p24 (une protéine constituante de la capside du virus VIH) pour évaluer la multiplication du virus dans le corps.

— De nouveaux traitements contre le sida promettraient aux personnes atteintes une espérance de vie normale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

— Ceci est vrai, aussi bien au niveau de l’espérance de vie que de la qualité de vie, à condition toutefois que le traitement commence à un state préliminaire de la maladie et que le patient adhère strictement au protocole de traitement.

— Qu’en est-il du suivi médical ?

— Une consultation mensuelle est nécessaire. En outre, des analyses de sang pour l’évaluation des fonctions rénales et hépatiques sont effectuées tous les six mois.

— Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la majorité des personnes vivant avec le VIH se trouvent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Quels sont les chiffres en Egypte ?

Malheureusement, nous n’avons pas de statistiques, mais le nombre de consultations dans les centres de traitement du sida suggère que la courbe est en hausse.

— La stigmatisation associée au sida continue-t-elle de contrecarrer le dépistage et le traitement de cette maladie ? Et quels sont les efforts pour pallier cela ?

A vrai dire, il n’existe pas de campagne à grande échelle à ce propos. Il y a 5 ans, l’Etat a mis en place un programme national de lutte contre le sida, et il a eu un résultat positif au niveau de la prise en charge des patients. Dans l’hôpital d’Imbaba, où je travaille, nous organisons tous les mardis une rencontre de sensibilisation et de soutien avec les patients où des médecins spécialistes répondent à leurs questions. Des psychiatres y sont souvent invités pour accompagner les patients dans leur processus de guérison, ainsi que des gynécologues pour le suivi des femmes enceintes séropositives. Malheureusement, certaines de ces activités ont été suspendues depuis l’apparition du coronavirus. Nous organisons également des conférences dans d’autres hôpitaux, qui sont cette fois destinées aux médecins, notamment les chirurgiens, les gynécologues et les dermatologues qui sont plus exposés à attraper la maladie au contact d’un patient séropositif. Il s’agit de leur expliquer les mesures de protection à adopter et de leur expliquer l’importance de la compassion et du respect envers les patients séropositifs.

— Où se trouvent les centres de traitement du sida en Egypte ? Sont-ils ouverts à tous ?

— Il existe un centre de traitement du sida au sein de chaque hôpital de maladies infectieuses. Ils sont au nombre de 14 répartis sur tout le pays. Ils ne se trouvent pas dans tous les gouvernorats, par exemple, le centre d’Assouan accueille les patients de Louqsor et de Qéna, et ainsi de suite … La consultation et le traitement y sont gratuits, et l’OMS apporte une contribution importante à l’Egypte dans ce secteur.

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