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Portables : Des mesures pour réglementer le marché

Gilane Magdi , Mercredi, 08 janvier 2025

L’application, début janvier, de tarifs douaniers sur les téléphones portables provenant de l’étranger suscite un vif débat. La décision vise à lutter contre la contrebande et à protéger l’industrie nationale. Explications.

Portables : Des mesures pour réglementer le marché
La capacité de production annuelle des portables s’élève à 11,5 millions d’unités en Egypte. (Photo : AFP)

« Ma fille attend avec impatience depuis deux mois un téléphone portable qu’une amie doit lui apporter des Emirats arabes unis. Avec l’annonce des nouveaux tarifs douaniers, je vais devoir payer 20 000 L.E. de douanes sur cet appareil, ce qui me sera difficile », se plaint Rania Fahmy, mère de famille qui critique la récente décision du gouvernement d’imposer des douanes aux téléphones portables provenant de l’étranger, décision qu’elle considère comme « choquante » pour beaucoup de familles égyptiennes. « Malheureusement, nous ne pourrons plus faire venir de l’étranger des téléphones portables à des prix inférieurs à ceux du marché local », ajoute-t-elle. Comme beaucoup d’Egyptiens, Rania est opposée à l’idée d’imposer des douanes de 38,5 % sur les portables provenant de l’étranger. « Cette taxe est appliquée à tous les téléphones portables entrant en Egypte à compter du mercredi 1er janvier 2025 et elle ne sera pas appliquée rétroactivement. Elle ne concerne pas donc les appareils actuellement activés, achetés sur le marché local ou à l’étranger », affirme un communiqué publié conjointement par les ministères des Télécommunications et des Finances début janvier. Le communiqué annonce le lancement d’une application électronique par les deux ministères sur laquelle les consommateurs sont appelés à enregistrer leurs appareils portables. En effet, l’application « Telephony » a été lancée le 31 décembre dernier par l’Autorité nationale de régulation des télécommunications (NTRA), affiliée au ministère des Télécommunications. Dès l’annonce de cette mesure, les Egyptiens se sont hâtés de télécharger la nouvelle application pour enregistrer leurs appareils et vérifier si la nouvelle taxe s’applique à eux. « Environ 2,5 millions de citoyens ont téléchargé l’application et environ 321 personnes sont entrées dans le pays avec des téléphones portables depuis l’application des nouvelles mesures. 305 ont été exonérées de douanes car leurs appareils étaient à usage personnel. Seules 16 personnes ont payé les douanes car elles avaient déjà un téléphone à usage personnel », a déclaré le président exécutif de la NTRA, Mohamed Shamroukh, lors d’une conférence de presse tenue au lendemain de l’application de la nouvelle décision.

Toute personne en provenance de l’étranger a droit à un téléphone portable à usage personnel exonéré de la taxe. Mais au-delà, elle doit payer la taxe de 38,5 %, faute de quoi l’appareil ne pourra pas être activé.

Mohamed Talaat, président du département de portables au sein de l’Union des Chambres de commerce, explique à l’Hebdo les modalités d’application de la taxe douanière pour les Egyptiens. « Les passagers qui sont entrés dans le pays avec deux portables auront un délai de trois mois pour enregistrer le deuxième portable et payer le montant de la taxe précisé par l’application Telephony. Sinon, le téléphone sera suspendu après les trois mois », explique-t-il. Et d’ajouter que le problème des portables à deux lignes sera réglé par la NTRA.

« Quant aux étrangers qui arrivent en Egypte et qui utilisent des lignes ou des cartes SIM étrangères, ils ne sont pas tenus d’enregistrer leurs appareils sur l’application », affirme pour sa part Mohamed Shamroukh. Il ajoute que les consommateurs n’auront désormais plus besoin de déclarer leurs téléphones nouvellement importés auprès de la douane, mais pourront le faire directement en ligne et payer les taxes requises via l’application Telephony.

Protéger l’industrie nationale

Les nouvelles mesures ont deux objectifs majeurs : lutter contre la contrebande et protéger l’industrie nationale. Selon le président de la NTRA, l’Etat souhaite protéger les fabricants et agents locaux de la contrebande, et fournir une voie légale au citoyen ou au commerçant qui souhaite importer des appareils de l’étranger. « 90 % des appareils qui ont été mis en service en 2023 et 2024 sont passés en contrebande, ce qui nuit à l’industrie égyptienne des portables », a-t-il déclaré, ajoutant que les commerçants ont activé environ 1,2 million d’appareils avant l’application du nouveau système, dont environ 492 000 iPhone et 725 000 Samsung, pour contourner les nouvelles mesures. Celles-ci visent à mieux régir et à légaliser l’entrée des téléphones portables en Egypte. « De même, plusieurs plaintes ont été déposées la semaine dernière auprès du Parquet général contre des entreprises en raison de la contrebande de téléphones », affirme Shamroukh.

Quant au deuxième objectif, il s’agit notamment d’encourager et de localiser l’industrie des téléphones portables en Egypte au profit des citoyens et des investisseurs. Dans ce contexte, Mohamed Talaat insiste sur l’importance d’imposer des douanes aux téléphones provenant de l’étranger pour encourager l’industrie locale des portables. « Nous avons cinq fabricants de téléphones mobiles, il s’agit d’entreprises mondiales qui ont construit des usines et qui possèdent de grands investissements en Egypte », note-t-il.

Selon le communiqué de presse publié par le ministère des Télécommunications sur son site électronique en août dernier, le ministre Amr Talaat a annoncé que la capacité de production annuelle de téléphones portables s’élève en Egypte à 11,5 millions d’unités. Selon le ministre, deux sociétés internationales ont lancé deux usines en 2022. La première est Samsung qui a installé une usine à Béni-Soueif, au sud de l’Egypte, d’une capacité de production de 2 millions de téléphones annuellement et des investissements de 20 millions de dollars. L’autre société est le fabricant chinois Vivo qui a construit une usine à la ville du 10 du Ramadan d’une capacité de production de 2 millions d’unités et des investissements de 20 millions de dollars. Le communiqué mentionne aussi les noms des quatre autres fabricants opérant en Egypte. Il s’agit du chinois Xiaomi (qui a lancé 4 modèles de téléphones mobiles sous le nom de Redmi), Nokia, Infinix et Micromax d’une capacité de production totale de 7,5 millions d’unités.

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