Le supérmarché Seoudi rouvre ses portes aux clients sous contrôle gouvernemental. (Photo : Nader Ossama)
Après trois jours de fermeture, la célèbre chaîne de supermarchés
Seoudi a rouvert ses portes aux clients. Mercredi, jour de réouverture à la filiale de Doqqi, les produits étaient dispersés sur le sol un peu partout dans le magasin. Et les employés s’attelaient à arranger et à nettoyer les produits en silence. Ils paraissaient calmes mais inquiets de l’avenir, après que le magasin eut été placé sous la gestion du gouvernement. «
Bien que le comité gouvernemental ait fait son travail au sein des magasins sans licencier les employés, les dégâts sont graves. Il paraît que le comité a coupé l’électricité des réfrigérateurs entraînant la perte des produits. Et ce n’est qu’un début », affirme à l’
Hebdo un employé préférant garder l’anonymat. «
J’ai passé des années à travailler dans le secteur privé. Aujourd’hui, il est difficile de travailler sous le contrôle du gouvernement », se méfie-t-il. Il fait partie des milliers d’employés opérant dans les 11 branches de cette chaîne, qui sont restés devant les portes pendant la période de fermeture, de peur d’être licenciés. Mais Mohamad Hassan, directeur du magasin, assure à l’
Hebdo qu’il a ouvert le supermarché sans problème et sans toucher aux employés. Il ajoute qu’il a détruit tous les produits abîmés avant de les livrer au comité de recensement. Quant au magasin
Zad, ses 25 succursales sont encore fermées. «
Nous sommes déjà dans la phase de recensement des produits dans les magasins. Ils seront ouverts dans deux jours », indique à l’
Hebdo Ayman Salem, de la Société holding des produits alimentaires.
Le 15 juin dernier, les autorités égyptiennes ont ordonné la saisie des deux chaînes de supermarchés Seoudi et Zad, appartenant respectivement à Abdel-Rahman Seoudi et Khaïrat Al-Chater, deux responsables de la confrérie des Frères musulmans, interdite et déclarée organisation terroriste en décembre dernier. La police a fermé, en application de cette décision, les supermarchés et a nommé un comité judiciaire chargé de recenser les produits et les fonds des magasins. « Nous exécutons un verdict judiciaire émis au mois de mars dernier portant sur ces deux sociétés appartenant aux Frères musulmans. D’après ce jugement, les deux sociétés doivent être placés sous la surveillance de la Société égyptienne pour le commerce du détail dépendant de la Société holding des produits alimentaires, chargée de la gestion financière et administrative des deux magasins », explique Wadie Hanna, président du comité de l’inventaire des fonds des Frères musulmans.
Le supermarché Seoudi, fondé en 1938, appartenant à l’homme d’affaires Abdel-Rahman Seoudi (fils de Abdel-Moneim Seoudi, un homme d’affaires connu du temps de Moubarak, choisi dans les années 1990 comme vice-président de la Fédération des industries). Il possédait outre cette chaîne de supermarchés, une usine d’automobile et des succursales de vente de la marque Suzuki, ainsi que des projets immobiliers. Son rôle au sein de la confrérie est méconnu. Alors que la chaîne Zad, créée en 2012 appartient à Khaïrat Al-Chater, numéro deux de la confrérie et riche homme d’affaires considéré comme le premier financier des Frères et leur éminence grise. Il a été arrêté après la destitution du président Mohamad Morsi. Emprisonné, il est jugé dans plusieurs affaires et risque la peine de mort.
Bien que les deux supermarchés vendent des produits alimentaires, chacun d’eux a une nature différente de l’autre. Seoudi offre une gamme de produits variés comme ceux proposés par les grands supermarchés tels que Metro, alors que Zad n’offre que des produits limités de qualité modeste et à bas prix. « C’est pourquoi Zad sera dirigé entièrement par la Société égyptienne pour le commerce de détail en vue d’améliorer les résultats financiers du supermarché. Ce dernier a réalisé des pertes de 20 millions de L.E. d’après le bilan financier publié le 31 décembre 2013 », explique à l’Hebdo Ayman Salem, responsable au sein de la Société holding pour les produits alimentaires. Et d’ajouter que la holding envisage de nommer 50 nouveaux employés dans les 25 succursales de Zad. « Il existe 400 employés actuellement au supermarché. Nous allons proposer de nouveaux types de produits dans les deux magasins à des prix semblables à ceux des associations de consommation gouvernementales en vue de répondre aux besoins des clients », renchérit Ayman Salem.
Cette politique de gestion n’est pas valable pour la chaîne Seoudi. « La gestion de Seoudi ne changera pas. Il y aura simplement des représentants de la société égyptienne pour surveiller les ventes et les achats », assure Ayman Salem en ajoutant que les recettes des deux supermarchés seront déposées dans un compte gelé au sein de la Banque Centrale d'Egypte (BCE). Garder Seoudi et Zad sous la supervision gouvernementale n’est que le début. « Le comité d’inventaire des fonds des Frères musulmans surveille à présent les actifs de 30 dirigeants des Frères musulmans et 12 associations soumises sous le contrôle des Frères, ainsi que 6 sociétés appartenant à la confrérie et qui opèrent dans le domaine de la production médiatique et de la constructions », note Ezzat Khamis, président du comité de recensement des fonds des Frères musulmans au journal Al-Shorouk.
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