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Vers la fin des subventions traditionnelles

Marwa Hussein , Mercredi, 05 juin 2024

Le gouvernement a annoncé un vaste plan visant à réduire graduellement les subventions, qui représentent un lourd fardeau sur le budget de l’Etat. Après le pain, l’électricité et les carburants suivront. Dossier.

Vers la fin des subventions traditionnelles
Le gouvernement Madbouly avait présenté en 2020 une feuille de route pour supprimer progressivement les subventions à l’énergie d’ici 2025.

C’est une question récurrente depuis les années 1970, celle des subventions, qu’il s’agisse d’une baisse, d’une réforme ou d’une annulation complète. Au fil des années, les gouvernements consécutifs ont présenté des plans de diminution des subventions, notamment celles à l’énergie, mais leur mise en exécution a été souvent freinée, le plus souvent en réponse à des crises économiques globales, comme la crise financière de 2008 ou, plus récemment, les répercussions du Covid-19 ou la guerre en Ukraine, et leur influence sur l’économie mondiale et par la suite l’égyptienne. Le système des subventions alimentaires a également été modifié en 2014, pour ne plus être lié à des produits précis mais à une somme consacrée à chaque famille en fonction du nombre de ses membres. La même année, le gouvernement a modifié la subvention au pain pour accorder cinq galettes de pain subventionné à chaque personne des détenteurs des cartes d’approvisionnement contre un accès sans limite auparavant au pain subventionné à la totalité de la population. La semaine dernière, le gouvernement a augmenté le prix du pain subventionné pour la première fois depuis plus de 30 années, il a ainsi passé de 5 pts à 20 pts la galette de 90 g (voir article ci-contre). Il a également annoncé le démantèlement graduel des subventions à l’énergie. Une hausse des prix de l’électricité est prévue avec le début du nouvel exercice fiscal qui commence le 1er juillet. Une hausse des prix des carburants à la pompe est également prévisible.

Lors d’une conférence de presse le 27 mai dernier, le premier ministre, Mostafa Madbouly, a en outre évoqué une augmentation des prix de l’électricité. Il a déclaré que le ministre de l’Electricité, Mohamed Shaker, préparerait un plan sur la manière dont le gouvernement pourrait réduire ses dépenses en subventions à l’électricité au cours des quatre prochaines années. Il a toutefois expliqué que les ménages ayant une faible consommation continueront de voir leur facture d’électricité fortement subventionnée, mais que le gouvernement pourra couvrir le coût par d’autres moyens. Le coût de la production d’électricité a grimpé en flèche, devenant un fardeau encore plus lourd pour le budget de l’Etat, notamment après qu’une baisse de la production nationale de gaz naturel a fait que le pays est passé du statut d’exportateur net à celui d’importateur net de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) au cours des derniers mois. Le gouvernement Madbouly avait présenté en 2020 une feuille de route pour supprimer progressivement les subventions à l’énergie d’ici 2025, repoussant l’échéance de juillet 2022 qui était déjà une prolongation de l’échéance de 2019 fixée en 2014. Le ministère de l’Electricité a augmenté les prix en janvier, faisant grimper les prix de l’électricité pour les ménages et les entreprises de 16 à 26 %. Le secteur de l’électricité bénéficie d’un approvisionnement en carburant à un coût subventionné inférieur à son coût réel, que ce soit pour les centrales électriques fonctionnant avec le gaz naturel ou celles avec le mazout.

 Une facture de plus de 630 milliards de L.E.

Par ailleurs, Madbouly a aussi signalé que nous pourrions assister à « de nouvelles hausses du prix du carburant alors que l’Etat cherche à rétablir l’équilibre entre le coût de production et le prix final d’ici fin 2025 ». « Cela se fera progressivement et le diesel ne sera pas concerné », a souligné le premier ministre. Le ministre des Finances, Mohamed Maait, a, de son côté, déclaré : « Subventionner le carburant va à l’encontre des intérêts de l’Etat », notant que la suppression des subventions au carburant permettra au gouvernement d’acheminer ces fonds à la santé, l’éducation et la protection sociale.

Le porte-parole du Conseil des ministres, Mohamed Al-Homossani, a dévoilé une diminution progressive des subventions sur les carburants d’ici fin 2025 à l’exception du diesel en raison de son importance dans le domaine du transport, lors d’un entretien téléphonique dans l’émission 90 minutes diffusée sur la chaîne Al-Mehwar mardi 28 mai. « L’Etat supporte un fardeau significatif pour subventionner le carburant et l’électricité », a-t-il indiqué.

Rappelons que les prix de l’essence et des carburants en Egypte ont subi 10 hausses depuis 2014. En 2018, le gouvernement a installé le comité de tarification des carburants, chargé de réviser les prix à la pompe tous les trois mois, en fonction des cours internationaux du pétrole. En mars, ce comité a augmenté les prix de l’essence de 8 à 10 % et ceux du diesel de 21,2 %. Il a également augmenté les prix de la bonbonne de gaz.

Les subventions et les avantages sociaux dans le budget 2024-2025 sont estimés à environ 636 milliards de L.E. contre 530 milliards de L.E. en 2023-2024 à cause de la hausse des subventions alimentaires, y compris le pain (de 127,7 milliards de L.E. à 134,2 milliards pour l’exercice en cours). Les subventions à l’énergie, à l’électricité et aux produits pétroliers sont prévues d’atteindre 154,5 milliards de L.E. dans le prochain exercice contre 119,4 milliards dans le budget en cours qui se termine fin juin, selon les chiffres du budget étatique publiés sur le site du ministère des Finances.

L’Egypte s’est engagée, dans le cadre de son accord avec le Fonds Monétaire International (FMI), à continuer à réduire les subventions à l’énergie en utilisant le mécanisme d’ajustement des prix du carburant. L’objectif étant d’utiliser ces ressources pour mieux cibler les ménages qui ont besoin de soutien.

Madbouly a en outre déclaré qu’il avait demandé aux ministres de l’Electricité et du Pétrole de présenter des scénarios sur la manière dont le gouvernement peut maintenir le courant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, d’ici novembre ou décembre au plus tard. Le gouvernement adopte depuis l’été dernier un programme de délestage d’électricité qui économise dans le budget de l’Etat 1 milliard de dollars par an, selon des déclarations officielles.

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