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De nouveaux mécanismes pour faire face aux risques financiers

Sara Al-Essawi , Mercredi, 31 mai 2023

Placées sous le thème « Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique », les 58es Assemblées annuelles de la BAD, tenues la semaine dernière à Charm Al-Cheikh, se sont largement penchées sur la question des dettes.

De nouveaux mécanismes pour faire face aux risques financiers
Les pays africains ont besoin plutôt d’investissements directs.

Les 58es Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD), qui se sont tenues à la station balnéaire de Charm Al-Cheikh la semaine dernière, se sont attelées primordialement à présenter de nombreuses solutions à la crise des dettes qui présente des perspectives sombres sur les pays africains, à des degrés variés. Malgré le thème des réunions : « Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique », la question de la dette a occupé une place de choix dans les discussions des gouverneurs des Banques Centrales des pays membres de la BAD, et a été au centre des discours des responsables et décideurs des pays du continent.

Avec la persistance de la crise mondiale qui a sapé les efforts de réforme dans de nombreux pays africains, une partie des discussions a focalisé sur cette crise, ses répercussions sur le dossier du financement et sur le niveau de la dette publique et de l’inflation. Une attention a été portée aux questions climatiques, comme résultat naturel de la baisse du financement et de l’échec des grands pays à tenir leurs promesses de financer des projets verts dans les pays en développement d’une valeur de 100 milliards de dollars.

L’intervention du premier ministre Moustapha Madbouli a eu de larges échos vu la relation qu’il a faite entre les institutions financières internationales et les pays africains. Une relation, entachée, surtout en pleine crise mondiale, d’une certaine injustice, selon les paroles du premier ministre. Madbouli a comparé le statu quo des Etats africains à un cercle vicieux de lacunes et de crises financières. Il a expliqué que le continent africain payait cher le prix de la crise mondiale et de ses répercussions. A l’heure où les institutions financières mondiales imposent des critères de financement très stricts. A la lumière de ce cercle vicieux dans lequel sont piégées les économies des pays africains, Madbouli a souligné les évaluations des institutions de notation de crédit mondiales pour les pays africains, qui sont considérés dans la plupart comme pays à risque moyen ou élevé. Quitte à restreindre davantage le financement et à réduire les chances de son obtention.

Dans le même ordre d’idées, le gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), Hassan Abdullah, a appelé à faire face à la crise de la dette vu les pressions et les fardeaux qu’elle représente pour les économies des pays africains. Il a appelé à mettre en oeuvre « des plateformes et des mécanismes de refinancement de la dette et de confrontation des risques financiers mondiaux, ainsi que ceux des fluctuations des taux de change, qui ont à leur tour entraîné une augmentation significative des coûts d’obtention de liquidités financières ». Le gouverneur a attribué le risque élevé des fluctuations des taux de change dans les pays africains au fait que ces pays empruntent en devises pour mettre en oeuvre des projets de développement à long terme. Et qu’en contrepartie, ils obtiennent les rendements de ces projets en monnaie locale, soulignant qu’il s’agit là de l’un des principaux problèmes liés au recours à l’emprunt extérieur. Abdullah a appelé la BAD, en tant qu’institution ayant obtenu la meilleure notation de crédit sur le continent, à mobiliser des liquidités à faible coût et des financements concessionnels et à les réinjecter dans les pays du continent pour renforcer la stabilité économique et financière.

IED et obligations vertes

Le gouverneur a évoqué d’autres mécanismes pour faire face à la crise de la dette et au financement, comme la tendance à attirer des capitaux du secteur privé. « Les pays africains n’ont pas tant besoin de prêts à coût élevé, mais plutôt d’investissements directs, qui sont basés sur des études de faisabilité et de rentabilité. Ces investissements doivent dépendre des rendements élevés sur le capital, tout en réduisant le coût des prêts et augmentant les conditions de remboursement des projets d’investissement direct », a-t-il souligné.

Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a, quant à lui, estimé « qu’il devenait de plus en plus difficile d’accéder à des ressources financières pour les pays africains qui gisent encore sous le choc des effets de la pandémie de Covid-19. Au lendemain de la pandémie, les crises se sont désormais exacerbées par le changement climatique, la dette et l’inflation causées par une combinaison de conflits géopolitiques mondiaux et de tendances inflationnistes mondiales élevées », a-t-il analysé. Adesina a mis l’accent sur la faiblesse du financement climatique du continent, qui ne dépasse pas 3 % du volume du financement mondial. Soulignant que l’un des mécanismes efficaces de financement est le recours aux obligations vertes pour mobiliser la finance verte mondiale pour l’Afrique. Et ce, à l’heure où l’Afrique ne dispose actuellement que de 0,042 % des obligations vertes mondiales cumulées émises entre 2007 et 2018 et émises jusqu’en 2022. Ceci dit, il existe de grandes opportunités d’expansion dans ce domaine. Kevin Orama, vice-président de la BAD, a de son côté déclaré que « le risque de défaut de paiement de la dette augmente dans certains pays africains, compte tenu de l’accumulation de la dette et de l’évolution de la structure de la dette publique au cours de la dernière décennie. Ajoutons à cela les pressions financières supplémentaires causées par la hausse du dollar américain et des politiques de resserrement des conditions monétaires à l’échelle mondiale ». Il a conclu en disant que le changement climatique pourrait entraîner une augmentation des pertes et des endommagements dus aux phénomènes météorologiques extrêmes et exacerber les risques financiers pour les pays. Il a noté que la forte dépendance sur les exportations des produits de base à faible valeur ajoutée expose les pays à la volatilité des prix de ces éléments et pourrait, en l’occurrence, retarder la transition structurelle vers une économie verte.

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