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Vers une meilleure gestion de la dette extérieure

Amani Gamal El Din , Jeudi, 07 novembre 2024

Le cabinet ministériel a approuvé la reconstitution du comité de gestion de la dette externe et de régulation de l’emprunt. Objectif : protéger le pays sur le long terme dans un contexte régional difficile. Explications.

Vers une meilleure gestion de la dette extérieure
Le comité sera chargé de trouver des solutions pour combler le déficit de financement en devises.

Le gouvernement est plus que jamais déterminé à restructurer sa dette externe. Le cabinet ministériel a approuvé cette semaine un projet de loi visant à reconstituer le comité de gestion de la dette extérieure. Selon le cabinet ministériel, le comité sera présidé par le premier ministre et sera composé du gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), des ministres de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale, des Finances et de l’Investissement et du commerce extérieur. Le comité comprendra également un délégué des renseignements et un autre de l’Organisme de contrôle administratif. « Le comité est chargé de gérer le dossier de la dette extérieure de manière efficace. L’endettement extérieur annuel sera plafonné et il ne sera pas permis de dépasser le plafond, sauf en cas de besoin urgent et avec l’approbation du Conseil des ministres », lit-on dans un communiqué du cabinet ministériel.

Le président de la commission de la planification et du budget au Conseil des députés, Fakhry Al-Feqqi, explique à l’Hebdo que la reconstitution du comité a été faite en vertu de la loi sur les finances publiques qui vient d’entrer en vigueur et qui fixe un plafond à la dette publique intérieure et extérieure, qu’il ne sera pas permis de dépasser sauf dans les circonstances exceptionnelles. « Par exemple, l’ex-ministre des Finances, Mohamed Maeit, avait demandé des allocations supplémentaires après le dernier flottement, car le déficit du budget s’était élargi à 320 milliards de L.E. Nous avons approuvé cette demande, mais sans recourir à l’emprunt, car la trésorerie pouvait couvrir le déficit. A l’époque, 12 milliards de dollars venaient d’être injectés dans l’économie à travers le projet de Ras Al-Hikma », ajoute-t-il.

Le comité sera chargé de la dette extérieure qui est plus volumineuse. « Nous devons des sommes aux institutions financières mondiales et aux partenaires internationaux, et si nous retardons le remboursement, la note de crédit de l’Egypte sera affectée, ainsi que le statut financier du pays », explique Al-Feqqi.

Le gouvernement a la ferme intention de mettre la dette de l’Egypte sur une trajectoire descendante. Celle-ci est passée de 95,8 % du PIB à 89 % en 2024. Elle est censée atteindre 85 % et 81 % du PIB en 2025 et 2026.

Haytham Fahmy, chef du département de la recherche auprès de la banque d’investissement Prime, affirme que l’objectif principal est de protéger le pays sur le long terme dans un contexte régional difficile. Il est question de plafonner le ratio dette/PIB pour garantir qu’en cas de secousses économiques ou géopolitiques, l’Egypte puisse continuer sur la bonne voie. « Il s’agit d’éviter les dangers en cas de volatilité des marchés mondiaux ou d’instabilités régionales pouvant affecter l’économie, comme les pénuries de devises », affirme-t-il.

Une gouvernance rigoureuse

Le comité sera également chargé de discuter des solutions visant à combler le déficit de financement en devises et de mettre en place un système de gouvernance rigoureux. Le gouvernement a mis certaines conditions pour recourir à l’emprunt (voir encadré).

Selon Al-Feqqi, pour mieux gérer la dette, le comité a demandé au ministère de la Planification et du Développement économique de réviser les demandes d’emprunt et de voir si les revenus peuvent couvrir les emprunts dans les délais temporels suggérés. « Ce ministère mettra en place le plan des investissements publics selon les besoins de l’Etat. Il mettra en place une liste de priorités et la présentera au comité qui approuvera ou non les demandes d’emprunt ; il déterminera les sources de financement en fonction des priorités stratégiques », dit-il.

Un autre élément important nécessaire à la bonne gouvernance est la durabilité financière évoquée par le gouvernement. « Ceci signifie le fait de chercher des alternatives de financement plus flexibles comme les prêts concessionnels. Ceux-ci peuvent être fournis par des partenaires internationaux ou des banques comme la Nouvelle Banque de développement, ainsi que les institutions financières arabes », affirme le député. Et d’ajouter : « Nous pouvons par exemple tirer profit de notre adhésion aux BRICS qui essayent de mettre fin à l’hégémonie du dollar et qui permettent les échanges et les emprunts en monnaies locales pour les pays membres ».

Fahmy met l’accent sur une alternative importante recherchée par le gouvernement loin de l’emprunt, celle d’élargir la coopération avec les partenaires locaux ou internationaux. Il s’agit d’agrandir le capital en introduisant de nouveaux partenaires. « Le gouvernement est en train de rechercher des alternatives à l’endettement à travers l’introduction de nouveaux partenaires. Récemment, le ministère des Finances a mis en place des régulations pour les contrats de Partenariats Public-Privé (PPP) », reprend-t-il. Selon lui, les partenariats garantissent plus de sécurité financière et évitent les risques. Le dernier élément de la bonne gouvernance est le processus de suivi et d’évaluation sur lequel le gouvernement a beaucoup insisté.

 Les procédures exigées en cas d’emprunt

— Les ministères, agences et autres organismes publics souhaitant obtenir un financement pour n’importe quel projet doivent en informer le ministère de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale avant de le proposer au cabinet ou à la présidence.

— Il n’est pas permis de signer des contrats avec des entreprises locales ou étrangères pour lancer des projets nécessitant un composant étranger avant d’obtenir l’approbation du comité et de présenter une étude de faisabilité, ainsi qu’une preuve de la capacité de la partie concernée à rembourser le prêt.

— Les emprunts doivent se limiter au financement du composant étranger qui n’est pas disponible localement, sauf dans certains cas nécessaires et approuvés par le comité. La priorité doit être donnée au financement des besoins stratégiques.

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