La Banque Centrale va allouer un milliard de L.E. à la création d’un fonds pour les sociétés de courtage, afin d’augmenter les liquidités en Bourse.
La semaine dernière était la pire pour les investisseurs de la Bourse avec la baisse des indices boursiers malgré les informations qui ont circulé sur l’introduction de nouvelles entreprises sur le marché financier. Les échanges des actions de la société Taleem pour les services éducatifs (première introduction boursière en 2021) ont commencé mercredi 7 avril. La Bourse égyptienne a clôturé la semaine sur une hausse modeste avec la montée de l’indice EGX 30 de 0,7 % au deuxième jour des échanges de l’action Taleem, cette dernière a connu une hausse de 6 % pour atteindre 6,10 L.E. contre un prix initial de 5,75 L.E. « La hausse des cours de l’action dans ses premiers jours d’échange, malgré les problèmes de la Bourse, est un très bon signe annonçant une reprise prochaine. Les investisseurs sont à la recherche de nouvelles opportunités d’investissement, mais le manque de liquidité est un grand problème qui les empêche de prendre la décision d’investir », explique à l’Hebdo Amr Al-Alfy, président du département des recherches au sein de la banque d’investissement Prime Securities. Il prévoit le retour des indices boursiers à la hausse durant la prochaine période avec l’introduction d’autres entreprises en Bourse. Trois entreprises devraient être introduites en Bourse, à savoir la société pharmaceutique Macro group pendant le mois d’avril, la société de paiement gouvernementale E-finance durant le second semestre et l’entreprise publique d’assurance-vie à la fin de cette année.
Baisse des indices
Depuis la mi-mars, la Bourse égyptienne passe par une période très difficile marquée par la baisse des indices boursiers et des vagues de ventes massives par les investisseurs, entraînant un recul des cours à leurs niveaux les plus bas. Depuis le mois de mars, l’indice EGX 30 (l’indice des actions les plus actives) a connu des baisses successives pour arriver à son plus bas niveau en 10 mois le 5 avril (soit 10 256 points), lors d’une séance dramatique au cours de laquelle la direction de la Bourse a suspendu les échanges pendant une demi-heure. « Un état de panique s’est emparé des investisseurs qui ont vendu alors leurs titres financiers », note à l’Hebdo Hanan Ramsis, directrice du département de l’analyse économique auprès de la société de courtage Al-Horreya. Elle affirme que deux raisons principales expliquent l’état de fluctuation qui caractérise les échanges boursiers. La première, de nature politique, est liée aux craintes des investisseurs de l’entrée de l’Egypte dans un conflit politique avec l’Ethiopie en raison de la crise du barrage éthiopien sur le Nil. « Le capital est lâche, il se retire avec ambiguïté jusqu’à ce que l’image redevienne claire », affirme pour sa part Waël Enaba, président du conseil d’administration d’Al-Awaël Financial Consulting à l’agence britannique Reuters.
Quant à la deuxième cause, elle est liée à une baisse des liquidités en Bourse due au système d’achat sur marge (effet de levier), qui permet à l’investisseur d’emprunter des sommes d’argent aux sociétés de courtage pour financer l’achat de titres financiers, et à l’intervention continuelle de l’Autorité de Réglementation Financier (ARF) en Bourse. « L’autorité a remarqué au cours de la dernière période une concentration d’opérations d’achat sur marge par un nombre limité de clients sur un nombre limité de titres. Certains investisseurs individuels ont formé des blocs avec d’autres pour acheter certains titres financiers en augmentant le volume des échanges sur certaines sociétés, afin de réaliser des gains », explique Hanan Ramsis, en donnant l’exemple de l’action de la société Dice pour les vêtements qui a connu une hausse à cause des spéculations. Amr Al-Alfy signale que l’action de Dice a atteint son plus haut niveau le 22 février (3,40 L.E.), alors que la société a connu des pertes de 58 millions de L.E. au cours des 9 premiers mois de l’année passée (janvier à septembre 2020). « Il y a eu un recours massif à ce système durant les périodes de hausse du marché pour maximiser les gains. Or, dans les périodes de déclin, les pertes ont également été multipliées. Les investisseurs étaient incapables de payer leurs dettes auprès des sociétés de courtage », explique Amr Al-Alfy. Et d’ajouter que les sociétés de courtage ont dû vendre les titres des investisseurs pour rembourser leurs dettes ce qui a entraîné la chute des cours des titres financiers.
Nouveau règlement
Pour freiner les pertes des investisseurs et mettre fin à la baisse des échanges, l’ARF a établi, le 6 avril, de nouveaux règlements fixant un maximum de transactions sur chaque titre financier prenant effet à travers le système d’achat sur marge. Le nombre de transaction maximum est calculé en fonction du pourcentage des actions en circulation ou de la capitalisation boursière. « Pour les titres financiers, ce pourcentage ne doit pas dépasser le quart du total des actions librement échangés en Bourse ou 15 % de la capitalisation boursière du titre », a déclaré le vice-président de l’ARF, Islam Azam, dans un communiqué de presse publié par l’autorité sur son site électronique. Et d’ajouter que les règles consistent aussi à plafonner les opérations d’achat sur marge pour chaque client de sorte qu’elles ne dépassent pas les 2 % des actions en circulation ou de 1 % de la capitalisation boursière du titre. « Le volume des achats sur marge est annoncé périodiquement sur chaque titre et au niveau du marché dans son ensemble sur l’écran de la Bourse », indique Islam Azzam, ajoutant que l’application de ces mesures va réduire les risques pour les investisseurs.
Pour augmenter les liquidités chez les sociétés de courtage, l’ARF et la Banque Centrale d’Egypte (BCE) ont conclu un accord visant à créer un fonds pour le financement des sociétés de courtage de manière à augmenter les liquidités à la Bourse égyptienne et garantir l’entrée de nouveaux investisseurs. « La BCE va allouer un milliard de L.E. à ce fonds pour maintenir le niveau des liquidités en Bourse », selon les déclarations du vice-gouverneur de la BCE, Rami Aboul-Naga. Amr Al-Alfy considère la création de ce fonds comme une mesure importante pour augmenter le niveau des liquidités sur le marché. « Les cours des actions sont vraiment attractifs pour l’achat. Le règlement du problème des liquidités va permettre aux investisseurs d’investir dans les titres des nouvelles entreprises qui seront lancées en Bourse cette année », prévoit-il.
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