Atter Hannoura, président de l'organe central de gestion des Partenariats Public-privé (PPP)
Al-ahram hebdo : Le ministre des Finances a annoncé lelancement d’une nouvellegamme de PPP pour l’annéeprochaine. Quels sont les critères surlesquels se base le choix de ces projets ?
Atter Hannoura : Notre structure nes’occupe ni du choix des projets ni de leurplanification. Ce sont les appareils administratifsqui nous proposent les projets,et nous nous chargeons de leur exécution après approbation par le haut comité departenariat. Selon la loi, ce comité, présidé par le premier ministre et composé de 6 membres permanents et du président de l’organe central, s’occupe d’étudier et de choisir les projets. J’ai réclamé, à l’issue de la réunion du comité tenue le 14 février 2012 — qui était la première réunion depuis la révolution — que ces projets soient soumis au ministère de la Planification, afin de s’assurer qu’ils s’insèrent dans le plan global du gouvernement. notre objectif est de développer certaines zones grâce aux projets PPP plutôt que de mettre en place des projets ordonnés par les responsables politiques sans plan précis. Le projet de création de 300 écoles lancé pendant la dernière phase de l’ancien régime est l’exemple à ne pas suivre par excellence. Il y avait de fortes pressions politiques pour que ce projet aboutisse malgré la hausse des coûts qui a finalement conduit à son échec.
— L’absence de projets concernant l’eau et le drainage est remarquable. Comment justifiez-vous cela ?
— Cette absence s’explique par les décisions de l’ancien ministre du Logement et des Infrastructures, Mohamad Al-Bardaï, qui ne voulait se concentrer que sur la crise du logement, négligeant totalement la question des infrastructures. Aujourd’hui, un ministère indépendant dédié aux infrastructures a été créé. Les projets relatifs auront donc plus de chance d’être pris en considération et examinés. Le nouveau ministre, Mohamad Bahaaeddine, a ainsi déjà annoncé le relancement du projet de station de drainage sanitaire à Abou-Rawash, ainsi qu’un certain nombre d’autres projets.
— Après la révolution, l’investissement a subi un coup d’arrêt. Qu’en a-t-il été des projets PPP ?
— Après la révolution, de nombreuses voix se sont élevées contre les PPP, disant qu’ils n’avaient aucun avenir en Egypte. C’est pourquoinous avons tenu à accélérer la cadence delancement des nouveaux projets tout en complétantles anciens. Nous avons contacté lessociétés candidates suite à la révolution. Et95 % de ces sociétés nous ont assuré qu’ellesne se retireraient pas des projets, mais demandaientun délai de 3 mois pour reformulerleurs offres.Lors de ma nomination en mai 2011, j’aidécidé de prolonger ce délai à 6 mois, car il yavait des risques majeurs, tels une possibledévaluation de la livre et l’instabilité politique.Ajoutons à cela que les banques ontpratiquement arrêté de prêter en 2011, àcause de l’accroissement des risquesfinanciers dû à la situation économiqueglobale du pays suite à la révolution.Elles ont en outre cessé le suivi précis deces risques, incluant le calcul précis durisque-inflation (outils d’évaluation durisque financier connus sous le nom dehedging tools). Or, les banques, ellesmêmes,nous ont contacté en septembre2011, pour nous demander de reprendrenos activités. En effet, 2 millions d’employésont été mis au chômage technique: de ceux travaillant dans les étudesde projets ou du calcul du risque auxouvriers en bâtiment.En avril 2012, nous avons signé 2contrats pour 2 maternités dépendant del’Université d’Alexandrie. Dès la signaturede ces 2 contrats, nous avons reçudes demandes multiples de différentscorps administratifs, telle l’Université deAïn-Chams, pour la création d’hôpitaux.J’ai ensuite insisté pour que se tienne, auCaire, la première conférence sur lesPPP, nommée MENA Project Finance, enprésence des représentants de la BanqueMondiale et du FMI. Notre objectif étaitd’adresser un signal clair aux investisseursétrangers que l’Egypte est un pays attractif enterme d’investissements et qui offre de nombreusesopportunités.
— Est-ce que vous entendez accorderplus de facilités aux investisseurs étrangers,afin de les inciter à investir dans les PPP ?
— La seule chose qui inquiète vraiment uninvestisseur est l’incapacité de l’appareiladministratif à payer la valeur du service proposédès la fin de la phase de création duprojet et au début de son fonctionnement. Cemontant est normalement remboursé tous lestrimestres. Pour éliminer ce risque, le gouvernementa donné la garantie que le ministèredes Finances paiera la valeur du service en casde défaillance de l’appareil administratif.
— Certaines clauses de la loi sur les PPPdevaient être discutées au Parlement avantsa dissolution. Quel était le contenu de cesamendements ?
— C’est notre section des PPP au sein duministère des Finances qui réclamait cesamendements, et ce pour 2 raisons principales: tout d’abord, nous voulions garantirplus de transparence. Ensuite, nous voulionséliminer certaines clauses qui avait été imposéesdurant la période Moubarak. A titred’exemple, la loi exige du consortium quiemporte un contrat PPP de créer une société,dite société de projet, qui est chargée de l’exécutiondu projet et ne peut en aucun cas participerà d’autres projets. Cette clause a étéchangée sans discussion en 2010, par le comitédu budget au sein du Parlement, afin d’autoriserla participation de ces sociétés à plusieurs projets.
Pour l’instant et dans un souci de transparence,j’ai obligé le consortium Bereq (composéde la société allemande Siemens et de lasociété anglaise G4S), qui a emporté les 2contrats des hôpitaux de l’Université d’Alexandrie,à conclure chaque contrat à part : celapermet de suivre le fonctionnement de chaqueprojet indépendamment de l’autre. Mais àterme pour assurer une réelle transparence desuivi et d’exécution, il faudra revenir à la versioninitiale de la loi, qui interdisait à chaquesociété de participer à plus d’un projet.
Autre exemple, la loi définit le secteur privécomme étant une entité égyptienne ou étrangèredans laquelle la part des fonds publics estinférieure à 20 %, ce qui permet de les soustraireau contrôle, et à l’éventuelle emprise del’organisme gouvernemental de contrôle descomptes. Nous réclamons l’augmentation decette part à 25 ou 30 %. En effet, dans la pratique,la part des entreprises publiques à cesprojets ne dépasse pas les 7 %, parce que,travaillant pour le secteur public, elles ont unproblème chronique de liquidités. Donc ceplafond de 20 % n’est pas nécessaire etempêche, par ailleurs, certaines entreprisesd’investir dans les PPP.
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