L’Union égyptienne des industries prépare la liste des besoins des usines en matières premières. (Photo : Al-Ahram)
Le dossier du « crédit documentaire » a dominé les rencontres du nouveau gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), Hassan Abdallah, au cours de la semaine dernière avec les dirigeants des banques, les membres du gouvernement et le premier ministre, Moustapha Madbouli. « Le premier ministre a discuté avec le gouverneur de la BCE de la mise en application de la décision d’exclure les biens d’équipement et les fournitures de production du système de crédit documentaire. Ils ont aussi discuté des politiques proposées pour traiter ce dossier à l’avenir afin d’assurer la disponibilité de divers produits sur le marché local et la poursuite du cycle de production et de l’économie », selon le communiqué de presse publié le 28 août par le Conseil des ministres. Cette rencontre intervient 4 jours après la première réunion du nouveau gouverneur avec les dirigeants des banques et les membres du gouvernement pour discuter du même dossier afin de trouver des solutions pour répondre aux besoins des importateurs en dollars. Selon l’agence Bloomberg, la BCE a appelé les banques opérant dans le pays à faire un recensement des demandes d’importation existantes et prévues jusqu’à fin juin 2023. De même, le nouveau gouverneur a relevé la limite quotidienne que les entreprises peuvent retirer de leurs comptes bancaires pour les aider à répondre à leurs besoins en monnaie nationale (voir encadré).
En février dernier, la BCE a cessé de traiter les « documents d’encaissement » dans la mise en oeuvre de toutes les opérations d’importation, et a commencé à travailler uniquement sur des « crédits documentaires ». Cela signifie que les importateurs doivent verser le montant total de leurs marchandises importées à l’avance ou obtenir des facilités bancaires. Cette décision a soulevé une vague d’oppositions auprès des importateurs et du secteur industriel, entraînant la disparition de divers produits du marché. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a décidé, en mai dernier, d’exclure les intrants dans la production et les matières premières du système des « crédits documentaires » et de rétablir celui des documents d’encaissement.
La publication de cette nouvelle a rassuré le secteur industriel sur une percée dans ce dossier important qui était l’une des causes du départ de Tareq Amer de la direction de la BCE. « C’est un message adressé au secteur industriel et aux milieux d’affaires national et étranger que le gouvernement va assouplir les restrictions sur les importations et que les banques possédaient les liquidités nécessaires pour répondre aux besoins des importateurs des matières premières et des biens stratégiques », a noté à l’Hebdo Aliaa Mamdouh, présidente du département des recherches au sein de la banque d’investissement Beltone, en écartant la possibilité d’annuler les crédits documentaires et de revenir au système du document d’encaissement.
Le secteur industriel répond à l’appel
La Fédération égyptienne des industries et l’Union des chambres commerciales ont vite répondu à l’appel de la BCE et ont annoncé qu’elles préparent une liste des matières premières et des besoins des usines pour qu’ils soient exonérés du système de crédit documentaire. « Le gouvernement a commencé à dresser la liste des problèmes du secteur industriel et à discuter de la facilitation de la livraison des marchandises bloquées dans les ports en raison des restrictions à l’importation », a annoncé Mohamed Al-Bahi, membre du conseil d’administration de la Fédération des industries égyptiennes, à la chaîne CNN, ajoutant que la fédération présentera plusieurs demandes au nouveau gouverneur de la BCE pour la revitalisation du secteur industriel, notamment l’annulation des crédits documentaires dans toutes les opérations d’importation.
Le département de l’industrie des équipements électriques au sein de la Fédération des industries a terminé sa propre liste des composants de la production. « Le département a identifié 12 éléments de production à inclure dans la liste », a noté le président du département, Bahaa Al-Adli, insistant sur l’importance de gérer les devises étrangères pour résoudre les problèmes avec les fournisseurs à l’étranger et faciliter le déblocage des cargaisons des besoins de production accumulées dans les ports, ce qui contribue à rétablir la stabilité des chaînes d’approvisionnement des usines. « La communauté industrielle comprend les mesures prises par la BCE pour ne pas épuiser les réserves de change et préserver les ressources en dollars. Mais les besoins des usines en matières premières doivent être satisfaits pour leur éviter d’arrêter le travail et pour augmenter les exportations vers l’étranger », renchérit-il.
Le nouveau ministre du Commerce et de l›Industrie, Ahmad Samir, a déclaré cette semaine que des travaux sont en cours sur un ensemble de mesures qui permettront d›accélérer l’ouverture des crédits documentaires nécessaires à l›achat de matières premières et de pièces détachées. « Ces mesures comprennent aussi la facilité d’obtenir des financements auprès du secteur bancaire », a déclaré le ministre dans un communiqué de presse, publié à la suite d’une réunion avec le premier ministre, sans donner de détails sur la nature de ces mesures. Reste à savoir comment le gouvernement entend assurer la disponibilité des dollars si les restrictions sont assouplies. Aliaa Mamdouh prévoit la hausse des revenus en dollars au cours de la prochaine période. « Ces revenus proviennent notamment de nos exportations de gaz naturel dont le prix ne cesse de flamber sur le marché mondial et du crédit du Fonds monétaire international en cas de conclusion de l’accord », prévoit-elle.
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