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Restructuration budgétaire

Amani Gamal El Din , Mercredi, 11 mai 2022

Pour répondre à la crise économique mondiale, le gouvernement a élaboré un budget qui augmente les allocations aux subventions et aux programmes de protection sociale.

Restructuration budgétaire
La bonne gestion des finances publiques a permis au gouvernement de consolider les programmes de protection sociale.

L’heure est à la restructuration du budget. Sur fond de guerre en Ukraine et du long rétablissement du Covid-19, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a donné ses instructions pour tenir aux disciplines financières rationnelles dans le budget de 2022-2023. Ceci coïncide avec la présentation du budget préliminaire au comité du budget au parlement, prélude à sa ratification. Il s’agirait d’un budget d’austérité rationalisant les dépenses et augmentant les allocations aux programmes de sécurité sociale et aux subventions, a révélé un communiqué du ministre des Finances, Mohamad Maeit. « Cette augmentation est destinée à protéger les pauvres et les personnes aux revenus limités des impacts économiques négatifs résultant de la guerre en Ukraine », a-t-il expliqué. « L’austérité se fera au niveau des dépenses gouvernementales. Certains projets basés sur le dollar seront reportés. Il y aura sans doute aussi un recul des investissements publics au profit du secteur privé et des partenariats public-privé (voir texte ci-dessous). Le système de paiement des subventions en liquide sera accéléré et il y aura une levée graduelle des subventions sur les produits alimentaires dans le proche avenir. Ce qui est plus efficace », explique Mona Bédeir, macro-analyste auprès de la banque d’investissement Prime.

L’Egypte suit en cela la prescription du Fonds monétaire international qui a été publiée dans les perspectives de croissance régionale, édition d’avril 2022, selon laquelle « les marchés émergents et les pays aux revenus moyens doivent emprunter une consolidation fiscale qui accorde la priorité à la santé et aux dépenses sociales. Tous les pays doivent mitiger l’impact de la hausse des coûts alimentaires par des politiques de ciblage correctes ».

Les chiffres préliminaires montrent que les allocations budgétaires aux subventions et aux programmes de protection sociale passent de 321,3 milliards de L.E. dans l’année financière 2021-2022 à 356 milliards de L.E. dans l’exercice financier 2022-2023. Selon Yasser Omar, le vice-président du comité du budget, les allocations des subventions passeront de 138,3 milliards de L.E. à 148,7 milliards. « Les subventions dans le nouveau budget iront à une palette multiforme: produits de base, carburants, exportations, agriculteurs, développement de la Haute-Egypte, assurance-santé, logements au loyer modéré. La plus grande partie sera destinée aux carburants et aux produits de base afin de couvrir la hausse des prix mondiaux de blé et de pétrole à cause de la crise d’Ukraine », a dit Omar. Dans le budget préliminaire, la majorité de la hausse des subventions ira au carburant. Celles-ci passeront de 18,4 milliards de L.E. à 28,9 milliards, alors que celles des produits essentiels augmenteront de 87,2 milliards L.E. à 90 milliards.

Soutiens à la protection sociale

Le nouveau budget a augmenté les allocations aux programmes de protection sociale qui atteindront 159,7 milliards de L.E., dont la plupart ira aux caisses des retraites et des assurances sociales. Ainsi, les pensions du programme Takafol wa Karama (solidarité et dignité) passeront à 3 milliards de L.E. afin de couvrir 500000 familles pauvres supplémentaires. 190,5 milliards de L.E. seront consacrés à l’Organisme national des assurances sociales pour financer la hausse annuelle de 13% pour les retraites, avec un taux minimum de 120 L.E. Pour alléger les pressions inflationnistes, 400 milliards de L.E. seront consacrés aux salaires. Tous les fonctionnaires soumis à la loi du service civil bénéficieront de leur prime annuelle dès le mois d’avril au lieu du mois de juillet. Celle-ci sera de 8 % du salaire de base au lieu des 7 % avec un minimum mensuel de 100 L.E., alors que les personnes non soumises à la loi bénéficieront d’une prime de 15% du salaire de base. Une prime supplémentaire sera ajoutée aux salaires de base d’un montant compris entre 175 et 400 L.E., selon le grade administratif. Ces primes coûteront à l’Etat 36 milliards de L.E.

A cela s’ajoute l’initiative présidentielle « Vie décente » qui représente, selon Mahmoud Mohieddine, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le financement de l’agenda 2030 sur le développement durable, l’espoir de l’Egypte pour une transformation économique. « 700 milliards de L.E. ont été injectés, soit 5% du PIB dans trois ans. L’initiative incarne un exemple réussi de croissance inclusive parce qu’elle rétrécira les marges de l’inflation, à cause des activités économiques et des emplois qu’elle générera », explique-t-il. « Une bonne gestion des finances publiques, qui a commencé au lendemain des réformes structurelles en 2016 et jusqu’à aujourd’hui, a permis au gouvernement de réagir rapidement et d’avoir la flexibilité de reformuler le budget pour faire face à la crise économique mondiale. Le ministère des Finances disposait de 140 milliards de L.E. de réserves budgétaires. Partout dans le monde, les ministres des Finances mettent de côté des sommes de réserve pour prévenir les crises », explique Mohamed Shadi, macro-économiste auprès du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques.

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