Al-Ahram Hebdo : En célébrant le 60e anniversaire de Sial Paris, pouvez-vous nous présenter le bilan actuel de ce salon au niveau mondial ?
Nicolas Trentesaux : Le ministère français de l’Agriculture a lancé en 1964 deux salons dans l’objectif de promouvoir les échanges internationaux qui sont : le Salon international pour l’agriculture et le Salon international pour l’alimentation. Donc, le Salon pour l’alimentation (Sial Paris) est international depuis son lancement en 1964. A l’époque, une vingtaine de pays y avaient participé. Depuis, il n’a cessé de grandir pour devenir aujourd’hui le plus grand salon mondial de l’alimentation avec la participation de 7 500 exposants de 130 pays de par le monde. La contribution de la France à ce salon est assez modeste, puisque les exposants français ne représentent que 10 % seulement et les visiteurs 25 %. C’est le salon le plus grand du monde avec 400 000 produits alimentaires exposés issus des 10 secteurs-clés de l’alimentation (épicerie, boissons, céréales, légumes et fruits, viandes, traiteurs/snacking, produits surgelés, produits laitiers et produits de la mer). Tous ceux qui s’intéressent à l’alimentation viennent sous un seul toit pour découvrir, quelques jours durant, l’alimentation dans le monde entier. Sial Paris n’est pas le seul événement, puisque nous avons une douzaine d’événements dans le monde entier. Nous avons une forte présence en Asie (Indonésie, Jakarta et Hong Kong). De même, nous avons un événement important en Chine, qui est Sial Shanghai avec 5 000 exposants. Nous sommes présents depuis longtemps au Canada, à Las Vegas aux Etats-Unis depuis deux ans et en Algérie dans le continent africain depuis une vingtaine d’années.
— Comment allez-vous célébrer cette occasion exceptionnelle cette année ?
— Nous avons commencé à célébrer notre anniversaire au début de l’année en effectuant une tournée dans différents pays. Il y aura des représentations et des conférences dans une cinquantaine de pays tout le long de l’année. J’ai organisé des conférences de presse au Japon et en Chine et j’ai visité le Sénégal et le Nigeria sur le continent africain qui a une grande importance pour nous et qui est très présent sur Sial Paris. Selon les statistiques, il y aura 2 milliards d’habitants en plus sur la planète au cours des trente prochaines années. Les deux tiers seront sur le continent africain, ce qui soulève des questions importantes en ce qui a trait à la production dans les pays africains. C’est pourquoi nous avons fait une tournée en Afrique et nous souhaitons renforcer nos liens avec le continent pour préparer dans l’avenir un salon en Afrique.
— Sial Paris se tiendra du 19 au 23 octobre prochain. Quelles sont les dernières nouveautés proposées aux participants et aux visiteurs ?
— La participation est déjà connue deux mois avant la tenue de l’événement en octobre prochain. C’est vraiment un signe sur l’importance du salon et le besoin de rencontres physiques et personnelles dans le domaine de l’alimentation pour pouvoir toucher et goûter les produits. On a énormément d’informations disponibles sur notre site à l’adresse des exposants et des visiteurs. Pour les nouveautés cette année, nous avons pour la première fois sectorisé à 100 % le salon à la demande des visiteurs. C'est-à-dire que la majorité des visiteurs et des acheteurs viennent avec des besoins précis, organisés en catégories de produits. Donc, ils ont préféré que les produits soient regroupés par secteurs. Et donc, vous aurez cette année le sucré, le salé, les produits alternatifs et les produits laitiers. Au-delà de la partie exposition, nous avons énormément de contenu lié à l’innovation. Il y aura un espace pour les plus belles innovations du salon. Nous avons organisé pour la première fois un espace qui permet aux visiteurs de goûter les produits.
— L’Egypte est parmi les principaux pays participant à cet événement important, comment jugez-vous sa participation cette année ?
— Le pavillon égyptien est l’un des plus importants du salon qui se tient tous les deux ans à Paris. Cette année, plus d’une centaine d’entreprises exposantes participeront au salon et plus de 400 visiteurs ont acquis le ticket. Le secteur de l’industrie agroalimentaire égyptien a une grande importance. Les exportations égyptiennes vers la France sont évaluées à 22 millions de dollars au cours des quatre premiers mois de 2024.
— Est-ce que vous pouvez évoquer le modèle de réussite d’une entreprise ou d’une start-up au salon ?
— L’exemple le plus intéressant est celui de la petite entreprise qui s’appelait Le Boucher vert qui n’existe que depuis quelques années. Elle était la première à offrir des steaks-légumineuses. Cette entreprise était toute petite lorsqu’elle est arrivée au salon il y a quelques années en proposant un produit innovant. Aujourd’hui, elle a changé de nom et est devenue Hari&Co et elle s’est développée rapidement. Nous avons bien sûr d’autres exemples. Nous suivons les petites start-up qui sont nées au salon.
— Comment Sial a-t-il pu renforcer les échanges commerciaux entre la France et ses partenaires dont l’Egypte ?
— Sial est une plateforme mondiale qui n’est pas politique. Bien qu’elle ait été lancée par le ministère français de l’Agriculture, elle est indépendante et a gagné en crédibilité pas seulement en France mais dans le monde entier. Nous avons créé un réseau de relations avec les acteurs économiques et agroalimentaires dans tous les pays du monde. Sial est une plateforme de Business, mais aussi d’échanges. La France ne contribue qu’à hauteur de 10 % au salon et n’a donc pas de rôle dominant. L’Italie est le premier pays exposant au salon. Visiter le salon à Paris est vraiment une chance pour découvrir la ville.
— Comment évaluez-vous le secteur de l’alimentation au niveau mondial ?
— Dynamisé par l’expansion démographique, le secteur agroalimentaire a une chance de croissance incroyable. 2 milliards d’habitants en plus signifie qu’il y aura une perspective de croissance assez incroyable au cours des trente prochaines années. La question qui se pose est comment nourrir la population mondiale ? Et cela va dynamiser le savoir-faire dans le domaine de l’alimentation et de l’exportation.
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