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Electricité : A la recherche d’un équilibre

Amani Gamal El Din , Mercredi, 28 août 2024

Le gouvernement a décidé d’augmenter les tarifs de l’électricité pour les ménages et les usines. Une mesure qui s’inscrit dans le cadre du programme de réforme conclu avec le FMI. L’objectif est de remédier aux déséquilibres dans le secteur de l’énergie.

Electricité : A la recherche d’un équilibre
La baisse des subventions à l’électricité est essentielle pour réduire les déséquilibres dans le secteur.

Le gouvernement a décidé d’augmenter les tarifs de l’électricité pour les ménages de 14 à 50 % et pour les usages industriels de 21 à 31 %. Les nouveaux tarifs sont déjà en vigueur pour ceux qui se trouvent dans la tranche de consommation la plus élevée, utilisant des compteurs prépayés. Ceux facturés mensuellement verront ces augmentations reflétées sur leurs factures à partir de septembre. Le ministère de l’Electricité avait déjà augmenté les prix en janvier pour les ménages et les entreprises, de 16 à 26 %.

Le ministère de l’Electricité a donné trois raisons à cette augmentation : « Tout d’abord, la dévaluation de la livre égyptienne et la hausse du dollar. Ensuite, l’augmentation de 30 % du coût de production de l’électricité. Enfin, la décision du gouvernement d’arrêter le délestage électrique jusqu’à la fin de l’été, qui a coûté environ 1,2 milliard de dollars à l’Etat ». Le premier ministre, Mostafa Madbouly, a déclaré que l’Etat vise à parvenir à un équilibre dans les prix de l’électricité d’ici quatre ans, expliquant qu’« au terme de ces quatre ans, les premières tranches de consommation représentant les personnes à faibles revenus continueront à être subventionnées. La facture mensuelle due par le ministère de l’Electricité au ministère du Pétrole a atteint cette année 16 milliards de L.E. ».

La hausse des tarifs de l’électricité s’inscrit dans le cadre de l’accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) conformément à la Facilité Elargie de Crédit (FEC), visant à augmenter son programme de prêt à 8 milliards de dollars en mars dernier, en contrepartie d’une réduction d’ici 2025 des subventions énergétiques, y compris l’électricité. Lors d’une conférence de presse, l’institution monétaire internationale a annoncé dans un communiqué, à l’issue de la troisième revue le mois dernier, que l’ajustement des prix de l’énergie faisait partie des réformes structurelles afin de créer un plus grand espace pour des dépenses mieux orchestrées. « Réduire l’écart entre les prix de production et de consommation de l’énergie d’ici décembre 2025 est essentiel pour réduire les déséquilibres dans le secteur », a-t-elle affirmé.

Les hausses auraient dû entrer en vigueur en août 2023, mais ont été retardées en raison de la pénurie d’électricité. « L’Egypte a dû importer du gaz naturel et du mazout pour environ 1,18 milliard de dollars afin de mettre fin aux coupures de longue durée », affirme l’agence Reuters.

Une newsletter publiée par la banque d’investissement Al-Naeem Holding avance que l’impact sur l’inflation mensuelle et l’indice des prix à la consommation devrait être minime, estimé à 0,60 % au cours du mois d’août, avec une augmentation supplémentaire de 0,5 % le mois suivant. Il y a cependant un impact indirect, affirme la même source : « Les industries manufacturières seraient touchées, quoique à des degrés différents ». Les secteurs à haute consommation d’électricité comme l’aluminium, le ciment et les engrais seront les plus affectés. « Alors que les nouveaux tarifs n’affecteront quasiment pas les compagnies du secteur alimentaire, les hôtels, les produits pharmaceutiques et les opérateurs de télécommunications », note la newsletter. Avis partagé par Yousrey Elsharkawi, président du conseil d’administration de l’Association des hommes d’affaires égyptiens et africains, qui estime que les hausses dans les secteurs industriels se situeront entre 15 et 20 %, pas plus, au niveau des prix finals. « Les entreprises ont anticipé la hausse et ont largement transféré leur usage vers les énergies renouvelables et le gaz au lieu de l’électricité », a-t-il expliqué.

Selon la même newsletter, « malgré ces hausses, l’Etat assumera encore une partie du fardeau : le gouvernement introduira des hausses de prix inférieures à la hausse des coûts de production afin de subventionner partiellement les consommateurs et freiner les pressions inflationnistes. Par exemple, le secteur de l’aluminium bénéficiera de certains privilèges ».

Sécurité sociale

Le FMI a demandé au gouvernement de lever totalement les subventions à l’énergie d’ici 2025 et d’élaborer un plan pour supprimer entièrement les subventions à l’électricité au cours des quatre prochaines années afin de réorienter ces fonds vers la protection sociale. Dans le budget 2024-2025, les aides sociales sont estimées à 635 milliards de L.E. contre 530 milliards de L.E. en 2023-2024. Les allocations au secteur de la santé ont augmenté de 99 milliards de L.E. pour atteindre 496 milliards de L.E. en 2024-2025. Celles destinées à la sécurité sociale ont augmenté de 267 milliards de L.E. pour atteindre 858 milliards de L.E.

Concernant la réorientation des subventions vers les programmes de protection sociale, Yousrey Elsharkawi affirme que la hausse des aides sociales est un début. « Nous avons besoin de mieux cibler ces aides ; nous avons également besoin de bases de données plus détaillées sur les plus nécessiteux afin de réaliser l’objectif de la protection sociale et d’atteindre ceux qui en ont réellement besoin. Le système numérique n’est pas encore finalisé », dit-il.

Il reconnaît que la hausse des tarifs de l’électricité peut donner parfois lieu à des inégalités. Ainsi, certaines familles, bien que nombreuses et à revenus limités, ont une consommation élevée et paient beaucoup, alors que d’autres familles plus aisées, dont la consommation est limitée, bénéficient encore des subventions. « Pour que le système soit rigoureux, il faut du temps et des organismes formés pour effectuer des ciblages selon des critères précis. La réorientation des subventions vers les aides sociales est un début, mais elle ne suffit pas », conclut Yousrey Elsharkawi.

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