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Pour relancer l’économie, nouvelles ventes d’actifs publics

Amani Gamal El Din , Mercredi, 19 juillet 2023

Le premier ministre, Moustapha Madbouli, a annoncé la vente de 7 actifs publics. Une mesure nécessaire pour se procurer des devises étrangères et restaurer la confiance des marchés.

Pour relancer l’économie, nouvelles ventes d’actifs publics

Le gouvernement a finalement annoncé la vente, longuement attendue, d’actifs publics, lançant son programme des IPO (Initial Public Offering, appel d’offres publiques). La nouvelle a été rendue publique par le premier ministre, Moustapha Madbouli, le 11 juillet. « L’Egypte a signé des contrats avec le secteur privé pour vendre des entités publiques d’une valeur de 1,9 milliard de dollars dans le cadre du programme d’introduction en Bourse (IPO) que le pays a adopté plus tôt cette année. Nous avons jusqu’ici finalisé 25 % de la quatrième phase du programme des IPO », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que dans les mois à venir, le gouvernement cible des transactions de vente d’une valeur de 1 milliard de dollars. « Nous sommes engagés à répondre à notre promesse d’introduire de plus en plus le secteur privé comme acteur dans des domaines stratégiques, pour inciter ainsi la croissance et l’emploi et assurer la sortie pacifique de l’Etat », a expliqué le premier ministre qui a révélé que la Société financière mondiale (IFC) de la Banque mondiale conseillera le gouvernement dans la préparation de 50 autres entreprises à rejoindre le programme d’introduction en Bourse. En réaction, lors d’une conférence de presse tenue au siège du FMI à Washington, Julie Kozack, porte-parole de l’organisation, a applaudi les transactions conclues par le gouvernement égyptien, soulignant que le FMI continuera à travailler avec lui.

« Il s’agit d’une exécution du Document de la propriété de l’Etat qui parlait d’une autonomisation du secteur privé égyptien », a expliqué la ministre de la Planification et du Développement économique, Hala Al-Saïd. Plusieurs outils et méthodes ont été mis en avant pour autonomiser le secteur privé. « Parmi lesquels l’augmentation du capital de certaines entreprises, en partenariat avec le secteur privé, et l’assignation de la gestion ou du droit d’exploitation au secteur privé. La troisième méthode est la vente de certaines ou de toutes les actions d’une entreprise étatique », a clarifié Al-Saïd.

Dans cette phase, au total 7 transactions ont été finalisées, elles se caractérisent par la diversité des types et des nationalités des investisseurs. Les transactions sont allées à des investisseurs égyptiens et étrangers dans trois secteurs essentiels : la pétrochimie, l’hôtellerie et les centrales énergétiques. Al-Saïd s’est félicitée de l’accord hôtelier d’Egoth (Société générale égyptienne pour le tourisme et les hôtels), qui est une filiale de la Holding Company for Tourism, Hotels and Cinema (HOTAC), l’une des plus grandes sociétés hôtelières de la région. Icon Investments, une filiale de Talaat Mostafa Holding, s’est associée à un partenaire étranger pour augmenter le capital d’Egoth d’environ 37 %, soit 700 millions de dollars.

Pour ce qui est du secteur de la pétrochimie et du forage, le gouvernement égyptien a offert au Fonds d’Abu-Dhabi pour le développement des parts allant de 25 à 30 % de trois sociétés, Ethydco, Elab et National Drilling, d’une valeur de 800 millions de dollars.

Le troisième secteur stratégique, celui du fer et de l’acier, a vu la sortie des actionnaires du secteur public de l’entreprise Ezz Dekheila Steel. La part publique dans celle-ci, de 31 %, a été vendue contre 241 millions de dollars à une filiale de Ezz Steel, la plus grande usine de fabrication d’acier en Egypte, avec une capacité totale de 3,2 millions de tonnes de produits finis en acier par an.

Selon Al-Saïd, d’autres offres de vente sont en vue. La ministre a déclaré que la Banque nationale d’investissement prépare des IPO de 8 entités publiques. Le gouvernement a reçu des offres non contraignantes pour le parc éolien de Gabal Al-Zeit et l’offre gagnante sera annoncée en octobre. Le projet permettra d’obtenir plus de 300 millions de dollars.

L’Egypte a reçu 6 offres pour la société Wataniya et l’offre gagnante sera annoncée en octobre ou novembre. 21 stations de dessalement d’eau de mer d’une capacité totale de 3,3 millions de m3 par jour sont prêtes à être offertes jusqu’en 2025 pour une valeur de 3 milliards de dollars. Jusqu’à présent, 99 investisseurs de 30 pays ont soumis des offres pour les sites et 17 consortiums ont été qualifiés. Quatre stations seront offertes en 2023.

Mohamed Shadi, macro-économiste au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, estime que le choix des trois secteurs est judicieux car ils connaissent un élan important. « Aux yeux des investisseurs, leur potentiel est important. Par exemple, nous projetons 15 millions de touristes en 2023 et le chiffre sera doublé en 2025. Nous sommes en meilleure posture que les marchés concurrentiels comme la Turquie et la Grèce à cause de la dévaluation de la monnaie. Pour ce qui de la pétrochimie, nous sommes dans une révolution industrielle et avec la hausse des cours de pétrole, les industries pétrochimiques seront importantes, d’autant plus que l’Egypte a le potentiel de devenir un hub énergétique. Et, enfin, le secteur du fer et de l’acier fait fonctionner le secteur de la construction qui est fondamental actuellement en Egypte ».

Défis

La réaction du marché égyptien aux nouvelles transactions a été relativement positive et l’indicateur principal du marché financier EGX 30 a connu une légère hausse, ainsi que l’action de Ezz Dekheila Steel. Pour Amr Al-Alfy, chef de la recherche à la banque d’investissement Prime, le marché est prudent et s’apprête aux prochaines transactions.

Alia Moubayed, économiste auprès de Jefferies à Londres, a dit dans une intervention à la chaîne d’informations Al-Arabiya que l’aspect positif est que les transactions des IPO ont été placées dans le cadre de la stratégie de développement de l’Egypte. Selon elle, la prochaine phase verra un plus large engouement à l’égard des actifs égyptiens d’autant plus que l’IFC assumera un rôle de conseiller financier des prochaines transactions et de leur marketing non seulement à des investisseurs arabes, mais aussi étrangers. L’IFC, comme elle l’a fait avec beaucoup d’autres marchés émergeants, placera les transactions de vente dans leur contexte macroéconomique.

« La réussite de ce dossier est conditionnée à la bonne gestion de l’environnement macroéconomique parallèlement à la gestion du taux de change et au soutien du Fonds Monétaire International (FMI). L’avancée des mesures de révision du FMI en septembre prochain devra être en harmonie avec la gestion des 50 entreprises qui seront sujettes à la restructuration dans le cadre du programme des IPO. Quitte à encourager les investisseurs et aider à une meilleure tarification de ces actifs », explique l’économiste. Un nombre de défis doit être pris en compte, explique Moubayed. « Il existe d’énormes défis avec le retour en force de la Turquie. Ce pays et le Pakistan seront des concurrents féroces pour attirer les investisseurs. Quant aux défis locaux, ils se rapportent à la gestion de la prochaine étape de manière harmonieuse avec les demandes du FMI », conclut-elle.

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