Les prix des produits laitiers ont baissé de 18 %. Photo : EGYPT RETAIL MARKET
Les entreprises de production et les commerçants ont favorablement réagi à l’initiative gouvernementale visant à réduire les prix des marchandises, lancée il y a à peine une semaine. Le géant des produits laitiers Juhayna a annoncé, dans un communiqué publié sur le site de la Bourse Moubasher, avoir réduit de 18 % les prix des produits laitiers et de 15 % les prix des jus de fruits. « Le prix du litre de lait Juhayna est passé de 48 à 40 L.E. et celui du jus de fruit est passé de 29 à 26 L.E. La baisse des prix ne se limite pas à Juhayna, mais comprend aussi d’autres marques comme Al-Maraï, dont le litre de lait est passé de 50 à 40 L.E. », explique Ramadan Ahmad, un détaillant de la rue Qasr Al-Aïni, en affirmant que les prix des autres biens stratégiques ont connu aussi des réductions après le lancement de l’initiative gouvernementale. « Le litre d’huile est passé de 100 à 80 L.E. et le paquet de riz de 35 à 28 L.E. Quant au beurre, son prix est passé de 190 à 150 L.E. pour la boîte d’un kilo », selon Ramadan Ahmad. Cité par Al-Arabiya Alaa Ezz, secrétaire général de l’Union des chambres commerciales, a indiqué que les prix de certains produits alimentaires ont baissé ces derniers jours en accord avec les producteurs et les distributeurs. Ezz cite l’exemple des légumineuses qui ont connu une baisse de 24 %, les pâtes et la farine de 15 %.
Le 25 mars, le premier ministre, Mostafa Madbouly, avait lancé une nouvelle initiative de réductions des prix de 15 à 20 % des produits alimentaires. La réduction pourrait atteindre 30 % après la fête du petit Baïram à la mi-avril. Selon un communiqué de presse publié par le Conseil des ministres, le chef du gouvernement a tenu une réunion avec les représentants de plus de 70 % des acteurs du marché égyptien (commerçants, fabricants, distributeurs, détaillants, ainsi que les ministres concernés). « La liste des biens comprend le sucre, les céréales, le riz, le blé, le thé, les huiles, les viandes et les produits laitiers, entre autres », affirme le communiqué de presse qui indique que la réunion a évoqué aussi les mesures nécessaires pour baisser les prix non seulement des denrées alimentaires, mais aussi de l’électroménager. Le lancement de l’initiative gouvernementale intervient au lendemain de la hausse des prix des carburant, une augmentation qui pourrait entraîner une hausse des prix (voir encadré). L’initiative vise donc à réduire l’impact de l’inflation qui a atteint un chiffre record en février dernier, soit 36,4 %.
Alors que certains commerçants ont répondu à l’initiative, d’autres n’ont pas réduit leurs prix. C’est le cas notamment à Cheikh Zayed et à Tagammoe. « Certains supermarchés dans les quartiers huppés n’ont pas encore réduit les prix. Le litre de lait Juhayna est toujours vendu à 48 L.E. », déclare Asmaa Abdallah, femme au foyer. Quant à Cheikh Zayed, le prix du lait Juhayna est vendu à 50 L.E., alors que les prix des viandes n’ont pas connu de réductions depuis le lancement de l’initiative. Moustafa Madbouly s’est indigné du fait que les prix continuent à augmenter au lendemain de la libéralisation des taux de change et la baisse de la valeur du dollar de 62 % par rapport à la monnaie locale. « Le dédouanement des marchandises a coûté à l’Etat 4,5 milliards de dollars depuis la dévaluation et cela doit nécessairement amener une baisse des prix », a déclaré le Conseil des ministres dans son communiqué.
De son côté, le ministre de l’Approvisionnement et du Commerce intérieur, Ali Al-Messelhi, a déclaré que des réunions parallèles avaient été tenues avec l’Union générale des chambres de commerce pour poursuivre l’application de l’initiative. « Des groupes d’inspection ont été formés pour surveiller les prix sur les marchés. J’ai donné des instructions pour barrer les anciens prix et fixer les nouveaux prix sur les marchandises dans tous les supermarchés et chez les détaillants », a déclaré le ministre.
Rééquilibrage
Membre de l’Union égyptienne des industries, Mohamed Al-Bahey a décrit l’initiative comme étant nécessaire pour freiner la hausse des prix. « L’initiative est un appel aux commerçants et aux industriels de retarifier leurs produits conformément à la nouvelle donne. On sait tous que la plupart des prix étaient tarifiés en se basant sur le taux de change du dollar avant le flottement, soit aux alentours de 70 L.E. Le dollar est passé aujourd’hui sous la barre des 48 L.E. Les prix doivent donc baisser. Mais il faut comprendre que c’est un processus graduel », affirme Al-Bahey. Et d’ajouter que la disponibilité des marchandises relance la concurrence entre les commerçants, et automatiquement, les prix baissent. « Le gouvernement assume qu’éthiquement, les commerçants doivent réduire les prix, même si la marge de bénéfice est de zéro. La logique est qu’ils pourront compenser cette marge réduite sur le court terme, surtout avec les perspectives de la baisse du dollar face à la monnaie locale. Ils ont un stock qu’ils doivent écouler et le nouveau cycle de production ou d’importation sera tarifié selon le nouveau taux de change », note Al-Bahey. « Dans des pays comme les Etats-Unis, lorsqu’il y a une crise, le gouvernement plafonne les marges de bénéfice. Les commerçants et les distributeurs travaillent dans les limites de ces marges », conclut-il.
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