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Croissance : L’exception égyptienne

Gilane Magdi , Lundi, 07 février 2022

Le FMI a revu à la hausse ses prévisions de croissance en Egypte, contrairement à la croissance mondiale. Une bonne gestion des répercussions de la crise de la pandémie est à l’origine de cette bonne performance. Explications.

Croissance : L exception  gyptienne
La banque d investissement Pharos pr voit que le taux d inflation en Egypte va rester dans la fourchette de la Banque Centrale.

Au moment où le Fonds Monétaire International (FMI) a tracé une image pessimiste pour l’économie mondiale, sa vision paraît optimiste pour l’économie égyptienne. Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié le 25 janvier, les prévisions de la croissance des principaux pays ont été révisées à la baisse, sauf quelques pays y compris l’Egypte. Le FMI a revu à la hausse ses perspectives de l’économie égyptienne pour atteindre 5,6 % contre les 5,2 % prévus par l’institution internationale en octobre dernier. « L’Egypte est le seul pays importateur de pétrole à avoir réalisé une croissance positive grâce à la bonne gestion des répercussions de la pandémie Covid-19 et à la publication de données économiques positives », a déclaré Gita Gopinath, économiste en chef au FMI, à l’occasion de la publication du rapport.

 

Cette prévision optimiste du FMI vient notamment en parallèle de celle des banques d’investissements égyptiennes et de celle de la Banque Mondiale (BM). Cette dernière a révisé aussi à la hausse ses prévisions du taux de croissance du PIB de l’économie égyptienne à 5,5 % au cours de l’exercice en cours, contre 5 % prévu en juin. L’institution internationale a attribué cela dans son rapport sur les perspectives économiques, publié il y a deux semaines, à l’amélioration de la demande extérieure des principaux partenaires commerciaux, à l’expansion des secteurs des technologies de l’information et des télécommunications et à l’extraction du gaz. Quant aux banques d’investissements, telle Pharos, elles prévoient un taux de croissance similaire aux deux institutions internationales. « Ces prévisions viennent notamment en parallèle avec nos estimations pour la croissance économique de l’Egypte (soit 5,5 %) », explique à l’Hebdo Radwa Al-Sweifi, directrice du département des recherches au sein de la banque d’investissement Pharos.

Le ministre des Finances, Mohamad Maeit, a décrit les rapports des institutions internationales comme étant un nouveau témoignage de confiance prouvant ainsi la solidité de l’économie égyptienne et sa résistance aux défis mondiaux. « Le programme de réformes économiques a contribué à renforcer la structure de l’économie nationale, à atténuer la gravité du choc et à contenir les effets négatifs de la pandémie de coronavirus. L’Egypte est devenue plus apte à gérer de manière professionnelle et équilibrée cette crise mondiale, ce qui a évité à l’économie égyptienne le pire, à la lumière des répercussions énormes qui jettent une ombre sur les plus grandes économies du monde », a annoncé le ministre dans un communiqué de presse publié à l’occasion de la publication du rapport du FMI. Le ministre a indiqué aussi que le projet de budget pour le nouvel exercice 2022-2023 visait à renforcer l’activité économique, à la lumière de la pandémie, en menant de vastes réformes structurelles dans divers domaines, d’une manière contribuant ainsi à inciter le secteur privé pour diriger la croissance économique, et aidait à localiser l’industrie et à stimuler les exportations. Il prévoit un taux de croissance de 5,7 % du PIB au cours de l’exercice 2022-2023 et 6 % en 2024-2025.

Au niveau budgétaire, le ministre prévoit réduire le déficit total à 6,1 % au cours de l’exercice 2022-2023, puis à 5,1 % en 2024-2025, en réalisant un excédent primaire de 2 % prévu en 2022-2023.

Des défis externes toutefois

« Bien que les indicateurs économiques aient prouvé leurs bonnes performances, l’économie égyptienne pourrait être soumise aux défis extérieurs sous l’effet des répercussions de la pandémie au niveau mondial au cours de la prochaine période », avertit cependant Amr Adli, économiste et chercheur non résident à l’Institut Carnegie Moyen-Orient, qui indique que les politiques monétaires expansionnistes adoptées par les différents pays du monde pour faire face à la pandémie au cours des deux dernières années, y compris l’Egypte, ont augmenté l’offre de monnaie entraînant ainsi la flambée des taux d’inflation à des niveaux trop élevés. « Pour freiner l’inflation, les Banques Centrales seront engagées d’augmenter leurs taux directifs au cours de la prochaine période entraînant ainsi la hausse du coût d’endettement, soit pour le secteur privé, soit pour le gouvernement », souligne-t-il. En effet, la Réserve fédérale des Etats-Unis (FED) a entériné un tournant dans sa politique monétaire en indiquant qu’elle cesserait d’injecter des liquidités via son programme d’achats d’actifs début mars. « Si la FED augmenterait ses taux directifs sur le dollar, cela pourrait entraîner la sortie des investissements des étrangers des marchés émergents, y compris l’Egypte, exerçant ainsi des pressions probables sur le taux de change du billet vert », avertit Amr Adli.

Mais la banque d’investissement américaine Goldman Sachs a insisté dans son rapport publié cette semaine sur la force de la livre égyptienne par rapport au dollar et aux principales devises au cours de l’année 2022. « Il n’y aura pas de baisse significative de la monnaie égyptienne à court terme, malgré les défis importants auxquels sont confrontées les économies émergentes en raison de la pandémie », note le rapport de la banque, en indiquant que les réserves en devises sont actuellement estimées à près de 60 milliards de dollars, y compris les réserves primaires, qui sont estimées à environ 41 milliards de dollars, en plus des avoirs en devises de la Banque Centrale qui ne sont pas inclus dans les chiffres des réserves officielles.

« Ce niveau de réserves internationales est bon par rapport aux besoins de financement extérieur totaux d’environ 31 milliards de dollars pour l’exercice en cours, et il est le double des investissements de portefeuilles sur le marché local, ce qui fournit un solide soutien contre toute sortie », selon le rapport de Goldman Sachs.

 
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