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Croissance économique : vers la reprise

Marwa Hussein, Mardi, 23 septembre 2014

L'économie égyptienne réalise des taux de croissance relativement élevés. Gouvernement et investisseurs espèrent voir plus d'amélioration. Mais la difficulté à mener des affaires dans le pays freine les élans.

Croissance économique

L’optimisme prudent des investisseurs

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Plusieurs secteurs, comme l'infrastructure, ont un grand potentiel de croissance.

Après 3 ans de ralentissement, l’économie égyptienne semble reprendre son souffle. Le ministre des Finances, Hani Qadri Dimyan, a annoncé une croissance de 3,5% pour le dernier trimestre de 2013/2014. Contre 2,1% le trimestre passé, et 1% au cours du même trimestre de l’année précédente. Les chiffres officiels n’ont pas été encore publiés, ni d’ailleurs les détails dévoilant les secteurs-moteurs de la croissance. La reprise est surtout attribuée à une stabilité politique relative comparée aux 9 premiers mois de l’année (juillet 2013-mars 2014) ayant suivi la destitution du président islamiste Mohamad Morsi. Le ministre avait prévu que le taux de croissance atteindrait 3,5 % l’année prochaine avant de croître graduellement à 5,7% en 2017/2018, alors que le chiffre était de 2,1% en 2012/2013. La croissance annuelle pour 2013/2014 reste toutefois de 1,65%.

La crème des investisseurs égyptiens réunis les 16 et 17 septembre lors de la conférence Euromoney se sont montrés plus rassurés que les autres sur l’avenir économique du pays. « Les attentes du gouvernement sont trop mesurées, elles pourraient être plus optimistes », affirme Mohamad Mohamad Taïmour, fondateur de la banque d’investissements EFG-Hermes, espérant voir l’économie se redresser plus franchement. « Tous les secteurs à fort potentiel de croissance dans une économie qui redémarre restent d’un niveau trop bas », ajoute-t-il. Il y a là le pétrole, les infrastructures, les transports, les services et différentes industries, sans oublier le tourisme. « Les opportunités d’investissements sont là, mais avec des manques d’investissements significatifs dans plusieurs domaines », dit, pour sa part, Waël Aburida, directeur général de PineBridge Investments Middle East, en énumérant les secteurs que sa société vise, comme l’agroalimentaire, la pharmaceutique, les soins médicaux, l’éducation, les infrastructures et les transports. « L’Egypte est une économie diversifiée, et ce n’est qu’un avantage », ont rappelé plusieurs participants à la conférence.

Mais après des années d’instabilité, de nombreux investisseurs étrangers restent méfiants avec un optimisme conditionné. Ils espèrent voir des modifications législatives, et même politiques, pour être rassurés. Ils insistent aussi sur une simplification des procédures et règlements gérant les affaires en Egypte. Un aspect qui semble se détériorer avec le temps. Dans le rapport Doing Business 2014 (Banque mondiale), le rang de l’Egypte régresse graduellement : elle est maintenant 128e sur 189 pays. Différents investisseurs étrangers et égyptiens estiment par ailleurs que si la volonté politique existe, la bureaucratie demeure bien trop lourde.

« L’Egypte ne facilite pas les choses »

Le gouvernement, pour sa part, insiste sur le fait qu’attirer des investissements privés, surtout étrangers, est le seul moyen de booster la croissance. Les ministres des Finances et de l’Investissement ont tous deux évoqué le Partenariat Public Privé (PPP) lors de la séance d’ouverture de la conférence, le 16 septembre. Achraf Salman, ministre de l’Investissement, a estimé que pour une économie en croissance selon les taux prévus par le gouvernement, l’Egypte a besoin d’investissements variant entre 260 et 336 milliards de L.E. (37 à 48 milliards de dollars) sur un an, alors que le gouvernement ne pourra fournir que 58 milliards de L.E. (environ 8 milliards de dollars). « Il y a une raison à des Investissements Etrangers Directs (IED), hors secteur pétrolier, en hausse dans les pays du Golfe: c’est parce qu’il est facile d’y mener des affaires si on est étranger. L’Egypte ne facilite pas les choses pour les étrangers », ajoute Agnus Blair, président de Signet Institute.

Richard Shediac, partenaire et directeur général du cabinet du conseil Middle East Strategy &, qui a élaboré une stratégie de réforme économique pour le gouvernement égyptien, estime que le seul moyen pour que les IED affluent en Egypte est que le secteur local privé démontre un dynamisme réel. « Cela signifierait qu’il croit en lui, ce qui encouragera les investisseurs étrangers ». Giuseppe de Beni, directeur général de Italgen (énergies renouvelables), donne en exemple la lenteur des procédures en Egypte, qui freine les élans. « Nous avons commencé des projets d’énergie éolienne dans 3 pays à la fois : l’Italie, le Maroc et l’Egypte. Nous avons commencé à produire en Italie et au Maroc il y a 3 ans, alors que la production ne commencera en Egypte que cette année ... », raconte-t-il. « Il faut changer de vitesse », conclut-il.

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