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Les effets inopportuns du séisme technologique

Salma Hussein , Jeudi, 23 janvier 2025

Selon le dernier rapport sur l’emploi publié par le Forum économique mondial, 6 employeurs sur 10 dans le monde s’attendent à une transformation drastique de leurs activités d’ici 2030 en raison de l’ouverture numérique.

Les emplois de demain dépendront de l’accès élargi à la technologie.
Les emplois de demain dépendront de l’accès élargi à la technologie. (Photo : David Degner/ GIZ)

 Dans les petits champs du Delta du Nil, il y aura un besoin que les paysans égyptiens intègrent l’intelligence artificielle pour traiter la dégradation du sol, lutter contre les parasites ou contrôler la quantité d’eau nécessaire à l’irrigation. Sinon, l’écart se creusera davantage entre les vastes terrains agricoles récemment bonifiés et les terrains traditionnellement cultivés. Cet écart se traduira, à son tour, par des inégalités au niveau des revenus. C’est ce genre de défis que signale la dernière édition du rapport « Le futur des emplois, 2024 », récemment publié par le Forum économique mondial.

Le rapport se base sur une enquête effectuée auprès de 1 000 employeurs, de 50 pays différents et travaillant dans 22 secteurs économiques. Ces employeurs recrutent en gros 1,4 million d’individus. Ils ont été interrogés sur leurs prévisions concernant les nouvelles tendances du marché du travail, ainsi que les tendances économiques qui affecteront, à leur tour, l’emploi dans les cinq prochaines années.

Malgré un recul de l’inflation sur le plan mondial, l’augmentation du coût de la vie reste un souci qui, pour la moitié des hommes d’affaires, aura un impact sur l’emploi dans les cinq années à venir. Le ralentissement économique persistant va provoquer le déplacement de 1,6 million d’opportunités de travail vers les pays à croissance élevée.

Mais la transformation la plus notable sera l’expansion de l’accès au numérique. Le résultat sera la disparition de plusieurs millions d’emplois et la création de beaucoup d’autres. En moyenne, les travailleurs peuvent s’attendre à ce que 40 % de leurs compétences deviennent obsolètes au cours des cinq prochaines années. En revanche, les compétences liées à la technologie, y inclus l’intelligence artificielle et les mégadonnées, ainsi que l’alphabétisation numérique, seront parmi les plus sollicitées au monde.

« L’enjeu est important d’autant qu’il y a un manque d’emplois pour les jeunes, notamment dans les pays en développement », avertit le rapport bisannuel, en indiquant que les jeunes souffrent d’un taux de chômage plus élevé dans ces pays que dans les économies avancées. En effet, selon la Banque mondiale, au cours des dix prochaines années, 1,2 milliard de jeunes dans les économies émergentes deviendront adultes en âge de travailler, alors que le marché du travail de ces économies ne pourra créer que 420 millions d’emplois supplémentaires, ce qui risque de laisser près de 800 millions de jeunes dans l’incertitude économique. Bref, les jeunes se trouvent pris entre deux challenges : le manque d’emplois et le manque de préparation à l’âge numérique.

 La formation et l’emploi : 11 perdants sur 100

Pour bien s’adapter au changement imposé par l’avancée numérique, la formation est un facteur-clé. Si la main-d’oeuvre mondiale était composée de 100 personnes, 59 d’entre elles auraient besoin d’être formées d’ici 2030. Sur ces 100 personnes, les employeurs estiment que 29 d’entre elles pourraient être mieux formées pour jouer leur rôle actuel et que 19 pourraient être redéployées ailleurs au sein de leur organisation. Cependant, 11 % de ces personnes ne bénéficieront pas d’une reconversion ou de l’amélioration de leurs compétences, ce qui compromet de plus en plus leurs perspectives d’emploi.

 Les emplois les plus demandés d’ici 2030

Le monde restera désormais dépendant des travailleurs agricoles, des chauffeurs-livreurs et d’autres travaux où les machines sont là pour aider les gens au lieu de les remplacer. Les agriculteurs sont en tête de liste des postes qui connaîtront la plus forte croissance au cours des cinq prochaines années. L’agriculture devrait créer 35 millions d’emplois supplémentaires d’ici 2030. La transition verte et les investissements accrus visant à réduire les émissions de carbone et à s’adapter au changement climatique sont les moteurs de cette croissance.

La livraison de marchandises et le transport figurent également parmi les activités qui connaîtront une forte croissance au cours des cinq prochaines années. Cette activité va créer plus de 10 millions d’emplois. En troisième place vient le développement des logiciels et des applications numériques, un domaine d’activité qui pourrait ajouter 10 millions de nouveaux emplois dans les cinq prochaines années.

Les travaux les plus boudés

Le rapport révèle que les victimes de la numérisation seront nombreuses et dans tous les secteurs économiques, même le secteur agricole.

En premier lieu, il y a les caissiers et les guichetiers qui verront leur activité baisser. Il est prévu que ces métiers perdent près de 15 millions d’emplois. Plus de 6 millions d’administratifs adjoints et de secrétaires pourraient également perdre leurs emplois d’ici 2030. Il en est de même pour près de 5 millions de concierges, de nettoyeurs et de femmes de ménage. Presque 5 millions d’emplois disparaîtront dans le domaine de la publication.

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