Le gouvernement cherche à réduire le temps de dédouanement de 14 à 2 jours. Déjà quelques ports l’ont réduit à 8 jours.
Le ministère de l’Investissement, qui avait été annulé il y a quelques années, a été rétabli en juillet dernier et rattaché à un autre portefeuille ministériel, celui du Commerce extérieur. « C’est ce qui explique le retard de cette conférence de presse. Nous avons pris du temps pour nous organiser », a expliqué le ministre de l’Investissement et du Commerce extérieur, Hassan El-Khatib, au début de sa première rencontre avec les médias. « Nous avons fait appel aux anciens cadres du ministère qui faisaient partie de l’Organisme de l’investissement (GAFI). Nous avons également besoin de travailler sur la séparation du ministère du Commerce extérieur de celui de l’Industrie, rattachés auparavant », a précisé le ministre. Après sa nomination en juillet, El-Khatib a multiplié les rencontres avec les investisseurs et s’est employé à écouter les points de vue des différents secteurs des affaires.
Il a rencontré les différents groupes d’hommes d’affaires. « Le milieu des affaires veut connaître le rôle du ministère de l’Investissement, il nous considère comme sa voix. Au cours de la dernière période, il était important d’écouter les secteurs d’affaires. J’ai rencontré plus de 350 investisseurs pendant cette période. Il était aussi important durant cette période d’identifier les défis et les opportunités », a dit le ministre. Il a souligné que l’Egypte passe par une phase transitoire importante. « Pendant les dix dernières années, l’Etat a conduit le processus de développement économique. L’intervention de l’Etat (dans l’économie) était nécessaire après la Révolution de 2011, puis celle de 2013. L’Etat devait investir dans les infrastructures qui avaient besoin de développement. Il a construit 7000 kilomètres de routes, de nouvelles villes, de ports, entre autres utilités nécessaires. Il faut maintenant profiter de ces infrastructures et rendre l’environnement des affaires propice au secteur privé pour diriger le processus de développement. C’est l’objectif du gouvernement et du groupe ministériel économique », a assuré le ministre.
Assouplissements fiscaux
El-Khatib a expliqué que les investisseurs veulent des politiques économiques claires sur le long terme. « L’important est que les politiques monétaires, fiscales et commerciales soient claires, ainsi que le rôle de l’Etat dans l’économie », a assuré Hassan El-Khatib, affirmant que les investisseurs ont besoin de connaître le montant des taxes qu’ils vont payer sur le long terme. « Les investisseurs se plaignent de l’augmentation des taxes sur les entreprises », a dit le ministre. La taxe de 22,5 % imposée aux entreprises en Egypte est compétitive, selon le ministre. Le ministère de l’Investissement, en coopération avec celui des Finances, étudie la révision de certaines taxes comme la taxe santé destinée à financer l’assurance médicale universelle, que le gouvernement est en train de mettre en place, et celle sur la formation. La première est fixée à 0,25 % des ventes, les entreprises doivent la payer même si elles subissent des pertes. « Cela va à l’encontre des normes qui veulent que les taxes soient imposées sur les bénéfices nets. Si la marge de profit d’une entreprise est très basse, cette taxe représentera une partie importante de ses bénéfices nets », a expliqué El-Khatib, affirmant que le gouvernement étudie la juste proportion selon laquelle cette taxe doit être calculée afin de garantir le succès du système d’assurance médicale universelle sans affecter l’investissement.
Le gouvernement est en train de réviser également l’impôt sur la formation fixé à 1 % des bénéfices des entreprises. « Nous cherchons à réduire le fardeau qui pèse sur les entreprises pour qu’elles puissent opérer dans ce contexte de hausse des taux d’intérêt. La réforme fiscale en 2004, lancée par l’ancien ministre des Finances Youssef Boutros-Ghali, a réduit les impôts de 41 % à 20 % », a expliqué El-Khatib. Selon lui, cette situation a permis d’accroître les recettes fiscales qui sont passées de 67 milliards à 137 milliards de L.E. en quatre ans. Le ministre veut réduire le nombre d’établissements qui réclament des taxes et des frais aux entreprises. « Il faut qu’une seule entité, normalement le ministère des Finances, soit en charge de la collecte des taxes et des frais, peut-être aussi l’Organisme du développement industriel et l’Organisme de l’investissement, et c’est tout », a affirmé El-Khatib. Le ministère de l’Investissement s’est adressé aux différents organismes étatiques pour connaître le montant des taxes et des frais qu’ils réclament aux entreprises. « Le ministre des Finances cherche à rendre la politique fiscale claire et transparente et à arriver à des chiffres clairs sur la totalité des taxes imposées aux investisseurs », a ajouté le ministre.
Accélérer les dédouanements
Le dossier du commerce extérieur est d’une grande importance pour le nouveau ministre, notamment les exportations. « Les entreprises qui cherchent à s’installer en Egypte se renseignent d’abord sur l’efficacité du système commercial. Nous voulons améliorer la compétitivité de l’Egypte », a déclaré El-Khatib, soulignant que le facteur le plus important est de réduire le temps nécessaire aux dédouanements des produits importés et exportés. « En moyenne, il faut 14 jours en Egypte, c’est très long par rapport aux autres pays. J’ai récemment visité le port de Marseille et j’ai demandé à la responsable qui m’accompagnait combien de temps il fallait pour le dédouanement, elle n’a pas compris ce que je disais car là-bas cela prend 3 minutes. Là j’ai réalisé que nous sommes très en retard. Dans la plupart des pays, le dédouanement prend quelques heures ou une journée », a raconté le ministre. Et d’ajouter : « J’ai demandé de réduire les délais de dédouanement à deux jours seulement. Il y a quelques semaines, un rapport a révélé que le temps nécessaire au dédouanement des marchandises a été réduit à 8 jours dans 3 ports, ce qui représente un grand progrès. Nous avons trouvé que les douanes ne travaillent pas les week-ends et les jours fériés. Les hommes d’affaires se plaignent que les douanes ne fonctionnent pas pendant 9 jours complets durant les fêtes des petit et grand Baïram. Cette longue durée augmente les dépenses en dollars et par la suite les prix pour les consommateurs. Il y avait 123 jours fériés au cours de l’année passée dans les ports douaniers et l’année d’avant, 119 jours. Nous nous sommes rendu compte que la journée de travail se termine à 15h. Nous avons alors prolongé la durée de travail de trois heures. Le travail dans les ports douaniers sera de sept jours par semaine jusqu’à 18h. Il faut savoir que chaque jour férié nous coûte 150 millions de dollars ».
Augmenter les exportations
« Nous voulons aussi payer les arriérés de paiement dus aux entreprises dans le cadre du programme de soutien aux exportations. Nous ne pouvons pas augmenter le budget, mais nous allons faire des déductions d’impôts », a assuré le ministre. Le ministère est en train de voir quels sont les secteurs qu’il faut soutenir : « Nous allons mener des discussions avec le secteur privé pour mettre en place une politique claire ».
L’autre dossier important en ce qui concerne le commerce extérieur est de voir comment mettre à profit les accords de commerce avec 73 pays pour réduire le déficit commercial avec certains pays. Le ministre a noté que le gouvernement travaille en vue d’augmenter les exportations, de 35 milliards de dollars par an à 100 milliards, voire plus. « Au début, je pensais que ces chiffres sont excessivement optimistes, mais je me suis rendu compte qu’ils peuvent être réalisés. Les exportations égyptiennes représentent 10% du Produit National Brut (PNB), alors qu’elles représentent 30% au Maroc et 80% au Vietnam. Notre priorité est d’accroître les exportations et de localiser les industries dans le but d’exporter », a dit le ministre, soulignant qu’une vingtaine d’enquêtes sont en cours sur des cas de dumping, contre seulement 4 l’année dernière.
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