Al-Ahram Hebdo : Il s’agit de l’une des dix maladies les plus répandues d’après l’Organisation mondiale de la santé. Pouvez-vous nous expliquer cette maladie et à quel point peut-elle être sérieuse ?
Dr Sherif El Ghazaly: L’ostéoporose est la fragilisation des os, lors d’une chute, la personne atteinte est plus prédisposée aux fractures, notamment au niveau de la hanche, des poignets et de la colonne vertébrale. Malheureusement, une fracture de la hanche peut s’avérer fatale, notamment à cause du risque d’infection opératoire, d’où l’importance de prévenir les fractures en premier lieu.
Avec le temps l’ostéoporose peut également entraîner une réduction de la taille. Mais généralement, la personne atteinte ne manifeste aucun symptôme et la maladie n’est constatée qu’à la suite d’une fracture, d’où son surnom de « maladie silencieuse ».
C’est une maladie liée à la vieillesse et c’est pourquoi elle devient plus répandue avec l’accroissement de l’espérance de vie.
— Y a-t-il des personnes plus à risque que d’autres ?
L’activité physique régulière chez l’enfant a des vertus à long terme sur la prévention de l’ostéoporose.
— Les personnes à risque sont les plus âgées, notamment les femmes. Après l’âge de 55 ans, 2 femmes sur 5 souffrent d’ostéoporose contre 1 homme sur 5. Les femmes sont plus exposées pour des raisons naturelles : la production d’oestrogènes, qui contribuent au maintien de la masse osseuse, diminue beaucoup à la ménopause. Ainsi, durant les 10 ans suivant la ménopause, la femme subit une perte osseuse de 2% à 3% tous les ans, avant de se stabiliser autour de 1 % par an. Chez l’homme la perte osseuse est moins importante et plutôt linéaire.
Les femmes ayant eu une ménopause précoce (avant l’âge de 45 ans), pour des raisons naturelles ou après l’ablation de leurs ovaires sont ainsi plus à risque, ainsi que les personnes qui ont suivi un traitement prolongé aux corticostéroïdes ou, dans une moindre mesure, aux antidépresseurs ou aux anticoagulants.
— Le ministère de la Santé a lancé en octobre une campagne de dépistage de l’ostéoporose dans le gouvernorat de Port-Saïd. Pensez-vous que ces efforts de sensibilisation puissent aider à freiner cette maladie ?
— Absolument, d’autant plus que la prévention contre l’ostéoporose commence dès le plus jeune âge. Les parents ont une responsabilité à exercer sur le mode de vie de leurs enfants, notamment en ce qui concerne l’alimentation équilibrée, riche en protéines, et la pratique du sport. Il faut également éviter aux adolescents qui suivent une diète de trop maigrir. Pour les adultes, une activité sportive régulière est tout aussi conseillée, ainsi que l’arrêt du tabac pour les fumeurs.
— Comment peut-on savoir si l’on est atteint d’ostéoporose ?
— Selon l’état du patient, si le médecin traitant le juge nécessaire, il recommandera un test d’ostéodensitométrie, qui mesure la densité minérale osseuse. Les patients atteints devront refaire ce test au moins tous les ans.
— Et en termes de traitement ?
— L’apparition des premiers traitements de l’ostéoporose date d’environ dix ans. Au début, il s’agissait de freiner la dégénérescence osseuse, mais plus récemment de nouveaux médicaments permettent de récupérer en partie la masse osseuse perdue. Actuellement, des recherches sont en cours pour mieux savoir si l’on peut combiner les deux catégories de médicaments. Le traitement est pris par voie orale ou par injection sur une période entre 5 et 6 ans. Malheureusement, ces médicaments peuvent provoquer une dégénérescence progressive du tissu osseux de la mâchoire (ostéonécrose), ainsi qu’un reflux gastro-oesophagien … Mais ces effets indésirables sont alors évalués en fonction de l’état du patient l
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