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Le Caire-Riyad : Un partenariat stratégique en perspective

Amani Gamal El Din , Mercredi, 23 octobre 2024

Lors d’une visite du prince héritier Mohammed bin Salman, l’Egypte et l’Arabie saoudite ont signé un accord pour la promotion et la protection des investissements.

Le Caire-Riyad : Un partenariat stratégique en perspective

L’Egypte et l’Arabie saoudite se sont entendues sur un large partenariat économique et commercial, visant à réaliser la complémentarité. Les deux pays ont tenu à renforcer leurs relations bilatérales, à l’heure où les tensions régionales exercent une pression sur les économies. Selon le communiqué de la présidence égyptienne, un accord « de promotion et de protection des investissements mutuels » a été conclu entre le président Abdel Fattah Al-Sissi et le prince héritier Mohammed bin Salman, cet accord permettra d’acheminer des investissements d’un montant de 15 milliards de dollars sur le marché égyptien. En vertu de l’accord, un conseil suprême de coordination sera créé et coprésidé par les deux dirigeants. Le chef du Conseil saoudo-égyptien des affaires, Bandar bin Muhammad Al-Amri, a déclaré à Al-Arabiya Business que ces deux accords ont été précédés par des études minutieuses effectuées sur les deux marchés.

Plusieurs mesures ont été récemment prises pour renforcer les liens économiques entre les deux pays dans l’objectif d’un partenariat stratégique. En septembre 2024, le prince héritier a annoncé « un investissement de 5 milliards de dollars injectés en Egypte par le Fonds d’investissement public saoudien, symbolisant la première phase d’une initiative qui sera plus tard matérialisée par une large coopération économique ». Ainsi, le commerce entre l’Arabie saoudite et l’Egypte a augmenté de 41 % au premier semestre de 2024, atteignant près de 8 milliards de dollars. Cette étape a été suivie de navettes de nature économique entre les conseils d’affaires conjoints, ainsi que d’une intensification des visites officielles des délégations commerciales et d’investissements, sans oublier la tenue d’événements commerciaux pour promouvoir les investissements.

Réciprocité

L’accord, qui représente la deuxième phase de l’initiative saoudienne, met l’accent sur la réciprocité des intérêts des deux Etats signataires au niveau de toutes ses clauses. Hussein Suleiman, analyste des économies régionales auprès du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, estime que « l’accord assure un traitement égal des investissements des deux côtés signataires. Il les protège en cas de litiges, d’urgence, de révoltes, de guerres ou encore de crises. Il sauvegarde le droit des deux pays à transférer les rendements des investissements à leurs pays d’origine sans délai ». Il ajoute que les investissements des deux Etats ne devraient jamais être sujets à confiscation ou à nationalisation. En outre, en cas de litiges, les investisseurs auront un accès facilité aux instances pour les trancher et pourront choisir parmi plusieurs options. Selon Suleiman, « le terrain se prépare à un flux énorme d’investissements dans un délai court, que ce soit pour le projet de Ras Banas ou d’autres, qui seront injectés tant en Egypte qu’en Arabie saoudite ».

Mohamed Shadi, macro-analyste auprès du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, avance que l’accord est une mesure procédurale importante au niveau des accords économiques et commerciaux, surtout bilatéraux : « Les clauses des accords de protection sont standardisées et conçues par l’Organisation mondiale du commerce ou encore par la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). N’importe quel investissement nécessite des garanties pour réguler l’entrée et la sortie des capitaux. Nous avons des accords similaires avec la Chine, l’Union européenne et la Russie, et tous ont des copies conformes ».

Une coopération multisectorielle

Suleiman précise que les investissements peuvent prendre la forme de partenariats publics-privés, privés-privés ou encore de fonds souverains respectifs, qui travaillent généralement avec les secteurs privés. Le communiqué de presse de la présidence égyptienne a indiqué que l’accord « de promotion et de protection des investissements mutuels » est une plateforme touchant à plusieurs secteurs. L’objectif est non seulement d’élargir les horizons des investissements, mais aussi de bénéficier des opportunités à la lumière de la vision du Royaume 2030 et de la vision de l’Egypte 2030.

Les domaines d’activités visant à réaliser la complémentarité économique ont été cités par le communiqué de presse présidentiel, à commencer par les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la rationalisation de la consommation dans les secteurs du bâtiment, des transports et de l’industrie. Le communiqué a mentionné que les deux dirigeants avaient discuté des moyens de coopération dans le domaine de l’hydrogène propre, en développant des technologies liées au transport et au stockage de l’hydrogène, et en échangeant expertise et expériences pour appliquer les meilleures pratiques dans les projets d’hydrogène propre. « Les deux parties ont également exprimé un intérêt pour une future coopération dans l’innovation et les technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle dans le secteur de l’énergie, contribuant à identifier les produits et services prioritaires dans le domaine des composants énergétiques et en travaillant à leur localisation pour augmenter le produit intérieur brut », lit-on.

Mohamed Shadi explique que les deux parties, en vertu de l’accord, peuvent tirer profit des expériences de l’une et de l’autre. Les investissements seront concentrés dans des secteurs où l’administration égyptienne a besoin d’impulsion. L’Egypte peut, par exemple, profiter de l’expertise saoudienne dans la sécurité alimentaire, où elle n’a commencé que le premier maillon de la chaîne, qui est l’agriculture ou les serres. « Mais elle rencontre des difficultés dans les autres maillons, comme les phases d’industrialisation et de transformation alimentaire. Il s’agit d’industries à faible valeur ajoutée et à forte intensité de main-d’oeuvre, et elles ont donc besoin d’investissements colossaux pouvant être garantis par ce type de partenariats », conclut-il.

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