La hausse des prix du butane va de 33 à 50 %.
Les prix des bonbonnes de gaz butane à usage domestique et commercial ont augmenté cette semaine. Une hausse est comprise entre 33 et 50%. La bonbonne de gaz domestique coûte désormais 150 L.E. et celle à usage commercial 200 L.E. contre 100 et 150 L.E. respectivement.
En outre, le prix de la tonne de mazout fourni aux centrales électriques a également augmenté de 160%, passant de 2500 à 6500 L.E. Par contre, le prix pour les usines est resté inchangé après la dernière hausse en juillet.
Le gouvernement a dû accélérer ces hausses, non seulement parce qu’il s’est engagé à lever totalement les subventions à l’énergie d’ici fin 2025 dans le cadre de l’accord conclu avec le Fonds Monétaire International (FMI) visant à augmenter son programme de prêt à 8 milliards de dollars. Mais surtout parce que la facture d’importation du gaz naturel, du carburant et des produits pétroliers a augmenté. Selon les sources officielles, l’Egypte a importé plusieurs cargaisons de carburant d’un coût d’environ 9,3 milliards de dollars au cours des huit premiers mois de 2024, contre 8,3 milliards de dollars au cours de la même période de 2023, soit une croissance de 12%. En outre, selon le ministère du Pétrole, l’Egypte a conclu durant le seul mois de juin des contrats d’importation de mazout et de gaz naturel qui ont coûté 1,18 milliard de dollars afin de mettre fin au délestage électrique mis en place en juillet 2023. Les importations de produits pétroliers ont coûté 1,35 milliard de dollars en août dernier, contre 945 millions de dollars en août 2023.
En mars, le gouvernement avait augmenté les prix des bonbonnes de butane domestique de 33% et celui du mazout pour la plupart des industries de 13,3% la tonne en juillet. Les prix du carburant automobile ont également augmenté de 11 à 15 % en juillet.
« La hausse des prix mondiaux a été une autre cause qui a amené le gouvernement à accélérer l’augmentation des prix du butane pour alléger les pressions sur le budget de l’Etat », affirme Hicham Hamdi, macro-analyste auprès de la banque d’investissement Al-Naeem Holding. Et d’ajouter : « En dépit de cette hausse, le butane continue d’être fortement subventionné par l’Etat. Sans subvention, le prix de la bonbonne domestique serait de 300 L.E., alors que celle destinée à l’usage commercial vaudrait 450 L.E. ».
Le site d’informations économiques Enterprise indique que la hausse des prix des bonbonnes devrait économiser 27 milliards de L.E. annuellement au budget de l’Etat. Alors que la hausse du mazout permettra de faire des économies de 3 milliards de L.E. mensuellement, selon le ministère du Pétrole.
Selon Hamdi, ces hausses successives n’auront qu’un très léger impact sur l’inflation. Le secteur qui sera le plus affecté est celui de l’hôtellerie et de la restauration qui utilisent encore les bonbonnes à 70%. Il faut dire, explique-t-il, que les déclarations gouvernementales sur la levée des subventions ont amené les producteurs et les industriels à anticiper les hausses prévues dans leurs budgets.
« L’impact sera indirect et se rapportera à l’effet psychologique que peuvent entraîner les hausses successives de ces deux derniers mois pour les consommateurs et le marché », explique Hamdi.
Hafez El Salmawy, expert en énergie, analyse la situation d’un angle différent et dit que l’Egypte est importatrice nette de butane et de mazout. Il est normal donc qu’ils soient impactés par les taux de change et constituent un facteur de pression sur le budget de l’Etat.
« Cependant, l’impact de la hausse des prix des bonbonnes sera minime parce que l’usage du gaz naturel dans les foyers est devenu plus courant. Nous avons 12 millions de domiciles travaillant à l’aide du gaz naturel. Selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), l’Egypte compte 19 millions d’unités de logement. Ce qui veut dire que les deux tiers des logements utilisent le gaz naturel. La hausse du mazout dans les centrales électriques n’aura quasiment pas d’effet parce qu’il a été anticipé par la hausse des tarifs de l’électricité d’il y a trois semaines », affirme l’expert.
Restructurer les subventions
El Salmawy explique que le gouvernement s’apprête à présent à restructurer les subventions au profit des plus nécessiteux. Si l’impact de la hausse des prix sur l’inflation est minime, il affectera cette fois-ci plus directement les citoyens ordinaires que les activités économiques.
Le dilemme, selon El Salmawy, est que ce sont les activités économiques qui génèrent une valeur ajoutée. « Pour régler ce problème, il faut accorder plus d’importance aux modèles MEGC (Modèle d’Equilibre Général Calculable). Ces modèles mesurent l’impact social des déséquilibres qui peuvent découler des décisions économiques importantes, comme la restructuration des subventions », analyse l’expert. Il affirme que ces modèles ne sont pas uniquement conçus par des experts énergétiques mais également par des économistes. Les MEGC étudient par exemple l’impact des changements d’un certain nombre d’éléments de l’économie sur d’autres éléments qui y sont liés. Comme l’impact de la dévaluation sur les activités économiques et le déficit de la balance commerciale.
« Il existe une unité au sein du ministère de la Planification qui est chargée de faire ce genre d’études. Nous sommes entrés en contact avec cette unité avant de changer les tarifs de l’électricité et de l’énergie », conclut-il.
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