Le programme de réformes structurelles vise à doubler la contribution du secteur de la technologie de l’information au PIB en 2024.
Le gouvernement appliquera la deuxième phase du programme de réforme économique au début de la prochaine année financière, qui commence en juillet. Celle-ci doit durer 3 ans. « Des réformes structurelles visant à accroître la flexibilité de l’économie égyptienne et à augmenter sa résilience face aux chocs externes et internes seront mises en place », a annoncé la ministre de la Planification et du Développement économique, Hala Al-Saïd, dans un communiqué. Des mesures visant à stimuler la production, l’exportation et l’emploi seront prises pour aller au-delà du programme de réforme économique, entamé en 2016 et qui était soutenu par le Fonds Monétaire International (FMI).
La première phase du programme de réforme économique avait également duré 3 ans (de 2016 à 2019) en coopération avec le FMI. Elle était liée à un accord de financement de 12 milliards de dollars. Elle portait sur les politiques monétaires et financières comme la libéralisation des taux de change et la consolidation fiscale réalisée à travers la réduction des subventions à l’énergie et l’imposition de la taxe sur la valeur ajoutée, avec l’objectif de réduire le déficit budgétaire. « Contrairement à la première, cette deuxième phase de la réforme économique n’imposera aucune charge financière supplémentaire aux citoyens. Au cours de la première phase, l’Egypte s’était engagée à appliquer les conditions du FMI. La livre égyptienne avait été dévaluée et les subventions sur le carburant avaient été levées », a annoncé le premier ministre, Moustapha Madbouli. Et d’ajouter que le gouvernement veut que les citoyens ressentent les effets positifs de la première phase du programme.
La deuxième phase du programme de réforme, annoncée en avril par Hala Al-Saïd, vise à augmenter la contribution de 3 secteurs principaux, à savoir l’industrie, l’agriculture et les télécommunications et la technologie de l’information (TIC), au Produit Intérieur Brut (PIB) de 26% en 2020 à 30-35% en 2024. « Nous avons choisi des secteurs qui se caractérisent par leur taux de croissance rapide et leur contribution élevée au PIB et qui apportent de la valeur ajoutée », a annoncé Hala Al-Saïd.
Le programme prévoit l’augmentation de la contribution au PIB du secteur industriel de 11,7% en 2020 à 15% en 2024. Le programme vise à attirer les investisseurs et à conclure des partenariats internationaux dans des secteurs comme l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et cosmétiques, l’industrie automobile, l’électroménager, ainsi que l’industrie du textile et du prêt-à-porter. Le programme vise à augmenter la part des exportations industrielles, afin qu’elle représente plus de 15% de l’ensemble des exportations. Il vise aussi à doubler les exportations des Petites et Moyennes Entreprises (PME), afin qu’elles représentent 20 % du total des exportations en 2024 contre 10 % en 2020. Au niveau de l’emploi, le programme vise la création de 440000 à 450 000 nouveaux emplois annuellement au cours des 3 prochaines années.
Quant au secteur agricole, le programme vise à augmenter sa contribution au PIB à 12% en 2024 contre 11,3% en 2020. « Nous prévoyons la hausse de la productivité agricole de presque le tiers et l’augmentation de la part des exportations agricoles à 25 % de l’ensemble des exportations en 2024 contre 17% en 2020 », a déclaré Hala Al-Saïd. De même, le programme prévoit la création de 430000 à 530000 emplois par an dans ce secteur d’ici 2024 et l’augmentation des revenus des petits agriculteurs.
Enfin, le programme vise à augmenter la contribution du secteur des télécommunications et de la technologie de l’information au PIB pour passer de 2,7% en 2020 à 5% en 2024, en gardant un taux de croissance annuel élevé de 16%. « Le programme prévoit aussi l’augmentation de la productivité de ce secteur et la création de 120000 à 140000 emplois d’ici 2024 », selon le communiqué.
Nouvelles législations
Alia Mamdouh, économiste en chef auprès de la banque d’investissement Beltone Financial, exprime son optimisme à l’égard de ce programme ambitieux. « L’Egypte possède des avantages comparatifs dans les secteurs visés, en particulier le secteur agricole. Nous avons pu cette année conquérir des marchés qui étaient fermés l’année dernière face aux exportations égyptiennes de fruits, ce qui prouve que la qualité des produits égyptiens s’est améliorée », souligne-t-elle.
D’après la ministre de la Planification, le programme présenté par le gouvernement comprend une série de politiques et de législations qui seront mises en place sur deux phases: la première à court terme (18 mois) et la deuxième à moyen terme (de 18 à 36 mois). Le plan de travail est basé sur 5 axes principaux, à savoir accroître l’efficacité du marché de l’emploi et développer l’enseignement technique, développer le capital humain, promouvoir l’inclusion financière, augmenter le financement et augmenter l’efficacité des institutions publiques à travers la transformation numérique.
Les politiques les plus importantes sont celles relatives au marché du travail, elles comprennent, entre autres, la création de conseils chargés de déterminer les critères de travail dans chaque secteur. Pour réaliser l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché, un centre d’information sur l’emploi sera créé. Il fournira toutes les informations relatives au nombre d’employés et aux problèmes du marché. Pour rendre le climat d’affaires plus accueillant et améliorer le rôle du secteur privé, le programme prévoit une simplification des procédures de dédouanement et la promulgation d’une loi sur le commerce électronique. De même, la ministre de la Planification a déclaré que d’autres mesures seraient prises, comme la création d’une plateforme électronique offrant toutes les informations liées à l’industrie. « De même, nous allons réviser les accords commerciaux avec les différents pays en vue de lier la politique industrielle à la politique commerciale », renchérit la ministre.
Le financement est essentiel à la réalisation de ce programme ambitieux. Le deuxième examen de l’accord de confirmation (ou standby arrangment SBA) de 12 mois, approuvé en juin 2020 et donnant accès à 5,2 milliards de dollars, est attendu début juin. La dernière tranche de cette somme, soit 1,6 milliard de dollars, sera versée à l’Egypte. « Ce sera l’occasion pour le gouvernement de discuter du programme de réforme à venir », note le président de la commission du budget au parlement Fakhri Al-Feki .
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