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Distribution  : L’Etat prend les actifs des Frères en main

Gilane Magdi, Mardi, 24 juin 2014

Le gouvernement a placé les supermarchés Seoudi et Zad, propriétés de dirigeants de la confrérie des Frères musulmans, sous la gestion du ministère de l'Approvisionnement. Il assure que le personnel ne sera lésé.

Seoudi
Le supérmarché Seoudi rouvre ses portes aux clients sous contrôle gouvernemental. (Photo : Nader Ossama)

Après trois jours de fer­meture, la célèbre chaîne de supermarchés Seoudi a rouvert ses portes aux clients. Mercredi, jour de réouverture à la filiale de Doqqi, les produits étaient dispersés sur le sol un peu partout dans le magasin. Et les employés s’attelaient à arranger et à nettoyer les produits en silence. Ils paraissaient calmes mais inquiets de l’avenir, après que le magasin eut été placé sous la gestion du gouverne­ment. « Bien que le comité gouverne­mental ait fait son travail au sein des magasins sans licencier les employés, les dégâts sont graves. Il paraît que le comité a coupé l’électricité des réfri­gérateurs entraînant la perte des pro­duits. Et ce n’est qu’un début », affirme à l’Hebdo un employé préfé­rant garder l’anonymat. « J’ai passé des années à travailler dans le sec­teur privé. Aujourd’hui, il est difficile de travailler sous le contrôle du gou­vernement », se méfie-t-il. Il fait par­tie des milliers d’employés opérant dans les 11 branches de cette chaîne, qui sont restés devant les portes pen­dant la période de fermeture, de peur d’être licenciés. Mais Mohamad Hassan, directeur du magasin, assure à l’Hebdo qu’il a ouvert le supermar­ché sans problème et sans toucher aux employés. Il ajoute qu’il a détruit tous les produits abîmés avant de les livrer au comité de recensement. Quant au magasin Zad, ses 25 succursales sont encore fermées. « Nous sommes déjà dans la phase de recensement des produits dans les magasins. Ils seront ouverts dans deux jours », indique à l’Hebdo Ayman Salem, de la Société holding des produits alimentaires.

Le 15 juin dernier, les autorités égyptiennes ont ordonné la saisie des deux chaînes de supermarchés Seoudi et Zad, appartenant respecti­vement à Abdel-Rahman Seoudi et Khaïrat Al-Chater, deux respon­sables de la confrérie des Frères musulmans, interdite et déclarée organisation terroriste en décembre dernier. La police a fermé, en appli­cation de cette décision, les super­marchés et a nommé un comité judi­ciaire chargé de recenser les produits et les fonds des magasins. « Nous exécutons un verdict judiciaire émis au mois de mars dernier portant sur ces deux sociétés appartenant aux Frères musulmans. D’après ce juge­ment, les deux sociétés doivent être placés sous la surveillance de la Société égyptienne pour le com­merce du détail dépendant de la Société holding des produits alimen­taires, chargée de la gestion finan­cière et administrative des deux magasins », explique Wadie Hanna, président du comité de l’inventaire des fonds des Frères musulmans.

Le supermarché Seoudi, fondé en 1938, appartenant à l’homme d’af­faires Abdel-Rahman Seoudi (fils de Abdel-Moneim Seoudi, un homme d’affaires connu du temps de Moubarak, choisi dans les années 1990 comme vice-président de la Fédération des industries). Il possé­dait outre cette chaîne de supermar­chés, une usine d’automobile et des succursales de vente de la marque Suzuki, ainsi que des projets immo­biliers. Son rôle au sein de la confré­rie est méconnu. Alors que la chaîne Zad, créée en 2012 appartient à Khaïrat Al-Chater, numéro deux de la confrérie et riche homme d’af­faires considéré comme le premier financier des Frères et leur éminence grise. Il a été arrêté après la destitu­tion du président Mohamad Morsi. Emprisonné, il est jugé dans plu­sieurs affaires et risque la peine de mort.

Bien que les deux supermarchés vendent des produits alimentaires, chacun d’eux a une nature différente de l’autre. Seoudi offre une gamme de produits variés comme ceux pro­posés par les grands supermarchés tels que Metro, alors que Zad n’offre que des produits limités de qualité modeste et à bas prix. « C’est pour­quoi Zad sera dirigé entièrement par la Société égyptienne pour le com­merce de détail en vue d’améliorer les résultats financiers du supermar­ché. Ce dernier a réalisé des pertes de 20 millions de L.E. d’après le bilan financier publié le 31 décembre 2013 », explique à l’Hebdo Ayman Salem, responsable au sein de la Société holding pour les produits alimentaires. Et d’ajouter que la hol­ding envisage de nommer 50 nou­veaux employés dans les 25 succur­sales de Zad. « Il existe 400 employés actuellement au supermarché. Nous allons proposer de nouveaux types de produits dans les deux magasins à des prix semblables à ceux des asso­ciations de consommation gouverne­mentales en vue de répondre aux besoins des clients », renchérit Ayman Salem.

Cette politique de gestion n’est pas valable pour la chaîne Seoudi. « La gestion de Seoudi ne changera pas. Il y aura simplement des repré­sentants de la société égyptienne pour surveiller les ventes et les achats », assure Ayman Salem en ajoutant que les recettes des deux supermarchés seront déposées dans un compte gelé au sein de la Banque Centrale d'Egypte (BCE). Garder Seoudi et Zad sous la supervision gouvernementale n’est que le début. « Le comité d’inventaire des fonds des Frères musulmans surveille à présent les actifs de 30 dirigeants des Frères musulmans et 12 asso­ciations soumises sous le contrôle des Frères, ainsi que 6 sociétés appartenant à la confrérie et qui opèrent dans le domaine de la pro­duction médiatique et de la construc­tions », note Ezzat Khamis, prési­dent du comité de recensement des fonds des Frères musulmans au journal Al-Shorouk.

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