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Energie : Actions tous azimuts

Gilane Magdi , Mercredi, 07 août 2024

Le gouvernement mise sur l’augmentation des ressources énergétiques par l’importation de gaz naturel et l’attraction d’investissements dans les énergies renouvelables.

Energie : Actions tous azimuts
Le gouvernement a importé 26 cargaisons de gaz naturel depuis le début de l’année. (Photo : Reuters)

Le ministère du Pétrole et celui de l’Electricité accélèrent leurs efforts pour accroître les quantités de gaz naturel disponibles sur le marché local par l’importation et les investissements. La semaine dernière, deux annonces majeures ont été faites concernant le secteur de l’énergie. La première émane du ministère de l’Electricité, qui a révélé son intention d’importer jusqu’à 17 nouvelles cargaisons de gaz liquéfié au cours du dernier trimestre de cette année afin de répondre à la demande croissante des centrales électriques du pays. Selon les données de l’Energy Research Unit (basée à Washington) publiées la semaine dernière, « le nombre de livraisons de gaz liquéfié importé par l’Egypte au cours de cette année a atteint 26 expéditions, ce qui constitue le chiffre le plus élevé depuis des années, en réponse à la demande croissante des centrales électriques et en raison du recul de la production nationale ».

Le retour de l’Egypte à l’importation de gaz liquéfié, après environ 6 ans d’autosuffisance, est devenu une nécessité afin de répondre à la demande intérieure croissante en électricité. Le ministre de l’Electricité et des Energies renouvelables, Mahmoud Esmat, a annoncé le 23 juillet, lors du deuxième jour sans coupure, que la consommation quotidienne d’électricité avait atteint environ 38 gigawatts.

La deuxième annonce concerne le ministère du Pétrole qui est parvenu à un accord avec les sociétés italienne Eni et américaine Apache sur les arriérés. Selon cet accord, les deux parties se sont engagées à régler la part des partenaires étrangers dans les ressources naturelles extraites de gaz ou à permettre leur exportation à l’étranger. En échange, les entreprises s’engagent à augmenter leurs investissements dans leurs zones de concession. « Par cet accord, le groupe italien continuera son plan d’exploration des trois nouveaux puits dans le gisement Zohr (en Méditerranée orientale) pour atteindre un total de 22 puits comme initialement prévu. La suspension par les entreprises étrangères, dont Eni, de leurs activités d’exploration en raison du retard du gouvernement à payer les arriérés a entraîné une diminution de la production de gaz naturel d’environ un quart », a expliqué Hafez Salmawy, professeur d’ingénierie pétrolière à l’Université de Zagazig et consultant auprès de la Banque mondiale.

Le site Mubasher a indiqué que le ministre du Pétrole, Karim Badawi, a convenu avec l’entreprise italienne de commencer les travaux de développement sur le champ Zohr à partir du dernier trimestre de cette année, sous réserve d’une augmentation progressive de la production de gaz naturel du champ au cours du premier trimestre de l’année prochaine.

Salmawy a souligné la nécessité de constituer une réserve stratégique en gaz naturel pour rendre l’Egypte plus résiliente face à toute rupture d’approvisionnement future. « L’Egypte continuera d’importer du gaz naturel au cours des quatre prochaines années. C’est pourquoi le gouvernement doit élaborer un plan visant à construire cette réserve en achetant le gaz pendant les mois de février et mars, lorsque le prix atteint 7 dollars pour chaque million d’unités thermiques (MUT) », a-t-il recommandé, ajoutant que « l’Egypte a exporté du gaz liquéfié à des prix élevés (jusqu’à 10,5 dollars/MUT) pendant les mois d’été, avec une prime d’importation de 1,5 dollar en cas de besoin. Il est donc préférable de l’acheter lorsque les prix sont bas pour l’utiliser en cas de perturbations d’approvisionnement ».

L’énergie renouvelable comme alternative

Les deux ministères intensifient également leurs efforts pour diversifier leurs sources énergétiques en attirant les investisseurs arabes et étrangers dans le domaine des énergies renouvelables. La semaine dernière, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis (EAU) ont tenu des négociations sur la coopération en matière d’énergies renouvelables et la localisation des industries énergétiques. Le premier ministre, Mostafa Madbouly, a souligné que le secteur privé serait impliqué dans la mise en oeuvre de ces projets, en particulier les entreprises ayant une expérience dans ce domaine. « La coopération avec les EAU vise à ajouter 4 GW d’énergies renouvelables au réseau électrique d’ici l’été prochain », a déclaré Madbouly.

De même, le ministère de l’Electricité a annoncé fin juillet qu’il prévoyait de réaliser des projets hydroélectriques d’une valeur de 4 milliards de dollars en collaboration avec le secteur privé, dans le cadre de son plan visant à diversifier les sources d’électricité du pays et à passer aux énergies renouvelables. « Le gouvernement recherche des sociétés hydroélectriques et des financiers mondiaux pour mettre en oeuvre ces projets. Ils comprennent notamment une station de pompage et de stockage d’eau pour produire de l’électricité à Ataqa, d’une capacité de 2 400 mégawatts. Ce projet est inclus dans la stratégie du ministère de l’Electricité et des démarches sont en cours pour finaliser les procédures, après la signature d’un protocole d’accord il y a plus de 3 ans avec une entreprise chinoise, mais qui avait ensuite été reporté », a déclaré une source anonyme du ministère à la chaîne Al-Arabiya.

Salmawy a, pour sa part, souligné l’importance d’attirer des investisseurs dans le domaine des énergies renouvelables, en clarifiant que « l’appétit des investisseurs étrangers est grand pour continuer à investir dans ce secteur prometteur. Toutefois, les investisseurs étrangers demandent l’émission d’une garantie gouvernementale assurant le paiement de la valeur de l’électricité produite en cas de retard de paiement par le ministère de l’Electricité. Cette garantie est également nécessaire pour indemniser les investisseurs en cas d’arrêt du projet pour des raisons politiques, par exemple. L’émission de ces garanties est indispensable pour transformer les accords conclus en projets dans le domaine des énergies renouvelables ».

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