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La croissance affectée par la donne mondiale

Amani Gamal El Din , Vendredi, 24 mars 2023

Le taux de croissance en Egypte a connu un recul dans la première moitié de l’année fiscale 2022-2023, en raison des problèmes de financement dus aux perturbations économiques mondiales. Analyse.

La croissance affectée par la donne mondiale
Une forte consommation due à une démographie galopante devrait éviter à l’Egypte une récession.

Le gouvernement vient de publier les chiffres des indicateurs macroéconomiques les plus importants de la première moitié de l’année fiscale en cours, 2022-2023. Au cours d’une réunion du cabinet ministériel, la ministre de la Planification et du Développement économique, Hala Al-Saïd, a revu à la baisse le taux de croissance en pourcentage du PIB au deuxième trimestre de 2022-2023, le situant à 3,9%. Les mêmes données préliminaires chiffrent la croissance dans la première moitié de l’année fiscale à 4,2% au lieu de 5% projetée auparavant et 6,6% un an plus tôt. «  Ceci malgré la situation économique incertaine imposée par les défis et les changements économiques et géopolitiques mondiaux », a déclaré la ministre. Les perspectives mondiales de la croissance prévoient un ralentissement économique qui aura ses répercussions sur toutes les régions du monde. Elle situe la croissance à 2,9% en 2023 contre 3,4% en 2022 et 6% en 2021. D’après Al-Saïd, il est prévisible que l’activité du commerce mondial soit de 2,4% en 2023 contre 5,4% en 2022. « Malgré les séquelles potentielles de la guerre russo-ukrainienne qui persisteront jusqu’à l’année prochaine, il est prévisible que la croissance d’ici la fin de l’année 2022-2023 soit autour du même chiffre, 4,2 % », a récapitulé Al-Saïd.

Etant donné ces circonstances, Mohamed Shadi, macro-analyste au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, souligne que le taux estimé par le gouvernement est plutôt optimiste. Il estime que la croissance est de l’ordre de 3,5%. « A mon avis, les taux devront être plus bas à cause du problème de financement énorme auquel le monde est confronté. D’une part, les coûts de financement sont très élevés; il sera donc difficile de financer les secteurs qui stimulent la croissance, comme le secteur de la construction et de l’infrastructure. Nous finançons avec des taux d’intérêt frôlant les 11% pour les derniers sukuk souverains. D’autre part, les projets d’infrastructure sont sur le point d’être finalisés, et donc les incitateurs de croissance de ce secteur ne sont plus », analyse Shadi. Il explique que sur le plan mondial, la faillite de Silicon Valley Bank engendrera davantage de répercussions sur la question de financement, notamment celui adressé aux marchés émergents. Les banques auront peur de ce qu’on appelle l’état de contamination et donc le financement sera freiné. Il estime que dans un tel contexte, il vaut mieux reporter ce financement et accepter des taux de croissance quelque peu réduits.

Des secteurs en croissance

Selon Al-Saïd, malgré une croissance en recul, certains secteurs ont réalisé du progrès et ont contribué à 80% du PIB au deuxième trimestre de l’année financière 2022-2023 en comparaison avec la même période de l’année précédente. Il s’agit en particulier des secteurs des télécommunications, de l’agriculture, du commerce de gros et de détail, de la construction immobilière, des services des affaires et sociaux, ainsi que des infrastructures. En outre, les revenus du Canal de Suez ont atteint 2,2 milliards de dollars à la même période; avec une moyenne mensuelle de 722 millions, contre 1,7 milliard de dollars et 561 millions de dollars respectivement dans la même période de l’année dernière. « Ceci revient aux politiques de marketing adoptées par l’Organisme du Canal de Suez qui ont pu attirer de nouvelles lignes maritimes. La carte du commerce mondial a été modifiée en raison de la crise russo-ukrainienne », a expliqué le communiqué du ministère. Al-Saïd a également souligné que le problème de l’inflation demeure entier— 32,2% en février et 40% en mars—, ce qui portera atteinte aux objectifs de la croissance.

De son côté, l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques a annoncé que le déficit de la balance commerciale avait baissé de 54 %, atteignant 1,93 milliard de dollars en décembre 2022 contre 4,2 milliards en 2021. Cette baisse est due au recul des importations de 28% en décembre, enregistrant 6,11 milliards de dollars contre 8,49 milliards au même mois en 2021. En même temps, les exportations ont également légèrement baissé de 2,7 % en décembre 2022 pour enregistrer 4,18 milliards de dollars contre 4,29 milliards l’année précédente.

« J’écarte la possibilité d’une récession, bien qu’elle soit une menace mondiale. Car, en Egypte, on a une forte consommation due à une démographie galopante. Cette démographie travaille surtout sur des secteurs comme l’énergie, les aliments et les boissons et le commerce de détail, ce qui soutient le marché d’une manière grandissante, surtout avec la forte consommation du mois du Ramadan. Il y a toujours une forte demande sur les produits alimentaires. Ajoutons la haute demande sur le mariage qui alimente énormément d’autres secteurs comme l’immobilier, l’ameublement et autres secteurs liés », analyse Shadi. Pour les mêmes raisons démographiques, l’analyste s’attend à un meilleur taux de croissance dans la seconde moitié de 2022-2023, parce qu’il y a beaucoup de secteurs qui sont en rapport avec la consommation des denrées essentielles, parmi lesquels le secteur alimentaire, le commerce de détail, le système bancaire, la construction, les télécommunications et le tourisme.

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