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Hausse temporaire des prix du gaz

Gilane Magdi , Vendredi, 10 novembre 2023

Les prix du gaz naturel en Europe ont grimpé de presque 35 % au cours du mois suivant le conflit à Gaza, en raison de la chute des approvisionnements de la mer du Nord et l’état d’incertitude sur la situation au Proche-Orient.

Hausse temporaire des prix du gaz
La Banque mondiale prévoit la baisse des prix du gaz en 2023 et 2024. (Photo : Reuters)

Un mois après la guerre israélienne contre la bande de Gaza, les prix du gaz naturel ne cessent de grimper en Europe et dans le monde. Le dernier rapport de la Banque Mondiale (BM) sur « Les perspectives des marchés des matières premières », publié la semaine dernière, dresse une première évaluation des conséquences potentielles à court terme du conflit sur les marchés des produits de base, y compris le gaz naturel. « Le prix du gaz naturel européen a bondi de 35 % dès le début du mois d’octobre, après la fermeture d’un champ gazier au large des côtes israéliennes suite à une explosion d’un interconnecteur dans la mer Baltique et après les inquiétudes concernant l’escalade du conflit dans la région du Moyen-Orient », indique le rapport, en soulignant que l’indice des prix du gaz naturel de la BM avait augmenté, avant le conflit, de 2 % seulement au troisième trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent. L’envolée des prix comprend aussi les contrats à long terme. Selon les données de Trading Economics, les contrats européens à terme sur le gaz naturel ont augmenté de 25 % au cours du mois dernier, passant à 48,6 euros le mégawattheure le 4 novembre contre 38,64 euros le 4 octobre, trois jours avant le conflit au Proche-Orient.

Hafez Salmawy, professeur d’ingénierie pétrolière à l’Université de Zagazig et consultant auprès de la BM, a décrit la flambée des prix du gaz naturel sur le marché immédiat et à terme comme étant temporaire. « La hausse des prix du gaz naturel en Europe se transmet aux autres marchés étant donné que les producteurs de gaz naturel se dirigent vers les marchés européens pour profiter de la hausse des prix ou exigent une prime de risque pour rester sur leurs propres marchés », explique-t-il à l’Hebdo, en attribuant la hausse des prix en premier lieu à la perturbation des approvisionnements norvégiens en raison de la maintenance de certains puits dans la mer du Nord. « La Norvège est responsable de 40 % de l’approvisionnement de l’Union européenne en gaz naturel. Les problèmes d’approvisionnement indiquent une baisse prévue des exportations vers le continent européen et par conséquent les prix s’envolent », note-t-il en prévoyant le retour des prix à la baisse avec la fin des travaux de maintenance dans les puits de la mer du Nord. Pour lui, l’impact de la guerre israélienne contre la bande de Gaza et la perturbation des exportations israéliennes et égyptiennes de gaz naturel sont limités sur les prix et viennent en second lieu. « Les exportations de gaz naturel de l’Egypte et d’Israël ne représentent que 8 % seulement des importations européennes. L’Union Européenne (UE) est capable de compenser cette chute des exportations d’autres sources telles que les Etats-Unis, l’Algérie et le Qatar », renchérit-il.

L’envolée des prix intervient à un moment très difficile au Moyen-Orient, caractérisé par la suspension des exportations de certains pays tels que l’Egypte et Israël. A la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre, le ministère israélien de l’Energie a annoncé la suspension temporaire de la production du champ gazier offshore de Tamar, qui approvisionne principalement le marché intérieur, suivi de l’Egypte et de la Jordanie. L’agence Reuters a indiqué cette semaine le retour des exportations israéliennes en petites quantités. Israël exporte une partie de sa production gazière vers l’Egypte qui dispose de capacités de liquéfaction et qui est l’un des fournisseurs de l’Europe. Les exportations totales de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) de l’Egypte ont atteint environ 7 millions de tonnes en 2022, dont 5 millions de tonnes exportées vers l’UE qui achète 96 millions de tonnes par an. « Les exportations israéliennes de GNL n’auront que peu d’effet sur le marché gazier de l’Europe du Nord-Ouest ou sur le marché gazier méditerranéen. Le conflit en cours aura probablement un impact limité sur la hausse des prix du gaz à court terme. Il se traduira par une prime due aux risques géopolitiques évidents sur les prix de l’énergie », a déclaré, à la chaîne Al-Arabiya, Fayçal Al-Fayek, consultant en affaires de marketing énergétique et pétrolier et ancien directeur du marketing en Asie et au Pacifique pour la société saoudienne de production pétrolière Aramco.

Perspectives d’avenir

Le rapport de la BM prévoit le recul des prix du gaz naturel dans l’avenir, selon des scénarios multiples. « En supposant que le conflit au Moyen-Orient n’augmente pas et que le niveau des récentes hausses de prix baisse, les prix du gaz naturel devraient être nettement inférieurs en 2023 par rapport à 2022 », indique le rapport, qui ajoute qu’en cas d’escalade du conflit au Moyen-Orient, les perturbations dans l’approvisionnement en pétrole pourraient avoir un impact en cascade sur les prix du gaz naturel, notamment en Europe et en Asie, où une part importante est vendue sous forme de GNL. « Les prix vont baisser de 68 % en 2023 et de 4 % en 2024 avant d’augmenter de 4 % l’année suivante », prévoit le rapport en notant que la demande sur le gaz naturel devrait rester stable en Europe aux niveaux de 2023, avec un déclin du secteur de l’électricité (en raison de l’augmentation de la dépendance à l’égard des énergies renouvelables). « Après une légère baisse en 2023, la production mondiale devrait augmenter d’environ 1,6 % en 2024 et 2025 », prévoit le rapport.

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