Samedi, 05 octobre 2024
Al-Ahram Hebdo > Economie >

Bisco Misr : Une société prisée

Dahlia Réda, Mardi, 09 décembre 2014

Les offres présentées par deux sociétés étrangères pour l'achat de la biscuiterie Bisco Misr, suscitent le tourment des milieux d’affaires ainsi que des syndicats. Explications.

Bisco Misr : Une société prisée
Bisco Misr pourrait, une fois rachetée, changer son domaine d'activités.

L’accordpour la vente de la société égyptienne de biscuiterie Bisco Misr, conclu par la plupart des actionnaires, constitués notamment de fonds d’investissements, des banques, et une société d’assurance, ouvre le débat sur les conséquences sur le marché local de l’acquisition de cette entreprise par des étrangers.

Plusieurs entités publiques détiennent collectivement plus du tiers des actions de Bisco Misr. Pour les propriétaires, il s’agit simplement de ne pas rater une offre lucrative, dépassant de plus dix livres le prix de l’action en Bourse.

Les deux offres d’achats obligatoires présentées par 2 concurrents étrangers (l’un émirati et l’autre américain) proposent à l’Organisme de supervision financière (EFSA) l’acquisition d’au moins 51 % de Bisco Misr. Depuis deux semaines, Bisco Misr est soumise à la concurrence acharnée de ces deux concurrents en vue de cette vente. La transaction impliquerait que ses produits vendus depuis toujours à bas prix, soient proposés à un prix bien plus élevés. Un risque d’autant plus réel que l’une des compagnies concurrentes pour l’acquisition, Abraj Capital, oeuvre notamment dans l’immobilier, un secteur auquel Bisco Misr s’est récemment intéressé, quoique partiellement.

La décision de l’EFSA d’accepter les deux offres d’achat des compagnies étrangères provoque la colère du syndicat général des ouvriers dans l’industrie alimentaire. « Le destin de 4 000 ouvriers est en péril. Les clauses des 2 offres d’achat proposent de garder les ouvriers au maximum pendant un an. Ce qui les expose à des vagues de licenciements futures », souligne l'un des employés de Bisco Misr ayant requis l’anonymat. Il ajoute : « L’une des deux sociétés est réputée internationalement pour ses licenciements en masse ».

La position et les résultats financiers positifs de Bisco Misr aiguisent l’appétit des investisseurs. La société a tous les atouts pour concurrencer et étendre son activité sur les marchés extérieurs. Elle possède 3 usines et 36 points de ventes en Egypte et exporte également ses produits vers les pays arabes, africains, ainsi que d’autres marchés internationaux. Ses résultats financiers témoignent d’un retour sur investissement qui atteint 33 % pour l’année 2013 et 23 % pour les 9 premiers mois de 2014 pour une moyenne de 15 % dans le secteur agroalimentaire. Bien que ses profits aient reculé de 16 %, enregistrant 37,4 millions de L.E. dans les 9 premiers mois de 2014, « elle continue ses résultats positifs ; ce repli est saisonnier et n’indique aucune détérioration de sa performance », note Monsef Morsi, analyste auprès de Pharos.

D’après Salwa Al-Antari, ex-chef du département de recherche à la banque Ahli, Bisco Misr « est attractive aux yeux des investisseurs et présente diverses opportunités sur le marché local et international ». Mais depuis 2010, la société a connu un virage avec l’inclusion d’un autre domaine d’activité, celui de l’immobilier qui englobe l’achat, la vente, et la location de terrains dans les nouvelles communautés urbaines. « Il n’existe aucun lien entre l’activité principale et la nouvelle, et la création de cette dernière revient aux nouveaux actionnaires privés qui veulent accroître les profits », assure-t-elle. Al-Antari déclare que Bisco Misr détient 80 000 m2 à Alexandrie. « Ces terrains sont un potentiel pour la société, et pourraient être la raison principale derrière la précipitation à l’achat des deux concurrents étrangers », note-t-elle.

Vente prévue en deux phases

La question de la privatisation de Bisco misr remonte à 2001 et a été prévue sur deux phases. La première, lorsque le Holding des produits alimentaires a cédé une partie de sa part à des fonds d’investissement privés, et la deuxième en 2005, à travers la vente d’une autre partie du capital à des compagnies d’assurances et des banques telles que la CIB. Ainsi, la part publique a été réduite pour atteindre aujourd’hui 35 %, contre 77 % avant 2001. Désormais, près de 65 % de la société sont détenus par les actionnaires privés, et 21 % sont échangés en Bourse.

L’une des deux sociétés intéressées par l’achat de Bisco Misr est la société émiratie Abraj Capital, créée en 2002, et est active dans l’investissement privé et l’immobilier. Elle gère un portefeuille d’actifs d’un montant total de 7,5 milliards de dollars à travers plus de 20 fonds d’investissement. Le groupe est présent dans plus de six pays via 25 bureaux de représentation. Cette société s’est présentée il y a deux semaines à l’EFSA à travers ses deux filiales en Egypte, Sphinx Obelisk et Bisco Investment. Elle propose l’acquisition de 100 % des actions privées de Bisco Misr, pour un montant total de 850 millions de L.E., soit 73,91 L.E. l’action. « Nous sommes très intéressés par l’achat de la société et le marché égyptien nous ouvre l’appétit », note une source interne qui a requis l’anonymat.

L’autre concurrent, la multinationale américaine de céréale et de biscuiterie Kellogg’s, a été créée en 1898 et est présente dans 180 pays. elle est connue pour son savoir-faire dans le domaine des produits à base de céréales. Kellogg’s a proposé un prix plus élevé que son concurrent, avec un montant total de 908,5 millions de L.E., soit 79 L.E. l’action. « Notre société est enthousiaste. Bisco Misr est en bonne santé et le marché est prometteur, ce qui constitue une réelle opportunité », note Kellogg’s.

Pour se rattraper, Abraj a revu son offre à la hausse, mais pas suffisamment. « Si Abraj veut modifier son offre, elle doit la relever d’au moins 2 % de plus que celle de Kellogg’s », a affirmé dans un communiqué Chérif Sami, président de l’EFSA .

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique