La technologie financière, l’industrie agroalimentaire et les produits pharmaceutiques, trois secteurs qui ont récemment attiré l’attention des investisseurs étrangers en Egypte.
La ministre égyptienne de la Planification et du Développement économique, Hala Al-Saïd, prévoit le retour des Investissements Etrangers Directs (IED) nets (différence entre les investissements étrangers entrants et sortants dans un pays) à leurs niveaux de pré-Covid-19. « Les IED nets atteindront 7 milliards de dollars durant l’année financière 2021-2022 et 6,8 milliards de dollars en 2020-2021 », a annoncé la ministre la semaine dernière. Ces prévisions optimistes sont en accord avec les estimations des banques d’investissement HC Holding et Arqaam Capital et des institutions internationales. « Notre prévision pour l’exercice financier 2020-2021 et 2021-22 est conforme aux estimations officielles, soit des investissements étrangers directs nets de 7 milliards de dollars. Le secteur pétrolier sera le contributeur dominant avec 45 % des flux des IED. Les autres secteurs, qui ont récemment attiré l’attention des investisseurs étrangers, sont la technologie financière, l’industrie agroalimentaire et les produits pharmaceutiques », indique à l’Hebdo Monette Doss, économiste en chef auprès de la banque d’investissement HC Securities & Investment. Noaman Khaled, analyste macroéconomique auprès de la banque d’investissement Arqaam Capital, prévoit une hausse des IED à 9 milliards de dollars en 2021-2022. « Le rapprochement politique entre l’Egypte, la Turquie et le Qatar ouvrira la porte aux investissements directs provenant de ces pays au cours de la période à venir. De même, les plans annuels d’expansion des multinationales prévoient au cours de la prochaine période des injections de nouveaux investissements », souligne-t-il. Le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit aussi la hausse des investissements étrangers à 8,3 milliards de dollars en 2021-2022 et à 11,4 milliards de dollars en 2022-2023.
Avant la pandémie, le pays avait enregistré son plus haut niveau d’IDE en plus d’une décennie, avec 8,2 milliards de dollars en 2018-2019. Ce chiffre a baissé en 2019 avec l’apparition du premier cas de Covid-19 en Egypte en février 2020 pour atteindre 7,4 milliards de dollars pendant l’exercice financier 2019-2020 (selon les rapports de la Banque Centrale d’Egypte (BCE). Une situation qui s’est aggravée avec la chute des prix du pétrole tout au long de l’année 2020, empêchant ainsi les producteurs de pétrole et les entreprises pétrolières d’injecter de nouveaux investissements pour augmenter la production. « Les IED nets ont chuté de 32,4 % pour atteindre 3,2 milliards de dollars pendant le premier semestre de l’année financière 2020-2021 contre 5 milliards de dollars durant la même période de l’année précédente », selon un communiqué de la BCE sur son site électronique. Cette baisse est attribuée principalement au recul des IED dans le secteur pétrolier à 158 millions de dollars contre 1,4 milliard de dollars durant la même période de l’année précédente. « La chute des prix de l’or noir sous la barre des 40 dollars et la faiblesse de la demande mondiale sur le pétrole à cause de la pandémie ont freiné les grandes sociétés de pétrole. Ces dernières n’ont pas pu injecter de nouveaux investissements dans les différents pays pour augmenter la production », explique Noeman Khaled. Et d’ajouter que même les chiffres annoncés au sujet des IED étaient une surprise. « L’investissement dans le monde entier était à l’arrêt durant la seconde moitié de 2020. Mais l’Egypte était presque le seul pays à ouvrir son économie pendant la deuxième vague de la pandémie et n’est resté dans le confinement qu’une courte période », renchérit-il, expliquant que le rebond des prix du pétrole à 60-70 dollars, qui a suivi la baisse de la production des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), va encourager les producteurs et les sociétés pétrolières étrangères à injecter de nouveaux investissements durant la prochaine période.
L’Egypte à la tête des pays africains en matière d’IED
Malgré le recul des IED en raison de la pandémie, l’Egypte reste à la tête des pays africains ayant reçu le plus d’IED en 2020. Selon le rapport de la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) publié au début de l’année, l’Egypte est restée le pays ayant capté le plus d’investissements directs étrangers sur le continent avec 5,5 milliards de dollars, en dépit d’une baisse significative de 39% par rapport à 2019, lorsque le pays a également attiré le plus d’IDE en Afrique avec 9 milliards de dollars. « Au total, seulement 9,4 milliards de dollars d’investissements ont été attirés par la région de l’Afrique du Nord l’année dernière contre 14 milliards de dollars en 2019 », affirme le rapport de la Cnuced. Les investissements étrangers en Egypte, selon la Cnuced, ont été injectés principalement par l’industrie pétrolière et gazière et certains secteurs non pétroliers comme les télécommunications, l’immobilier et les biens de consommation.
Cependant, le rapport souligne que les mesures visant à faciliter les investissements et la fourniture des vaccins anti-Covid-19 expliquent cette reprise durable après la pandémie. « La qualité et l’efficacité de ces mesures sont essentielles pour renforcer la résilience face aux chocs futurs », indique le rapport. Monette Doss précise que « l’amélioration de l’environnement concurrentiel et l’adoption de politiques, qui favorisent le secteur privé, seront essentielles pour augmenter les investissements directs locaux et étrangers durant la prochaine période », conclut-elle.
Le gouvernement avait pris une série de mesures pour promouvoir les investissements étrangers et faire face à la pandémie. Par exemple, le Conseil des ministres a accordé d’innombrables facilités aux investisseurs dans les régions du secteur (A) qui ont le plus besoin de développement. Pour résoudre les problèmes des investisseurs, le Comité ministériel de règlement des différends relatifs aux investissements s’est réuni à plusieurs reprises. « Ce qui a permis de résoudre près de 90 % des problèmes soumis au comité durant les mois de janvier et février 2021 », a affirmé le porte-parole du Conseil des ministres, Nader Saad0
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