Le conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a approuvé le 29 juillet la troisième revue de son programme de réforme de l’économie égyptienne. Le FMI versera la troisième tranche d’un prêt de 8 milliards de dollars accordé à l’Egypte, d’un montant de 820 millions de dollars. « L’Egypte obtiendra en outre un financement évalué à 1,2 milliard de dollars du Fonds pour la résilience et la durabilité de l’économie », explique à l’Hebdo Hesham Hamdey, vice-président associé du département des recherches au sein de la banque d’investissement Naeem Holding. Et d’ajouter que l’approbation des révisions du programme de réforme de l’économie égyptienne donne un signal positif aux investisseurs étrangers car elle signifie que l’économie est sur la bonne voie.

Le FMI avait reporté de deux semaines la troisième revue pour l’Egypte, qui était initialement prévue le 10 juillet, en raison du remaniement ministériel en Egypte qui prévoyait le changement de plusieurs ministres du groupe économique. En mars dernier, le conseil d'administration du FMI avait approuvé les première et deuxième revues dans le cadre de l'Accord élargi avec l'Egypte, et avait accepté d'augmenter le montant du prêt initial d'environ 5 milliards de dollars, portant le total à 8 au lieu de 3 milliards de dollars.

L’institution internationale s’est félicitée de l’amélioration des conditions macroéconomiques due aux politiques monétaires et financières. « Les pressions inflationnistes commencent progressivement à baisser, les pénuries de devises ont été éliminées et les objectifs budgétaires (y compris ceux liés aux grands projets d'infrastructure) ont été atteints. Ces améliorations commencent à avoir un effet positif sur la confiance des investisseurs et sur celle du secteur privé », affirme le FMI dans un communiqué de presse.

Hany Amer, analyste financier au sein de la société de courtage Arab African Securities, explique à l’Hebdo que le gouvernement égyptien a répondu à toutes les attentes du FMI, ce qui a permis le versement de cette troisième tranche. « La rationalisation des subventions destinées au carburant, à l’électricité et au gaz naturel figurait à la tête des recommandations du FMI », note-t-il. Le Comité de tarification des produits pétroliers a augmenté le 25 juillet les prix des quatre types de produits pétroliers, une hausse comprise entre 10 et 15 % (voir encadré).

Réduire la dette et renforcer la protection sociale

Le nouveau ministre des Finances, Ahmed Kouchouk, a déclaré, lors d’une rencontre avec la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, en marge des réunions du G20 au Brésil, qu’il travaillait en vue de mettre le ratio dette/PIB sur une courbe descendante. « En même temps, nous prévoyons d’augmenter les dépenses sur l’éducation, la santé et la protection sociale. Nous travaillons également en vue de réduire les taux d'inflation pour garantir la stabilité des prix, améliorer les conditions de vie des citoyens et soutenir la compétitivité des entreprises », a ajouté Kouchouk dans un communiqué de presse publié le 27 juillet.

Au niveau de la politique monétaire et des taux de change, la directrice générale adjointe du FMI et présidente par intérim, Antoinette M. Sayeh, a annoncé dans un communiqué que l’unification des taux de change et le resserrement des politiques monétaires ont freiné les spéculations sur le dollar en Egypte, ce qui a permis d’attirer des capitaux étrangers et de modérer la hausse des prix. « Avec le rétablissement de la confiance en l’économie égyptienne, la croissance du secteur privé devrait rebondir », a-t-elle déclaré. En effet, les chiffres publiés par la Banque Centrale d’Egypte (BCE) ces derniers mois montrent une augmentation de ressources en dollars depuis la libéralisation des taux de change en mars dernier. La BCE a annoncé une augmentation significative des réserves de changes internationales du pays d’environ 11,2 milliards de dollars depuis le début de 2024. En juin 2024, les réserves monétaires de l’Egypte s’élevaient à 46,383 milliards de dollars (couvrant 7,9 mois d’importation) contre 35,220 milliards de dollars en décembre 2023. De même, les flux d’investissements étrangers dans les outils de la dette gouvernementale ont connu une grande hausse au cours des trois derniers mois passant à 35 milliards de dollars en juin. La BCE a récemment annoncé un surplus dans les avoirs extérieurs nets depuis le mois de mai (pour la première fois depuis mars 2022), ceux-ci s’élevaient à 10,3 milliards de dollars en juin contre un déficit de 3,6 milliards de dollars en avril.

En dépit des progrès réalisés au niveau des réformes structurelles, le FMI met en garde contre les risques externes liés aux conflits régionaux et aux incertitudes qui pèsent sur les échanges commerciaux dans la région de la mer Rouge. « Des mesures doivent être prises pour orienter l’Egypte vers une croissance propulsée par le secteur privé, susceptible de générer des emplois et des opportunités pour tous. Il faut donc poursuivre la politique de libéralisation des taux de change, la création d’un environnement équitable qui évite les pratiques concurrentielles déloyales et le renforcement de la résilience du secteur financier », conclut le FMI.