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Soutenir une femme, c’est soutenir une famille

Diaa Abaza, Mardi, 17 février 2015

Surnommé le banquier des pauvres, le prix Nobel, Mohamad Yunus, a été l'invité de la Fondation de presse Al-Ahram. Il s’agissait de profiter de son expérience au Bangladesh, où il a financé des millions de femmes pauvres dans les zones rurales.

Soutenir une femme
Le prix Nobel, Mohamad Yunus, avec Ibrahim Mahlab et Ahmad Al-Naggar, PDG d'Al-Ahram (Photo : Moustapha Emeira)

Le prix Nobel, Mohamad Yunus, a été l’invité de l’hebdomadaire fémi­nin Nisf Al-Donia, publié par Al-Ahram, pour une conférence dédiée aux femmes égyptiennes et arabes. Ce parrain du microcrédit est venu parler de la microfinance comme outil d’émancipation pour les femmes.

La conférence a été inaugurée par le premier ministre, Ibrahim Mahlab, et en présence des ministres de la Solidarité sociale et de l’Industrie. « Je promets de mettre en exécution les recommandations de M. Yunus concernant la relance des microcre­dits en Egypte », a promis le premier ministre, tout en appelant la ministre de Solidarité sociale, Ghada Wali, d’entreprendre les réformes néces­saires pour faire de la Banque Nasser une banque Grameen à l’Egyptienne.

Yunus, le fondateur de la Grameen Bank, a expliqué comment en 1983, il était indispensable pour le Bangladesh d’introduire une nou­velle loi pour permettre aux institu­tions de microcrédit d’accroître. « Les banques destinées aux pauvres ne fonctionnent pas comme celles des riches », assure Yunus, qui a égale­ment proposé aux Egyptiens la créa­tion d’une autorité indépendante pour réglementer le travail des institutions de microcrédit. Les deux démarches ont été récemment entreprises en Egypte.

En novembre 2014, l’Egypte a fait adopté sa première loi sur la microfi­nance, assurée par les ONG. Cette loi accorde à l’Autorité de surveillance financière le rôle de la régulation du secteur du microcrédit. Or, « la nou­velle loi ne permet pas aux institu­tions de microfinance d’accepter des dépôts, ce qui les rend dépendantes des banques pour le capital », a déclaré Ahmad Al-Bardai, ancien président de la Banque du Caire et fondateur de Reefy, pionnier du crédit privé destiné aux petits agriculteurs.

L’invité s'est félicité que le micro­crédit au Bangladesh bénéficie à 16 millions de familles. Fin 2014, la Grameen Bank disposait d’un porte­feuille de prêts de 1,5 milliard de dollars et de 2 milliards de dollars de dépôts. Grameen a continué à mettre en place un fonds de pension, de créer une compagnie de téléphonie pour les pauvres, Grameenphone, en 1997, et un fonds pour les jeunes entrepreneurs. Son modèle de finan­cement a été l’inspiration de plu­sieurs pays en développement.

« Si la microfinance n’a pas réussi à décoller en Egypte, c’est parce que les grands banquiers n’y croient pas », reproche Al-Bardai.

« Contrairement aux banques clas­siques qui rechignaient à prêter de l’argent aux femmes, quel que soit leur revenu, notre décision dès le départ était que la moitié des emprunteurs soient des femmes », dit Yunus. « Je pense que comparées aux hommes, les femmes sont d’ex­cellentes entrepreneuses », estime Yunus, tout en expliquant que les prêts accordés aux femmes ont eu un effet plus important sur le niveau de vie de la famille.

« En Egypte, les banques perçoi­vent toujours les femmes comme des clientes à risque, alors qu’en fait, le taux de défaut de paiement est plus grand chez les clients masculins », souligne Sahar Nasr, économiste en chef à la Banque Mondiale pour la région MENA.

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