Les secteurs de l’énergie et du transport viennent en tête avec respectivement 28 et 25 % du portefeuille de l’AFD en Egypte.
Al-Shram Hebdo : Quelles sont les lignes directrices selon lesquelles l’AFD choisit de financer ses projets en Egypte ?
Fabio Grazi: Lors des dernières visites présidentielles au Caire et à Paris, nos deux gouvernements ont signé deux protocoles: l’un en 2019, lors de la visite de Son Excellence le président Macron en Egypte, et l’autre en 2020 à Paris, lors de la visite de Son Excellence le président Sissi. Ces protocoles ont mis en lumière et esquissé les orientations stratégiques de notre partenariat jusqu’en 2025. A l’échelle continentale, il s’agit d’améliorer et de renforcer l’intégration des systèmes économiques, commerciaux, financiers égyptiens dans le secteur économique continental. Nous sommes là pour accompagner le désir de l’Egypte d’élargir son influence sur l’économie continentale, de manière à ce qu’il corresponde à notre objectif de parvenir à un développement économique durable. A l’échelle nationale, nous sommes fiers d’accompagner le gouvernement dans le renforcement de l’accès aux infrastructures, comme l’électricité, l’eau et l’assainissement, les transports, les télécommunications, ainsi que les services de développement humain, dont l’éducation, l’enseignement supérieur, la santé et la protection sociale. A l’échelle locale, nous aimerions voir un développement territorial à l’échelle urbaine et régionale, qui reflète et capture les principes et les objectifs du développement durable. Ainsi, lorsque nous finançons des infrastructures d’eau et d’assainissement, nous nous assurons que l’eau correspond à certaines normes spécifiques de qualité.
— Comment la pandémie du Covid-19 a-t-elle affecté les priorités de l’AFD ?
— C’est un facteur qui nous a tous choqués au niveau global, mais a également réussi à mettre en évidence dans quelle mesure nous pouvons être résilients. La pandémie est apparue alors que l’économie égyptienne suivait une trajectoire de croissance stable, mais la pandémie a été un choc qui a réduit les ambitions de l’Egypte en termes de performance économique. Une première phase de notre soutien financier visait à adresser les besoins d’urgence et à fournir aux hôpitaux et instituts de santé l’infrastructure et les équipements médicaux qui aident le gouvernement et le ministère de la Santé à faire face à la crise. Nous avons alloué 15 millions d’euros de nos projets dans le secteur de soin médical aux achats d’équipements médicaux pour le Covid-19. La deuxième phase est de passer vers un monde post-crise qui consiste à fournir au gouvernement égyptien des ressources budgétaires qui peuvent aider immédiatement à adresser les demandes socioéconomiques. Nous avons fourni 75 millions d’euros pour la réforme du secteur de l’électricité et 150 millions d’euros pour la réforme de la protection sociale. Il s’agit de nouvelles ressources budgétaires que le gouvernement pouvait allouer pour faire face aux impacts économiques et sociaux de la crise.
— Quels sont les secteurs où l’AFD investit le plus en Egypte et pourquoi ?
— Les secteurs de l’énergie et du transport viennent en tête avec respectivement 28 et 25% du portefeuille de l’AFD en Egypte. Mais ces taux vont changer vu que l’accord intergouvernemental fait le focus sur le secteur du transport, surtout dans les chemins de fer. J’assume que vers la fin de 2023, les investissements dans ces deux secteurs s’élèveront à 30% chacun. Le reste de nos investissements est dans le secteur de la santé et celui de l’eau et de l’assainissement. Nous allons investir plus dans ces secteurs dans l’avenir, comme la station d’assainissement d’eau de Hélouan et celle d’Al-Gabal Al-Asfar auxquelles l’AFD va mobiliser des investissements de 70 millions d’euros en 2023, en plus de l’extension du projet d’assainissement d’eau de la station de l’Est d’Alexandrie, qui va mobiliser 50 millions d’euros, en plus des fonds délégués par l’Union européenne. La santé, l’eau et l’assainissement sont des secteurs où nos investissements vont évoluer avec le temps et nous en sommes fiers, car ils touchent des services de base pour la population.
— Vous portez un intérêt spécial à l’idée de la ville durable. Comment cela se reflète-t-il sur vos projets en Egypte ?
— Nous nous intéressons au contrôle de la pollution de l’air, mais aussi au réseau de lignes de métro que nous soutenons. Bien sûr, lorsqu’il s’agit de promouvoir le développement durable à l’échelle locale, vous devez l’aborder essentiellement à travers le segment des infrastructures. La modernisation de la ligne de métro d’Alexandrie qui reliera Abouqir à Alexandrie, à titre d’exemple, intègre des principes et des objectifs qui sont de nature de développement urbain durable. Vous voulez connecter les gens en encourageant la mobilité publique, car cela non seulement se traduit par moins d’émissions de carbone et de polluants, mais aussi réduit le temps que vous passez dans le réseau de transport et que vous pouvez passer au travail et avoir une vie agréable avec votre famille. Lorsque nous finançons la canalisation d’eau et d’assainissement, ce que nous voulons atteindre c’est un point où nous serons capables de boire de l’eau potable par notre maison. Dans le secteur de l’électricité, nous avons parlé de la production d’énergie renouvelable. Nous souhaitons également inscrire dans notre portefeuille de projets de mobilité interurbaine. Cela est certainement crucial non seulement pour assurer la croissance économique et sociale, car une mobilité accrue entre deux villes différentes augmente le trafic de services et de marchandises, mais cela permet également de connecter les gens, c’est comme ça qu’une population se sent unie. Nous voulons renforcer notre présence dans l’infrastructure ferroviaire, car cela répond à l’objectif de croissance économique, mais aussi à des fins de connectivité qui est au coeur de notre mandat.
— Quel est l’intérêt que l’AFD porte à l’Université Française d’Egypte (UFE) ?
— L’UFE est un projet très ambitieux. Nous sommes fiers de l’appuyer, car il traite à la fois de l’amélioration des capacités des infrastructures; mais aussi parce que cela nous permet d’augmenter la population de femmes qui accèderont à l’enseignement supérieur; c’est un privilège pour nous. Nous mobilisons 12 millions d’euros pour la rénovation de l’université, et le plan ambitieux qui sous-tend ce financement est que nous souhaitons passer de la capacité actuelle d’étudiants, qui est d’environ 500, à 3000 étudiants en 2025. Cela nécessite, en plus des travaux d’infrastructure, une amélioration de la gouvernance, plus de professeurs, d’enseignants et de chercheurs. Nous avons un programme ambitieux pour améliorer le programme de doctorat qui reliera directement l’université en Egypte et l’université en France, en particulier dans les secteurs de l’ingénierie et de la technologie, ainsi que dans le segment de l’urbanisme et de l’architecture de l’enseignement supérieur; soit là où l’expertise française sera plus précieuse pour le peuple égyptien, c’est là que nous voulons intervenir .
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