(Photo: Bassam Al-Zoghby)
Narimane hamdy, une femme de 60 ans, cliente de Mobinil depuis une dizaine d’années, se plaint de « difficultés à achever un appel sur son portable ». « Pour appeler mon fils, je suis obligé de faire de trois à quatre appels à chaque fois à cause de la rupture de la ligne ou à cause de la mauvaise qualité de la communication », se plaint-elle à l’Hebdo. Une plainte qui s’ajoute à celle de Sameh Khalifa, un client d’Etisalat qui a acheté une ligne Vodafone espérant améliorer la qualité du service mais en vain. « Malheureusement, la qualité du service était la même, très modeste avec des coupures au niveau des communications », assure-t-il. Selon le dernier rapport trimestriel publié par l’Autorité nationale de régulation des télécommunications en mars 2014, les trois opérateurs de téléphonie mobile (Mobinil, Etisalat et Vodafone) ne donnent pas satisfaction à leurs clients.
Etisalat est le plus mauvais réseau au Caire en ce qui a trait à la qualité de la communication, suivi par Vodafone et Mobinil. En revanche, Vodafone, qui détient presque 42 % du marché, offre le plus mauvais service dans les gouvernorats.
Et selon le rapport de la NTRA, ceux qui ont recours aux services d’Internet via portable ne sont pas mieux lotis. Le rapport dévoile que Vodafone est « le pire réseau » suivi par Mobinil et Etisalat en ce qui a trait à la vitesse de la connexion.
Les sociétés se défendent
Les sociétés de portable justifient ce recul de la qualité du service par les coupures répétées de courant électrique. « Les coupures d’électricité ont des répercussions majeures sur les réseaux de portable. Depuis 2013, nous investissons lourdement dans les générateurs électriques pour réduire les incidents qui résultent de la coupure du courant électrique. Quant au gasoil nécessaire pour le fonctionnement de nos réseaux, nous coordonnons avec les organismes gouvernementaux pour en obtenir les quantités nécessaires », répond à l’Hebdo Yasser Chaker, vice-président de l’opérateur Mobinil, responsable du secteur technologique, joint par courrier électronique. Même justification pour les responsables du groupe Vodafone, qui possède plus 41 millions d’abonnées, selon le dernier rapport publié par la maison de courtage CI Capital en juillet. « C’est pourquoi le groupe poursuit son plan d’investissement dans le domaine de l’énergie solaire en vue de l’intégrer à nos stations. Objectif: surmonter le problème des coupures de courant et le manque de mazout », assure Ahmad Essam, directeur exécutif de Vodafone Misr, au journal Al-Wafd.
Mais pour plusieurs experts, les opérateurs de portable ont cessé la modernisation et l’extension de leurs réseaux. Abdel-Rahmane Al-Sawi, expert de télécommunication, confirme à l’Hebdo que les coupures d’électricité ne sont qu’un facteur secondaire entraînant un service de mauvaise qualité. « La raison principale est que ces compagnies ne dépensent pas suffisamment d’argent pour moderniser leurs réseaux », explique-t-il en ajoutant que « depuis l’arrivée du troisième opérateur émirati Etisalat Misr sur le marché en 2006, les trois sociétés se disputent les clients alors que les réseaux ne supportent pas ce grand nombre de clients. Donc, la concurrence entre les trois opérateurs était sur les prix au lieu d’être sur la qualité du service proposé aux clients », renchérit Abdel-Rahmane Al-Sawi. Opinion partagée par Atef Yacoub, président de l’Organisme de protection du consommateur. Il se dit insatisfait du niveau du service. « J’ai demandé au régulateur NTRA d’obliger les 3 sociétés à fixer le prix de chaque communication en fonction du nombre de secondes et non pas de minutes. Le président de NTRA nous a promis d’étudier cette proposition », souligne Yaacoub, en expliquant que cela permettra de réduire les factures de portable en guise de compensation pour le mauvais service.
Pour sa part, Sara Chabayek, analyste du secteur des télécoms auprès de la société de courtage CI Capital, dévoile à l’Hebdo les sommes consacrées par les trois opérateurs à la modernisation des réseaux. Des sommes considérées comme insuffisantes pour améliorer la qualité du service en Egypte. Le groupe Vodafone a dépensé 1,4 milliard de L.E. au cours du premier semestre de cette année suivi par Mobinil (1,12 milliard de L.E.). « Nous dépensons annuellement 2 milliards de L.E. pour la modernisation des réseaux », d’après le président de Mobinil, Yves Gautier. Quant à l'opérateur Etisalat, il a dépensé 0,79 milliard de L.E. Mais les chiffres annuels prouvent le recul des dépenses sur les réseaux par Mobinil et une croissance très modeste pour les deux autres opérateurs. « Les trois opérateurs consacrent des sommes trop modestes à la modernisation des réseaux. Ces sommes ne conviennent ni au nombre de clients, ni à l’explosion du trafic Internet et de communication téléphonique », note Sara Chabayek. Mobinil a réduit les dépenses sur les réseaux de 5% en 2013 pour atteindre 1,83 milliard de L.E. cette année-là contre 1,98 milliard de L.E. l’année précédente. Les sommes dépensées par Mobinil restent inférieures à celles de Vodafone qui a augmenté ses dépenses sur les réseaux de 10% pour atteindre 2,29 milliards de L.E. en 2013 contre 2,086 milliards de L.E. l’année précédente. Le groupe émirati Etisalat a augmenté ses dépenses de 4,8%. Celles-ci se chiffrent à 2,38 milliards de L.E. en 2013 contre 2,27 milliards de L.E. l’année précédente. Selon les derniers chiffres publiés en juillet, le total des abonnés sur les trois réseaux est de 97,7 millions d’abonnés répartis sur les 3 compagnies Vodafone (41millions d’abonnés), Mobinil (33 millions d’abonnés) et enfin Etisalat (23,2 millions d’abonnés). Quant aux résultats financiers des trois opérateurs, Mobinil a été le premier perdant avec une augmentation de pertes de l’ordre de 22%, soit 326 millions de L.E. au cours du premier semestre de 2014, contre 268 millions de L.E. durant la même période de l’année dernière. Vodafone a réalisé un profit de 829 millions de L.E. au cours du premier semestre contre 1,45 milliard durant la même période de l’année précédente, soit une baisse de 12%. Enfin, Etisalat n’a pas révélé son profit cette année.
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