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Blé : L’Egypte veut diversifier ses importations

Marwa Hussein, Lundi, 11 octobre 2021

L’Egypte se tourne vers la France pour l’achat du blé. Des négociations sont en cours pour réduire les coûts du fret.

Blé : L’Egypte veut diversifier ses importations
La récolte locale a augmenté suite à l’augmentation de la superficie des terres agricoles cultivées en blé.

L’Egypte mène des discussions avec la France, premier producteur européen de blé, afin de diversifier les sources d’importation de cette denrée stratégique. Le ministre de l’Approvisionnement et du Commerce intérieur, Ali Mosselhi, s’est rendu en France où il s’est entretenu avec le ministre français de l’Economie et des Finances, Alain Griset, des possibilités de coopération entre les deux pays. L’obstacle principal devant l’arrivée du blé français en Egypte est le coût élevé du fret. « L’Egypte veut diversifier les sources d’importation, mais le coût élevé du fret représente un défi majeur en ce qui a trait à la France par rapport au blé russe, ukrainien et roumain », a déclaré Mosselhi dans un communiqué. Parallèlement, le ministre français a déclaré que son pays possédait une grande quantité de blé à exporter, soit environ 15 millions de tonnes. Griset a affirmé qu’une formule pourrait être développée pour gérer les prix du fret si un accord à long terme était conclu sur la fourniture de blé français à l’Egypte.

L’Egypte est le premier importateur mondial de blé, ses décisions d’achat sont suivies de près par tous les grands producteurs. Les importations égyptiennes de blé s’élèvent à 10 millions de tonnes par an. Le gouvernement importe 6 millions de tonnes, selon Ali Mosselhi, tandis que 4 millions de tonnes sont importés par le secteur privé. L’Autorité générale de l’approvisionnement (General Authority for Supply Commodities, GASC) est le plus grand acheteur de blé au monde. Les importations du blé sont gérées via un système d’appel d’offres sur les marchés internationaux. Il n’est pas encore clair si un accord sera conclu avec la France. La majeure partie des importations égyptiennes provient de Russie et d’autres pays d’Europe de l’Est. « Environ 80 % du blé égyptien viennent de la Russie. En 2020, au début de la pandémie de coronavirus, certains pays, y compris la Russie, avaient suspendu leurs exportations de blé pendant quelques mois afin de couvrir leurs besoins locaux, ce qui a fortement inquiété l’Egypte, d’où la décision de diversifier les sources d’importation », explique Gamal Siam, professeur d’économie agricole à l’Université du Caire. Selon les données du service agricole étranger américain (US Foreign Agriculture Service, FAS), les importations de blé en Egypte ont baissé de 13,3 millions de tonnes en 2018-2019 à 12,685 millions de tonnes en 2019-2020.

Augmenter la production

Le gouvernement égyptien cherche à accroître l’autosuffisance en blé et à contrôler les importations, principalement à travers la hausse de la production. En fait, le FAS prévoit une hausse de 1,5 % de la production égyptienne de blé en 2020-2021, pour atteindre 8,9 millions de tonnes contre 8,77 millions de tonnes en 2019-2020. La récolte locale de blé a augmenté en raison de l’augmentation de la superficie des terres agricoles cultivées en blé en 2020 à 3,5 millions de feddans contre 3,2 millions de feddans en 2019. « La possibilité d’augmenter la superficie cultivée en blé est limitée », explique Réda Mohamad Ali, du ministère de l’Agriculture. « D’une part, nous ne pouvons pas réduire les superficies cultivées en d’autres denrées qui sont également importantes. De l’autre, la bonification des terrains est trop coûteuse et nécessite des quantités énormes d’eau », affirme Réda Mohamad Ali. Et d’ajouter que la solution serait d’accroître la productivité du feddan (1 feddan=4 200 m2). Selon lui, la productivité moyenne du feddan est comprise entre 19 et 20 erdab (erdab de blé=150 kilos) de blé par feddan. Le plan du gouvernement est de mener cette productivité à 30 erdabs. « Ceci à travers la culture de nouvelles souches de blé. Nous avons déjà une nouvelle souche dont la productivité est comprise entre 24 et 26 erdabs, et dans des conditions optimales, elle peut atteindre 30 erdabs. Notre plan est de cultiver toute la superficie cultivée en blé avec cette nouvelle souche », raconte Réda Mohamad Ali. Gamal Siyam appelle le gouvernement à investir plus dans la recherche afin d’accroître la productivité qui est restée stable durant presque 20 ans.

Les importations égyptiennes de blé par pays en 2020

Pays Valeur

Russie 1,6 milliard de dollars

Ukraine 690,4 millions de dollars

France 176,8 millions de dollars

Roumanie 87,7 millions de dollars

Australie 60,7 millions de dollars

Etats-Unis 22,4 millions de dollars

Bulgarie 13,9 millions de dollars

Lituanie 7 millions de dollars

Hongrie 5,7 millions de dollars

Canada 2,5 millions de dollars

Royaume-Uni 1 000 dollars

Source : World’s Top Exports (WTEx)

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