Pour promouvoir le rôle des PME, il faut les orienter vers l’exportation et les intégrer aux chaînes d’approvisionnement mondiales.
La vision « Egypte 2030 » stipule clairement que l’Etat doit s’orienter vers l’économie de marché avec pour locomotive le secteur privé. Comme dans toutes les économies développées et émergentes, l’Etat considère les Petites et Moyennes Entreprises (PME) comme les vrais promoteurs de la croissance économique. Les efforts se multiplient pour réaliser leur essor. Un récent rapport publié par l’Organisme des petites et moyennes entreprises revient sur l’évolution des petites et micro-entreprises de juillet 2014 à mai 2021. Le rapport affirme dans sa préface que l’organisme a réalisé, au cours des 7 dernières années, des progrès inédits dans le dossier des PME et a procuré 32,2 milliards de L.E. de crédits aux petites et aux micro-entreprises, soit 5 fois plus que les taux d’avant 2014. 17,7 milliards de L.E. sont allés aux petits projets, alors que 14,6 milliards de L.E. sont allés aux micro-entreprises. 2,1 millions d’emplois ont été créés. Et le pourcentage de l’emploi parmi les femmes (voir colonne) est de 46 % contre 54 % pour les hommes. La Haute-Egypte a bénéficié de 38 % des projets, la Basse-Egypte 44 % et les régions limitrophes 5 %.
En effet, l’un des calvaires des PME avant 2014 était l’accès au financement. Un problème souligné dans le récent rapport arabe sur le développement publié conjointement par l’Institut national et l’Institut arabe de la planification. La dernière et 4e version du rapport sortie à la veille de la pandémie fin 2019 portait sur l’état des PME dans le monde arabe et affirmait que ce secteur n’attirait que 9 % des crédits bancaires et que 1,2 % seulement des crédits en Egypte vont aux PME.
Des agences sur l’ensemble du territoire
L’Etat égyptien est sensible au problème de l’accès au financement des PME. Le rapport arabe sur le développement se focalise sur l’expansion du marché des services financiers ces dernières années et décortique les mécanismes et les canaux de financement. Selon le rapport, les crédits ont permis d’augmenter le nombre des petites entreprises qui aujourd’hui couvrent tous les secteurs économiques. Les agences de l’Organisme des petites et moyennes entreprises sont répandues sur l’ensemble du territoire. Elles ont facilité l’obtention de ces crédits pour les entreprises. Et Ceci, en plus de 17 banques et des établissements intermédiaires comme les institutions financières non bancaires : ONG, coopératives et compagnies de crédit-bail. Les outils de financement offerts sont variés. Parmi ceux-ci il y a les crédits à court et à moyen termes, les crédits-baux (ndlr : technique contractuelle qui consiste pour une entreprise à acquérir des biens immobiliers ou mobiliers en vue de les donner en location à un client pour une durée déterminée. A la fin du contrat, l’entreprise bénéficiaire peut ou bien restituer le bien, ou l’acquérir, ou renouveler le contrat). Il y a également les « venture-capital » chargées de financer les start-up ayant un haut potentiel de croissance, les crédits spécialisés et le financement selon les préceptes de la charia islamique.
En ce qui concerne les micro-entreprises, l’organisme les a réparties dans tous les gouvernorats, ciblant particulièrement les ménages et les communautés à faible revenu, les femmes et les personnes handicapées afin d’atténuer la pauvreté. Les secteurs ciblés sont le développement rural et les chaînes de valeur afin de soutenir les producteurs agraires. Les outils de financement diffèrent de ceux des petites entreprises et se limitent au financement pour accroître le capital et l’achat des équipements et des machines.
Rappelons que depuis 2007 la Banque Centrale d’Egypte (BCE) a lancé plusieurs initiatives pour faciliter les crédits aux PME. La dernière date de mars dernier. Elle consistait non seulement à relever le plafond du financement à l’adresse de ce secteur vital de l’économie de 20 à 25 % du portefeuille des crédits d’ici fin décembre 2022, mais aussi à alléger les règles rigides de l’évaluation des risques qui ont toujours conditionné l’octroi des crédits. Passante Fahmy, économiste et ex-parlementaire, se dit satisfaite des crédits octroyés qui reflètent un essor du secteur des petites et moyennes entreprises. Elle trouve cependant qu’il faut une meilleure répartition de ces entreprises sur les secteurs de l’économie et les gouvernorats. Et il faut aussi des statistiques plus globales de la part de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) pour connaître la contribution de ces entreprises au PIB.
Fahmy a une autre proposition : « J’ai toujours préconisé la création d’une banque spécialisée pour les PME qui aura pour mission non seulement de les financer, mais aussi de commercialiser leurs produits. Cela permettra d’augmenter leur capital et de les promouvoir au stade des moyennes entreprises, surtout qu’aucune information ou statistique n’a été donnée jusqu’à cette date sur les moyennes entreprises qui paraissent loin de la scène », affirme-t-elle.
Malgré les progrès réalisés au niveau des petites et des micro-entreprises, on est toujours dans le « missing middle » de la pyramide économique ou le milieu manquant, c’est-à-dire une expansion des micro et des petites entreprises aux dépens des moyennes entreprises. Ce vide caractérise la structure des PME dans les pays à faible et à moyen revenu, selon une étude du Dr Hala Al-Saïd, ministre de la Planification et du Développement économique, en 2013. D’après Passante Fahmy, promouvoir le rôle des PME nécessite de les orienter vers l’exportation et les intégrer aux grandes industries dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Un avis partagé par Dr Mahmoud Mohieddine, directeur exécutif du FMI et membre de son conseil d’administration, qui qualifie les PME de « nouveaux agents de changement » appelant à ce qu’elles soient intégrées dans l’environnement régional et international.
Les réalisations de l’Organisme des petites et moyennes entreprises de janvier à mai 2021 :
253,6 millions de L.E. Volume de financement
10,995 Projets exécutés (petits et micro)
17,237 Opportunités d’emploi
20 Gouvernorats
150 Etudes de faisabilité pour différents types de projets
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