Dimanche, 08 décembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Economie >

A Alexandrie, du marketing à l’air du temps

Par Amira Samir Alexandrie, correspondanceLe, Mercredi, 06 mars 2024

Par solidarité, mais aussi pour attirer les clients, les vendeurs du marché de Haqqaniya d’Alexandrie ont baptisé les différentes variétés de dattes des noms de villes palestiniennes. Une stratégie relativement gagnante.

A Alexandrie, du marketing à l’air du temps
(Photo : Ibrahim Mahmoud)

Gaza, Al-Qods, Jénine, Tulkarem, Acre, Al-Khalil, Ramallah, Bethléem, Naplouse, Jaffa … Tels sont les noms des différents types de yamich et de dattes vendus par Ali Ismaïl, l’un des herboristes du célèbre marché de Haqqaniya à Alexandrie. Selon cet herboriste, l’initiative « La Palestine dans le coeur » vise à sensibiliser sur la situation tragique que vivent les Palestiniens. « Malgré les préoccupations quotidiennes liées au mois du Ramadan, Gaza ne quitte pas les esprits des Egyptiens. En donnant ces noms aux différentes variétés de dattes, on fait un geste symbolique de solidarité, alors que d’habitude, on choisit des noms d’artistes célèbres, de joueurs de football, etc. », explique Ali Ismaïl qui a insisté sur le fait que les noms des villes palestiniennes soient écrits avec leurs noms palestiniens d’origine et qu’il choisit aussi des noms de villes qui appartenaient à la Palestine historique, même si elles font aujourd’hui partie de l’Etat d’Israël.

La coutume veut que l’on rompe le jeûne par une datte. Cette année donc, la Palestine sera présente au quotidien à tel point que les Alexandrins privilégient celles portant les noms de villes palestiniennes, sans se soucier de leur variété ou de leur prix. Les prix de ces dattes varient entre 30 et 60 L.E. le kilo. « Les prix des dattes sont à la portée de la classe moyenne, mais bien sûr la demande est plus grande sur les moins chères », affirme Ali Ismaïl qui prévoit que les dattes d’Al-Qods seront les plus populaires sur les marchés d’Alexandrie ce Ramadan. Et en plus de ce geste symbolique, Ismaïl a décidé que les dattes et autres fruits secs seront offerts gratuitement aux Palestiniens en guise de solidarité.

Une affluence modérée

Le marché de Haqqaniya, à l’ouest d’Alexandrie, est le plus important marché de la ville à offrir les produits liés au Ramadan. Ici comme ailleurs, les décorations propres au Ramadan et la foule de plus en plus intense annoncent l’arrivée prochaine du mois sacré. Fondé il y a plus de 150 ans, adjacent à la cour de Haqqaniya au quartier de Manchiya, il a pris différents noms : « Rateb pacha, Al-Haqqaniya et Noubar », à travers son histoire. Le nom Abou-Bakr Rateb pacha fait référence au gouverneur d’Alexandrie en 1854, qui construisit de nombreux bâtiments pour servir les habitants d’Alexandrie, dont ce marché, également célèbre pour la vente de viande, de volaille, de poisson, d’ustensiles de ménage et de tissus, ainsi que de yamich, de dattes et de décorations du Ramadan. C’est aussi ici que se trouvent la plupart des grands commerces de gros d’épices et de plantes médicinales. Après de nombreuses années qui ont modifié les caractéristiques de nombreuses régions d’Alexandrie, la Perle de la Méditerranée, le marché de Haqqaniya conserve toujours un caractère spécial. Il comprend encore d’anciennes boutiques qui appartenaient aux communautés étrangères qui vivaient dans la région de Manchiya. Il y a des années, ce marché était considéré comme le seul à vendre des confiseries à Alexandrie, dans seulement deux magasins, dont l’un a été fondé par un Grec qui vivait à Alexandrie il y a une centaine d’années.

Si au fil des ans, les choses ont quelque peu changé, le Ramadan garde ici toute son essence. Malgré la crise, Hassan Galal, vendeur, confirme que tous les produits relatifs au mois sacré, yamich, noix, fruits secs et dattes, demandés par les clients, sont disponibles au marché de Haqqaniya. « Tout est disponible en abondance : raisins secs égyptiens, iraniens et turcs, toutes sortes de dattes, qamareddine (pâte d’abricot), noix de coco, figues sèches, pruneaux, abricots secs, tamarins, hibiscus, etc. », étale Galal. Et d’ajouter : « Ici, les prix sont bien inférieurs à ceux des autres marchés d’Alexandrie. La demande commence au milieu du mois lunaire de Chaabane et augmente progressivement jusqu’au début du mois sacré. Les prix sont stables et variés. Cependant, l’activité commerciale sur les marchés d’Alexandrie est modérée », affirme Galal, qui a nommé, lui aussi, l’un des types de dattes d’Assouan « Gaza la ville courageuse ». Une façon de soutenir la cause palestinienne mais aussi d’attirer plus de clients.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique