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Réduire les subventions à l’énergie

Amani Gamal El Din , Mercredi, 08 mars 2023

Les prix du carburant ont été revus à la hausse, en raison de la fluctuation des cours mondiaux du pétrole et la dévaluation de la livre égyptienne. Analyse.

Réduire les subventions à l’énergie
L’Etat veut réduire l’écart entre les prix mondiaux et ceux du marché local.

Le comité d’indexation des prix du carburant, chargé de la mise en oeuvre du mécanisme d’application trimestrielle des prix des produits pétroliers, a décidé, le 2 mars, d’augmenter les prix sur le marché local. Ainsi, les prix des différents types de carburant ont connu une hausse ente 7 et 10 %. L’essence 80 octane est passée à 8,75 L.E. pour le litre; l’essence 92 à 10,25 L.E. et l’essence 95 à 11,50 L.E. Le prix du mazout destiné aux boulangeries a augmenté, pour atteindre 6000 L.E. par tonne. Cependant, les prix du solar et du mazout destinés à l’usage électrique et aux industries alimentaires ont été maintenus à 7,25 L.E.

Dans un communiqué, le comité a justifié sa décision par la fluctuation des cours mondiaux du Brent (brut de référence) et du taux de change de la livre égyptienne par rapport au dollar. De même, la décision se justifie par l’accroissement du déficit budgétaire qui devrait atteindre 6,8% du PIB à la fin de l’exercice financier actuel 2022-2023, alors que les projections le chiffraient à 6,1% il y a quelques mois (voir encadré). « Même après ces augmentations, il y a toujours une pression sur le budget. Le coût assumé par l’Etat est encore exorbitant, car il existe encore un écart avec les coûts effectifs des différents types d’essence », indique Hicham Hamdi, analyste au département de la recherche de la banque d’investissement Al-Naeem Holding.

Prix inférieurs aux cours mondiaux

Selon une note publiée par Al-Naeem Holding, la révision des prix était un développement attendu, après la signature du nouveau programme de réforme avec le FMI. « Les prix du carburant en Egypte sont encore bien en deçà du seuil de rentabilité (c’est le point où les coûts sont égaux aux rendements dans le calcul des subventions). Selon nos calculs, le prix du diesel est inférieur de 50% comparé aux indices mondiaux. L’essence (indice d’octane 95), en revanche, est vendue à un rabais de 40% par rapport aux prix internationaux. Compte tenu de l’écart important entre le prix du marché et le seuil de rentabilité, nous nous attendons à ce que d’autres hausses soient mises en oeuvre lors de la prochaine révision du comité », analyse la note.

Mohamed Shadi, macro-analyste au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, explique que l’Etat a commencé à lever les subventions sur les produits pétroliers depuis 2016 de 15 %. Ensuite, la différence des prix était assumée à 70% par l’Etat et 30% par le citoyen. Même avec la levée progressive des subventions, l’Etat recourait à un emprunt coûteux pour combler l’écart. Ce dernier était indirectement payé sous forme de service de dettes, qui ont atteint 42 % des dépenses budgétaires totales, selon les nouvelles estimations gouvernementales. L’analyste explique que si le gouvernement continue sur cette voie jusqu’en 2025, la facture du service de la dette sera exorbitante. « La solution est d’arrêter l’emprunt pour financer la subvention des produits pétroliers. Il faut supprimer les subventions à l’énergie. Elles sont non rationnelles, car elles bénéficient aux riches aux dépens des pauvres. Ainsi, les taux d’emprunt pour des produits de consommation reculeront et la facture de la dette s’allégera », analyse Shadi.

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