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Pour un budget plus rentable et plus efficace

Amani Gamal El Din , Mercredi, 28 février 2024

Le gouvernement égyptien a pris des mesures pour réaliser la discipline financière et budgétaire. Objectif affiché : réduire le déficit budgétaire et le ratio de la dette par rapport au PIB. Explications.

Pour un budget plus rentable et plus efficace
Le budget général du gouvernement commencera par les petits organismes et en terminera avec les plus grands. (Photo : AFP)

Le gouvernement égyptien a pris des mesures concrètes pour réaliser la discipline financière et budgétaire. L’une des conditions du Fonds Monétaire International (FMI) pour ajourner la première et la deuxième révision dans le cadre du programme de réforme économique et du prêt de 3 milliards de dollars était la consolidation fiscale. Cela signifie la réalisation du triple objectif de réduire le déficit budgétaire, de générer des revenus et de diminuer la dette par rapport au PIB. Des mesures qui s’avéraient nécessaires.

« Nous cherchons l’intérêt général. Les experts du comité économique du Dialogue national ont mis l’accent en juin dernier sur la nécessité de réformer les finances publiques sur des bases de transparence et de bonne gouvernance », a déclaré Dr Doha Abdel-Hamid, experte internationale en finances.

C’est dans ce contexte qu’est survenu le projet de loi du ministère des Finances sur le budget général du gouvernement. Approuvé par le Conseil des ministres, il sera prochainement soumis au Conseil des députés. Il s’agit d’un amendement de certaines dispositions de la loi unifiée sur la finance générale en vigueur actuellement. En vertu de ces amendements, les budgets des 59 organismes économiques et celui de l’Etat fusionneront au niveau des dépenses et des recettes dans un nouveau budget consolidé appelé « budget général du gouvernement ».

Améliorer les indicateurs financiers

Dans un communiqué, le ministre des Finances, Mohamed Maait, a déclaré que le budget total des organismes économiques, qui sont au nombre de 59, sera unifié avec le budget de l’Etat en ce qui a trait aux dépenses et aux recettes. « L’un des objectifs du nouveau modèle budgétaire est d’améliorer les indicateurs financiers. Les recettes du budget général de l’Etat et des 59 organismes réunis totalisent 5 000 milliards de L.E., alors que le budget de l’Etat, seul, s’élève à 2,1 mille milliards de L.E. Cela faisait que les indicateurs n’étaient pas précis », a expliqué Maait. Le budget sous sa nouvelle forme commencera à l’exercice financier 2024-2025 avec 40 organismes économiques seulement.

Selon Mohamed Shadi, économiste au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques : « Le budget général du gouvernement permettra une planification plus globale et le gouvernement aura la possibilité d’étendre ses plans et ses stratégies dans tous les dossiers car il disposera de fonds supplémentaires. L’Etat aura à sa disposition des actifs qu’il pourra gérer et pas uniquement des recettes. Des informations sur les budgets des organismes étatiques seront prochainement divulguées ».

Selon le ministre des Finances, il faudra ultérieurement fixer un plafond pour les dettes des organismes étatiques. Ceux-ci ne seront pas autorisés à s’endetter au-delà d’un certain seuil. D’autre part, la maturité des dettes sera prolongée à quatre ans (au lieu de trois actuellement) pour réduire les crédits de courte durée qui sont plus coûteux, a ajouté le ministre des Finances. En effet, le ratio de la dette par rapport au PIB a connu une hausse à cause de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt à 95,7 % du PIB en juin dernier contre 80 % au même mois en 2020.

Des statuts très contrastés

Shadi affirme que, dans tous les modèles économiques, les budgets des entreprises étatiques sont connectés au budget de l’Etat. Le problème est que le statut des 59 organismes économiques est très contrasté. Certains budgets sont excédentaires, tandis que d’autres sont déficitaires ou endettés. Leurs systèmes de comptabilité sont différents les uns des autres. Et il faudra du temps pour les unifier.

Selon l’expert, les trois grands organismes, l’Organisme général du pétrole, l’Organisme du Canal de Suez et l’Organisme du développement urbain, détiennent des budgets énormes, alors que les budgets d’autres organismes peuvent ne pas dépasser les quelques millions de L.E. C’est le cas par exemple de l’Institut du coton, entre autres. « Il est donc tout à fait normal, comme l’a suggéré Maait, de mettre en place le processus graduellement en commençant par les petits organismes et en terminant avec les plus grands », commente l’analyste.

« Pour une meilleure application, il faut évaluer la situation de ces organismes qui ont toujours travaillé avec la logique du business et il faut étudier comment leurs fonds et leurs actifs seront gérés. Il y aura des problèmes techniques énormes et ce ne sera pas facile. Car chaque organisme a un statut juridique qui lui est propre et qui règlemente son travail », poursuit Shadi.

Selon Abdel-Hamid, il est indispensable d’appliquer les indicateurs de performance à tous les organes qui sont représentés dans le budget général, en se basant sur des programmes d’évaluation et de suivi.

« Le problème est que, dans le système actuel du budget, on détermine les dépenses sans mesurer les rendements via des programmes de suivi et d’évaluation. C’est pourquoi le déficit budgétaire ne cesse d’augmenter en raison de la hausse continuelle des dépenses qui représentent le double des revenus », clarifie l’experte.

Les indicateurs de performance mesurent la relation entre le financement requis et les résultats attendus. Ce type de budgétisation est utile en vue de dépenses budgétaires plus rentables et plus efficaces. Selon Abdel- Hamid, la plupart des organismes ont commencé effectivement à appliquer le nouveau système. Mais Shadi met en garde contre une éventuelle résistance de la part des employés. « Une communication subtile avec eux sera nécessaire », conclut-il.

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