Le conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a publié, vendredi 26 avril, le rapport sur les première et deuxième revues de l’accord élargi au titre du programme du mécanisme élargi de crédit pour l’Egypte suite à l’augmentation du programme à 8 milliards de dollars.
L’accord avait été initialement signé en décembre 2022 pour une somme de 3 milliards de dollars sur 46 mois, mais les deux revues, prévues en 2023, avaient été reportées pour plusieurs fois en raison du retard dans la mise en place de certaines réformes. Le 30 mars, suite à la conclusion des deux premières revues, le FMI a annoncé le versement immédiat de 820 millions de dollars au gouvernement égyptien, correspondant aux deux premières tranches du programme d’aide de 3 milliards de dollars accordé fin 2022.
La conclusion de la troisième revue du programme de financement est prévue pour le 15 juin 2024 ou ultérieurement, et ensuite, le reste des revues sera effectué tous les six mois, comme l’a indiqué le rapport.
L’Egypte s’est engagée à fournir des données exactes au FMI et dans les délais requis pour les évaluations de suivi du programme, ainsi que toute information pertinente susceptible d’avoir un impact significatif sur les conditions économiques et les objectifs du programme.
Selon le rapport, l’Egypte a atteint les objectifs fixés pour les deux premières revues, situées initialement à la fin juin 2023, concernant le solde primaire, la non-accumulation d’arriérés extérieurs, la libéralisation du taux de change et la levée des restrictions à l’importation. Le programme permet à la Banque Centrale d’Egypte (BCE) d’intervenir sur le marché de change sous certaines conditions, et il faut que le Fonds soit notifié de la situation.
Le Fonds a ajouté que la BCE avait finalisé la plupart de ses dettes dues accumulées en devises étrangères, estimées entre 7 et 8 milliards de dollars. Pourtant, les dettes sur l’Autorité pétrolière égyptienne s’élevaient à 4,5 milliards de dollars.
L’objectif de consolidation des réserves internationales a fait défaut, et cela s’explique, selon le rapport, par la baisse des prix du pétrole, la baisse du montant d’envois des fonds et le détournement d’une partie de la production nationale de gaz naturel des exportations vers le marché intérieur. Le rapport a précisé que le financement nécessaire pour atteindre les objectifs révisés de réserves internationales pour l’exercice 2023-2024 s’élève à 6,2 milliards de dollars après la prise en compte des 1,6 milliard de dollars du FMI. Le Fonds a dit que des assurances ont également été reçues selon lesquelles 19 milliards de dollars de dépôts des pays arabes auprès de la BCE demeureront jusqu’à l’expiration du programme en septembre 2026 et ne seront pas utilisés pour l’achat d’actions ou de dettes.
Développements économiques
L’inflation reste élevée, mais devrait s’atténuer à moyen terme à mesure que le resserrement de la politique monétaire s’installe. Selon les projections du Fonds, elle devrait baisser à 32,1 % en juin 2024, et ensuite 15,3 % en juin 2025. La BCE avait remonté, le 6 mars, ses taux de 6 % pour les porter à 27,75 % afin de lutter contre l’inflation. Le déficit global du secteur budgétaire a été réduit à 5,9 % du PIB au cours de l’exercice 2022-2023, contre 6,2 % du PIB au cours de l’exercice 2021-2022. Les performances au cours des six premiers mois de l’exercice 2023-2024 sont conformes à l’atteinte d’un excédent primaire de 2,5 % du PIB pour l’ensemble de l’exercice budgétaire.
Les autorités ont vendu des participations dans cinq sociétés jusqu’en janvier 2024, ce qui a rapporté 1,5 milliard de dollars de dépôts à la BCE jusqu’à présent au cours de cet exercice. Toutefois, les flux globaux de cessions d’actifs, à l’exclusion du projet de Ras Al-Hikma, sont inférieurs aux prévisions initiales à ce jour.
Le FMI a annoncé que l’Egypte recevrait 14 milliards de dollars du financement du projet de Ras Al-Hikma avant le 30 avril et que le développement de la zone débuterait en 2025, outre les 10 milliards de dollars déjà reçus en février. Le ministère égyptien des Finances recevra l’équivalent de 12 milliards de dollars, en monnaie locale, provenant du projet de Ras Al-Hikma, pour réduire la dette publique, et la BCE recevra 15 milliards de dollars pour consolider ses réserves. Six autres milliards de dollars seront vendus au secteur bancaire, afin de faciliter le règlement des arriérés de devises étrangères.
L’institution internationale a indiqué que l’Egypte est sur le point d’achever des accords de Mont Al-Zayt, à Hurghada, avec un montant de 339 millions de dollars, et d’Al-Zaafarana avec un montant de 300 millions de dollars. Les programmes de vente d’actifs de l’Etat (IPO) ont engendré un revenu net de 2,4 milliards de dollars, en plus de 2,2 milliards de dollars provenant de devises étrangères au cours de l’exercice 2023-2024, à la date du rapport. Le FMI a prévu que le gouvernement attirerait des flux de trésorerie d’environ 3,3 milliards de dollars provenant de transactions extérieures. Pour l’exercice financier 2024-2025, l’Egypte prévoit la vente d’au moins quatre actifs dans les secteurs de l’énergie et de la production, générant ainsi 3,6 milliards de dollars sous forme de flux de capitaux étrangers.
Le gouvernement égyptien est engagé à supprimer progressivement les subventions aux prix de l’énergie qui ne sont plus supportables pour le budget national.
D’autres transactions sont en cours d’être conclus dans la période restante de cet exercice, ce qui entraînera au moins 600 millions de dollars supplémentaires.
Les 7 conditions du FMI réalisées par l’Egypte
Voici les 7 conditions sur les 15 requises par le FMI et réalisées par l’Egypte pour mener à bien les deux examens de l’institution monétaire.
1. Suppression des lettres de crédit bancaires.
2. Publication de la politique de propriété de l’Etat pour les partenariats avec le secteur privé.
3. Modification de certaines dispositions de la loi sur la protection de la concurrence régissant les opérations de fusion-acquisition.
4. Augmentation du nombre de familles admissibles à l’aide sociale.
5. Définir les mesures de politique fiscale pour le budget de l’exercice 2023-2024.
6. Appliquer strictement les limites nettes des positions ouvertes en devises étrangères aux banques commerciales, sans accorder d’exemptions.
7. Eviter de proposer des programmes de prêts subventionnés par la BCE.
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