Le prix Nobel, Mohamad Yunus, avec Ibrahim Mahlab et Ahmad Al-Naggar, PDG d'Al-Ahram
(Photo : Moustapha Emeira)
Le prix Nobel, Mohamad Yunus, a été l’invité de l’hebdomadaire féminin
Nisf Al-Donia, publié par
Al-Ahram, pour une conférence dédiée aux femmes égyptiennes et arabes. Ce parrain du microcrédit est venu parler de la microfinance comme outil d’émancipation pour les femmes.
La conférence a été inaugurée par le premier ministre, Ibrahim Mahlab, et en présence des ministres de la Solidarité sociale et de l’Industrie. « Je promets de mettre en exécution les recommandations de M. Yunus concernant la relance des microcredits en Egypte », a promis le premier ministre, tout en appelant la ministre de Solidarité sociale, Ghada Wali, d’entreprendre les réformes nécessaires pour faire de la Banque Nasser une banque Grameen à l’Egyptienne.
Yunus, le fondateur de la Grameen Bank, a expliqué comment en 1983, il était indispensable pour le Bangladesh d’introduire une nouvelle loi pour permettre aux institutions de microcrédit d’accroître. « Les banques destinées aux pauvres ne fonctionnent pas comme celles des riches », assure Yunus, qui a également proposé aux Egyptiens la création d’une autorité indépendante pour réglementer le travail des institutions de microcrédit. Les deux démarches ont été récemment entreprises en Egypte.
En novembre 2014, l’Egypte a fait adopté sa première loi sur la microfinance, assurée par les ONG. Cette loi accorde à l’Autorité de surveillance financière le rôle de la régulation du secteur du microcrédit. Or, « la nouvelle loi ne permet pas aux institutions de microfinance d’accepter des dépôts, ce qui les rend dépendantes des banques pour le capital », a déclaré Ahmad Al-Bardai, ancien président de la Banque du Caire et fondateur de Reefy, pionnier du crédit privé destiné aux petits agriculteurs.
L’invité s'est félicité que le microcrédit au Bangladesh bénéficie à 16 millions de familles. Fin 2014, la Grameen Bank disposait d’un portefeuille de prêts de 1,5 milliard de dollars et de 2 milliards de dollars de dépôts. Grameen a continué à mettre en place un fonds de pension, de créer une compagnie de téléphonie pour les pauvres, Grameenphone, en 1997, et un fonds pour les jeunes entrepreneurs. Son modèle de financement a été l’inspiration de plusieurs pays en développement.
« Si la microfinance n’a pas réussi à décoller en Egypte, c’est parce que les grands banquiers n’y croient pas », reproche Al-Bardai.
« Contrairement aux banques classiques qui rechignaient à prêter de l’argent aux femmes, quel que soit leur revenu, notre décision dès le départ était que la moitié des emprunteurs soient des femmes », dit Yunus. « Je pense que comparées aux hommes, les femmes sont d’excellentes entrepreneuses », estime Yunus, tout en expliquant que les prêts accordés aux femmes ont eu un effet plus important sur le niveau de vie de la famille.
« En Egypte, les banques perçoivent toujours les femmes comme des clientes à risque, alors qu’en fait, le taux de défaut de paiement est plus grand chez les clients masculins », souligne Sahar Nasr, économiste en chef à la Banque Mondiale pour la région MENA.
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