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Le yamich : Saveurs, couleurs et traditions

Nada Al-Hagrassy , Mercredi, 06 mars 2024

Tradition culinaire enracinée chez les Egyptiens, le yamich reste, malgré la flambée des prix, incontournable pendant le mois sacré.

Le yamich : Saveurs, couleurs et traditions

Au son du canon annonçant l’heure de la rupture du jeûne, les Egyptiens se précipitent pour savourer des boissons rafraîchissantes et combler leur soif. Le qamareddine, boisson faite à base de pâte d’abricot, et le khochaf, sorte de salade de fruits secs, riche en saveurs, trônent fièrement sur la table, inaugurant le repas du Ramadan et offrant aux jeûneurs fraîcheur et énergie. Malgré son coût croissant, le yamich, c’est-à-dire l’ensemble des fruits secs, dattes et autres produits du genre, conserve une place centrale sur la table égyptienne pendant le Ramadan. Dans les marchés, les Egyptiens semblent déterminés à acquérir le yamich, ne serait-ce qu’en petite quantité en raison de la hausse des prix. Car la présence du yamich dépasse le simple plaisir gustatif et s’inscrit dans une tradition ancestrale transmise de génération en génération.

Mais quelle est donc son histoire ? Le yamich est un terme turc qui signifie « fruits secs ». Cependant, de nombreux historiens font remonter son origine au temps des pharaons. Dans l’Egypte Ancienne, les fruits secs étaient considérés comme des offrandes aux dieux. Les Anciens Egyptiens fabriquaient des bonbons en forme du dieu « Bes », le dieu du rire. Mais cette tradition culinaire a connu son apogée au début de l’ère fatimide, lorsque les califes de l’époque distribuaient toutes sortes de yamich aux pauvres et aux nécessiteux pendant tout le mois du Ramadan pour le célébrer. C’est auprès des Ottomans que les Egyptiens ont acquis l’art de préparer le khochaf, emblème du Ramadan en Egypte.

En fait, les Egyptiens sont très créatifs dans l’utilisation du yamich pendant le Ramadan. Il peut être consommé directement ou trempé dans l’eau avant d’être mangé. Il est également utilisé comme garniture dans la préparation de nombreux desserts propres du Ramadan, tels que la konafa, la basboussa et les qatayef. Riche en nutriments, il est une source d’énergie, de vitamines et de minéraux pour les jeûneurs. Les types de yamich sont variés. Il se compose de noix de Grenoble, noisettes, amandes et pistaches, ainsi que de fruits secs tels que les raisins secs, les abricots secs, les figues sèches, la pâte d’abricot et les pruneaux. Malgré cette diversité, les dattes restent reines sur la table des riches et des moins riches.

Chaque époque historique a marqué le marché du yamich d’une empreinte particulière. L’un des plus anciens marchés dédiés au yamich était l’agence « Qawsoun » dans la rue Al-Nasr, construite au XIIIe siècle de l’hégire par l’émir Seifeddine Qawsoun. Des marchands venaient de Syrie avec leurs produits pour les vendre avant le début du mois sacré. Au XIVe siècle, le commerce des noix a migré de l’agence Qawsoun vers celle de Matbakh Al-Amal à Al-Tambekiyya dans le quartier d’Al-Gamaliya, qui a été dédiée à la vente de différentes variétés de yamich. Aujourd’hui, pour se procurer du yamich, les Cairotes se rendent au marché Al-Balah à Rod Al-Farag, à Choubra, et au quartier Bayn Al-Soureine à Al-Gamaliya, où ils trouvent un large choix des produits du yamich frais et aux couleurs attrayantes.

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