L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a indiqué, vendredi, ne pas s’attendre à une vaccination généralisée contre le Covid-19 avant la mi-2021.
« Comme vous le savez, un nombre considérable de candidats sont maintenant entrés dans la phase 3 des essais. Nous en connaissons au moins 6 à 9 qui ont déjà parcouru un long chemin en termes de recherche », a déclaré une porte-parole de l’OMS, Margaret Harris, lors d’un point presse à Genève. « Mais en termes de calendrier réaliste, nous ne nous attendons vraiment pas à voir une vaccination généralisée avant le milieu de l’année prochaine », a-t-elle ajouté.
La porte-parole a expliqué que la phrase 3 des essais cliniques — c’est-à-dire l’étape de tests massifs sur des volontaires — prenait du temps car les scientifiques doivent vérifier si le vaccin est efficace et sûr.
A Genève, Soumya Swaminathan, scientifique en chef à l’OMS, a expliqué cette semaine aux journalistes que l’organisation a travaillé avec des experts du monde entier, notamment de l’Agence américaine des médicaments (FDA) et de l’Agence européenne des médicaments (EMA), pour « proposer des critères » en matière de sécurité et d’efficacité des futurs vaccins. « Nous aimerions voir un vaccin ayant une efficacité d’au moins 50 % », a-t-elle annoncé.
Malgré les tentatives de l’OMS de tempérer les espoirs, les annonces se multiplient sur les dernières nouvelles de la course contre la montre que se livrent les grandes laboratoires mondiaux.
Ainsi, la revue médicale The Lancet a annoncé, vendredi, que le vaccin russe anti-Covid-19 « Spoutnik V » avait produit une réponse immunitaire chez tous les participants lors des premiers essais cliniques.
Les résultats des deux essais, menés en juin-juillet cette année et impliquant 76 participants, ont, en effet, montré que 100 % des participants développaient des anticorps contre le nouveau coronavirus et que ceux-ci ne présentaient pas d’effets secondaires graves, d’après The Lancet. La revue a ajouté que les premiers essais suggèrent que le vaccin Spoutnik V déclenche une réponse de certaines cellules du système immunitaire, les lymphocytes T. Celles-ci pourraient offrir une protection à plus long terme que les anticorps contre le coronavirus.
« De essais d’ampleur sur une période plus longue, comprenant une comparaison avec un placebo et une supervision supplémentaire, sont nécessaires afin d’assurer la sûreté et l’efficacité à long terme du vaccin », a toutefois précisé la revue, alors que Moscou a annoncé la tenue d’un essai clinique de stade avancé faisant appel à 40 000 personnes.
La Russie avait accordé une autorisation réglementaire au premier vaccin anti-Covid-19 dès le mois d’août, devenant le premier pays à le faire. Certains experts occidentaux ont néanmoins mis en garde contre l’utilisation du vaccin tant que tous les tests, approuvés au niveau international, et toutes les mesures réglementaires n’auront pas été menés à bien.
Etats-Unis, les personnes à haut risque d’abord
Aux Etats-Unis, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont demandé aux autorités sanitaires des Etats du pays d’être prêtes à distribuer un potentiel vaccin contre le coronavirus aux personnes à haut risque dès la fin octobre, montrent des documents publiés la semaine dernière par l’Agence fédérale.
Le président Donald Trump a accordé une aide fédérale de plusieurs milliards de dollars à des laboratoires pharmaceutiques pour accélérer le développement d’un vaccin contre le nouveau coronavirus ayant tué plus de 180 000 personnes aux Etats-Unis.
Le New York Times avait rapporté en premier lieu que l’Agence fédérale avait contacté les représentants des 50 Etats et de 5 grandes villes pour leur transmettre des informations sur le calendrier.
Anthony Fauci, le principal expert américain en maladies infectieuses, a déclaré à la chaîne de télévision MSNBC que, selon les données des tests en cours, suffisamment de données cliniques pourraient être disponibles en novembre ou décembre pour déterminer si l’un des potentiels vaccins est sûr et efficace.
Le laboratoire français Sanofi a de son côté lancé, le 3 septembre, l’essai clinique sur l’homme pour le candidat vaccin contre le Covid-19 qu’il développe avec son homologue britannique GSK, suite à des essais précliniques « prometteurs ».
Les laboratoires vont recruter 440 participants en bonne santé pour conduire cet essai qui permettra d’évaluer la tolérance et la réponse immunitaire du candidat vaccin.
Les deux entreprises ont augmenté leurs capacités de production « pour pouvoir assurer la fabrication de jusqu’à un milliard de doses en 2021 ».
Enfin, le groupe britannique AstraZeneca a annoncé, vendredi, le lancement de la phase I/II de son essai clinique au Japon de son candidat vaccin. Les essais seront menés dans plusieurs installations au Japon et concerneront 250 sujets, d’après la société. AstraZeneca travaille avec Daiichi Sankyo, JCR Pharma et d’autres partenaires au Japon pour fabriquer et distribuer le vaccin.
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