Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a donné ses instructions au groupe économique du gouvernement pour réactiver la Bourse égyptienne. Il a demandé la mise en vigueur d’un programme de partenariat avec le secteur privé dans les actifs de l’Etat d’un montant de 10 milliards de dollars annuellement sur 4 ans. Il s›agit d›introduire les actifs des entreprises publiques et de compagnies détenues par les forces armées à la Bourse égyptienne. « La crise économique mondiale a dévoilé l’espace fiscal limité que détiennent les pays importateurs de pétrole de la région Mena. Ainsi, les réformes structurelles à long terme deviennent pressantes afin de prévenir les cicatrices de la pandémie et de la guerre. Celles-ci dépendent du rétablissement inclusif que doit assurer le secteur privé », a écrit le rapport du FMI sur les perspectives régionales de croissance dans sa dernière édition d’avril 2022.
Le Programme d’introduction des entreprises publiques en Bourse (IPO) avait été entamé en 2016 et a été suspendu à cause des mauvaises conditions de la Bourse. Mais, les derniers IPO ont eu lieu le mois dernier: le Fonds souverain émirati (Abu-Dhabi Wealth Fund, ADQ) a acquis des parts publiques dans 5 entreprises égyptiennes cotées en Bourse pour une valeur de 1,85 milliard de dollars. La liste comprend de grands noms opérant dans des secteurs-clés de l’économie égyptienne, qui sont la plus grande banque privée égyptienne CIB, la plateforme de transformation numérique et de paiements électroniques Fawry, Alexandria Container & Cargo Handling Company, la société d’engrais Abou-Qir et Misr Fertilizers Production Company (MOPCO).
Selon le site d’informations économiques Enterprise, le gouvernement entend « consolider le rôle du secteur privé à travers l’industrie locale ». Le gouvernement entend doubler la capacité de la Bourse égyptienne, EGX, et le nombre des compagnies cotées. Il prévoit de nouveaux IPO; la vente d’autres actifs de compagnies publiques déjà en Bourse, telles la Banque du Caire et celles détenues par l’armée; parmi lesquels Safi et l’opérateur des stations d’essence Wataniya.
« Rien n’est encore clair. Cela peut être des ventes. Ou encore des formes de participation du secteur privé, comme des joint-ventures (co-entreprises) privé-privé ou public-privé ou encore avec des institutions internationales et locales. Un exemple de ce type sont les raffineries de Egyptian Refining Company (ERF). Vu le chiffre d’affaires énormes de 10 milliards annuelles pendant 4 ans, ce sont des méga-projets ciblés qui nécessitent un grand capital, telles l’énergie, l’électricité et les industries pétrolières », explique Mohamad Saad, analyste financier à la banque d’investissement Prime.
L’un des dossiers importants qui a été abordé entre les responsables égyptiens à New York et ceux du FMI est le rôle du secteur privé dans la croissance économique. Rien n’a encore été rendu public sur ces rencontres, mais Hussein Soliman, macro-économiste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, estime que le problème essentiel est celui des conditions du fonds. « Celles-ci seront cantonnées aux réformes de l’environnement des affaires qui impliquent des dossiers sensibles, tels le rôle du secteur privé, la gouvernance des institutions, le système des taxes, les régulations, ainsi que d’autres réformes structurelles ».
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