L'énergie éolienne devrait fournir 2 000 mégawatts supplémentaires d'ici 2017. (Photo : Al-Ahram)
« En été, l’Egypte va sombrer dans l’obscurité », prédit Mohamad Shoeib, du secteur énergétique du groupe Citadel et ex-président de la Holding pour le gaz. Face à une situation qui se répète d’année en année, les responsables tentent de trouver une parade aux coupures de courant, plus que quotidiennes en été. Une conférence sur « les opportunités d’investissement dans l’énergie renouvelable » vient de prouver que des solutions existent et qu’il ne manque plus qu’à les mettre en place.
Energie solaire, éolienne, nucléaire, incinération des déchets, centrales au charbon … la liste des alternatives au pétrole est longue, bien que chacune possède ses propres défauts.
« Nous visons à fournir 20 % des besoins totaux en électricité à travers le renouvelable d’ici 2020 », espère Ahmad Imam, le ministre de l’Electricité qui a démissionné lundi dernier.
Une petite centrale éolienne doit entrée en service le mois prochain pour une production de 40 mégawatts. Un appel d’offres devrait aussi être prochainement lancé pour l’établissement de 6 centrales éoliennes pour un total de 2 000 mégawatts, d’ici 2017 ; ainsi que pour plusieurs projets d’énergie solaire, en partenariat avec le secteur privé à Hurghada et Kom Ombo, au sud d’Assouan.
« La diversité des ressources énergétiques est la seule bouée de sauvetage possible. Il est temps de ne plus compter uniquement sur les sources d’énergie traditionnelles », renchérit l’ex-ministre de l’Electricité.
Economiser sur la consommation
Par ailleurs, le gouvernement souhaiterait aussi économiser sur la consommation, notamment en utilisant davantage la technologie LED permettant un éclairage un peu moins lumineux, mais nettement moins énergivore. Un panneau publicitaire extérieur consomme en moyenne 4 kilowatts/heure, contre seulement 800 watts/heure en technologie LED, soit une économie de 80 %.
Le ministère d’Electricité a suggéré au Conseil des ministres d’élaborer un projet de loi obligeant les agences de publicité à utiliser uniquement la technologie LED dans l’éclairage de leurs panneaux, a révélé Ahmad Moussa Omran, premier secrétaire auprès du ministère d’Electricité.
« Même si le gouvernement construit des usines pour la production des lampes LED et offre gratuitement ces lampes, cela lui coûtera moins cher que de produire l’électricité consommée par les ampoules traditionnelles », affirme Mohamad Sélim, directeur du secteur de performance auprès du ministère d’Electricité. Il ajoute que le coût d’une usine des lampes LED est 10 fois inférieur au coût d’une centrale solaire tout en produisant, sous forme d’économies, le double d’énergie.
Nucléaire et subventions
L’énergie nucléaire est une autre alternative, déjà depuis longtemps sur la table. Les forces armées affirment avoir lancé les premières étapes du projet. « L’armée a reçu les terrains destinés à la centrale nucléaire de Dabaa », révèle Ahmad Imam, en ajoutant que la préparation de l’infrastructure nécessaire au projet a, elle aussi, débuté « bien que la date de l’appel d’offres ne soit pas encore fixée ». La première phase représente 60 millions de L.E.
Une restructuration des subventions accordées à l’énergie, ainsi que le lancement de projets alternatifs doivent mettre fin, à terme, aux pénuries récurrentes.
Selon les chiffres du ministère du Pétrole, les subventions accordées à l’énergie se sont élevées à 120 milliards de L.E. au cours de l’année fiscale 2012/2013, contre 68 milliards de L.E. en 2008/2009. L’électricité compte, à elle seule, pour 80 % de cette somme. Une lourde facture que le gouvernement est incapable d’assumer.
Les alternatives pour diversifier les sources d’énergie sont toutes sur la table. « Mais ce n’est pas nouveau. Cela fait des années qu’elles sont là. Le défi réside dans la volonté des autorités politiques à prendre les mesures concrètes pour rendre ces altenatives réelles », regrette Amina Ghanem, directrice exécutive du Conseil national de la compétitivité.
Les gouvernements successifs ont toujours privilégié la restructuration des subventions aux dépens de la création d’alternatives moins coûteuses et plus efficaces. Mais la colère du peuple égyptien a largement freiné les mesures de libéralisation des prix de l’énergie, les gouvernements attendant un hypothétique retour de la stabilité.
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