
A droite le ministre des Finances, Mohamad Maeit, et à gauche le président de l’Autorité nationale
de la presse,
Abdel-Sadeq Al-Chourbagui.
(Photo : Mohamed Mostafa)
— Quelle est l’ampleur de la crise économique provoquée par la pandémie du coronavirus ?
— Ce sont des moments difficiles pour les institutions et les citoyens de tous les pays du monde. L’Egypte a entamé un processus de réforme économique bien avant la crise, précisément depuis 2016. Selon les prévisions du gouvernement, les répercussions difficiles du programme de réforme devaient durer entre deux et trois ans, mais la crise du coronavirus a pris tout le monde de court, provoquant un ralentissement économique.
Après la découverte du vaccin, la vague d’optimisme n’a pas perduré et la reprise économique tant attendue n’était pas au rendez-vous. En fait, la situation actuelle est pire qu’au plus fort de la pandémie, elle ressemble à la crise de 2008 qui a commencé par une hausse considérable des prix des matières premières et qui a provoqué une vague d’inflation suivie par une crise financière mondiale.
Le monde connaît aujourd’hui une hausse considérable des prix (entre 50 et 60%). Ce que les investisseurs craignent, c’est que cette inflation mène à une hausse des taux d’intérêt. Cela dit, les Banques Centrales européennes et la Réserve fédérale américaine ont affiché leur intention de maintenir inchangés les taux d’intérêt en dépit de l’inflation.
La crise actuelle s’explique par le fait que les producteurs ne sont pas en mesure de répondre à la demande croissante après la longue interruption des chaînes de production provoquée par la pandémie. L’offre ne correspond pas à la demande vu que beaucoup d’usines et d’institutions économiques ont arrêté ou réduit leur activité pendant la crise sanitaire.
— Quelles sont les répercussions sur l’Egypte ?
— Cette fois-ci, l’inflation est à l’échelle mondiale, les prix sont en hausse y compris ceux des denrées alimentaires, du pétrole et du gaz naturel. On s’attend à ce qu’un équilibre entre l’offre et la demande soit rétabli avant juin 2022. Selon les prévisions, le taux de croissance devrait atteindre 5,5% en 2021-2022 avec un surplus budgétaire primaire de 1,5% du Produit Intérieur Brut (PIB), mais cela dépendra des pressions inflationnistes. Il serait toutefois difficile d’atteindre l’objectif escompté d’un déficit budgétaire de 6,7 % parce que les pressions sont multiples, notamment le prix du financement. Si à l’échelle mondiale les taux d’intérêt augmentent, leur hausse aura un effet direct sur le budget national.
— Qu’en est-il de la dette publique ?
— L’Egypte a pu contenir sa dette publique par rapport au PIB malgré la pandémie. Fin juin 2017, la dette publique était de 108% du PIB, avant de passer à 98%, puis à 90,4% dans les deux années suivantes. Elle a augmenté de seulement 1% après la crise sanitaire pour atteindre 91,4 % du PIB, alors que la dette des pays développés a augmenté de 20% en moyenne et celle des pays émergents et à revenu moyen a augmenté de 15%. Le taux du service de la dette est passé de 40% du budget total fin 2020 à 36% en juin 2021 et le gouvernement cherche à le ramener à 32% au cours de l’exercice budgétaire en cours. La baisse du service de la dette permettra au gouvernement d’accroître d’autres dépenses, notamment d’investissement.
— Quels sont les objectifs économiques à moyen terme ?
— Le gouvernement cherche à accroître les exportations, l’objectif est d’atteindre 100 milliards de dollars. C’est ce qui permettra l’amélioration du niveau de vie des Egyptiens, ainsi que la stabilisation de la monnaie locale. Le gouvernement souhaite également attirer plus d’investissements afin d’atteindre l’objectif qu’il s’est donné de créer 1 million de nouveaux emplois annuellement.
— Quel est le plan du ministère des Finances pour augmenter les recettes étatiques ?
— Le ministère a commencé un programme de modernisation de l’administration fiscale pour faire progresser les recettes de fiscalité sans augmenter les impôts, en élargissant la base des contribuables. L’informatisation des administrations fiscales et douanières a permis au gouvernement d’atteindre ses objectifs en matière de recettes fiscales pour le budget de l’exercice en cours. Les recettes de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) ont augmenté de 25 % entre juillet et octobre 2021 par rapport à la même période l’année précédente. Les impôts provenant des professions libres est en hausse continue. La généralisation de la facture électronique, adoptée par plus de 5000 entreprises à ce jour, a permis la détection de beaucoup de cas de fraude. Une deuxième phase de la mise en place d’une administration fiscale unifiée sera lancée en décembre prochain.
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