En vue d’alléger la pression sur le billet vert, la Poste égyptienne a durci les conditions d’utilisation de ses cartes. La semaine dernière, elle a envoyé des messages à ses clients pour les informer de la suspension des retraits et des achats via les cartes EasyPay dans les transactions internationales. Pendant la même semaine, un groupe de banques égyptiennes a suspendu l’utilisation à l’étranger des cartes de crédit nouvellement émises pendant une période allant de 3 à 6 mois à compter de la date d’émission. De même, elles ont informé leurs clients de limiter l’utilisation à une seule carte de crédit dans les transactions internationales, que ce soit pour les achats ou pour les retraits d’espèces, en cas de possession de plusieurs cartes de crédit. « La Banque Centrale d’Egypte (BCE) a recommandé aux banques, dans des instructions verbales la semaine dernière, de s’attaquer à toute utilisation anormale conduisant à une demande injustifiée de devises étrangères », a noté à l’Hebdo un responsable au sein d’une banque privée ayant requis l’anonymat, en justifiant la prise de cette décision par la demande accrue de la part des clients pour l’obtention de nouvelles cartes de crédit et la croissance significative de l’utilisation de ces cartes à l’étranger. « La BCE accorde une flexibilité aux banques dans le traitement de ces cas, de sorte que les décisions des banques concernant l’utilisation de nouvelles cartes à l’étranger varient selon chaque banque », renchérit-il.

Parmi les banques les plus importantes qui ont suspendu l’utilisation de nouvelles cartes de crédit pendant une période de 6 mois à compter de la date d’émission, figurent les deux banques publiques (la Banque nationale d’Egypte et la Banque Misr) et la banque privée CIB. Tandis que d’autres banques, telles que Arab African International Bank et Al-Ahli Qatar National Bank, se sont contentées d’arrêter l’utilisation des cartes à l’étranger pendant seulement 3 mois à compter de la date d’émission.

La mise en application de ces restrictions intervient dans le cadre de la politique de la BCE visant à limiter l’utilisation des cartes bancaires en dehors du pays pour arrêter le drainage de devises. En octobre, la BCE a ordonné aux banques opérantes en Egypte de cesser l’utilisation des cartes de débit dans les opérations internationales et de baisser les limites de retrait en espèces et d’achat en devises étrangères des cartes de crédit.

Le directeur du département des recherches auprès de Cairo Financial Holding, Hani Guéneina, a décrit ces décisions comme étant temporaires et importantes au moment actuel pour alléger les pressions sur le billet vert en raison des répercussions des conditions géopolitiques sur les revenus du Canal de Suez et du tourisme. « Cependant, ces mesures ne sont pas effectives pour remédier au problème de change en Egypte. En 2024, il est important de mettre en place des mesures structurelles liées à la dévaluation de la monnaie nationale face au dollar, telles que la hausse des intérêts bancaires pour inciter les Egyptiens à garder la livre égyptienne et la vente des actifs publics en augmentant le rôle du secteur privé dans l’économie », recommande-t-il.