« L’Egypte a été l’un des rares pays ayant pu préserver une croissance économique positive estimée à 3,5 % en 2020. Une croissance a été prévue en 2021 entre 2,8 % et 3 % », a déclaré Mahmoud Mohieddine, directeur exécutif du FMI et membre de son conseil d’administration, représentant l’Egypte et les Etats arabes. Le FMI a prévu une décélération de la croissance du PIB réel de 2,5 % en 2021 contre 3,6 % en 2020, avant de remonter à 5,7 % en 2022. Le taux de l’inflation est projeté de baisser à 4,8 % contre 5,7 % en 2020 et est prévu de remonter à 7,2 % en 2022. Une hausse du taux de chômage a été enregistrée, passant de 8,3 % en 2020 à 9,8 % en 2021 et 9,4 % en 2022.
En effet, la croissance positive de l’Egypte sous la pandémie est due aux réformes économiques et à une meilleure gestion des politiques fiscales et monétaires. La levée des subventions a permis à l’Egypte de réajuster ses finances publiques. « 120 milliards de L.E. étaient consacrés à la subvention des produits pétroliers dans le dernier budget avant leur démantèlement en 2016-2017. Dans le budget courant de 2020-2021, les subventions sont seulement de 28 milliards de L.E. Ceci a permis d’accroître les allocations et l’assistance sociale aux plus vulnérables », a expliqué Mohamed Shady, macro-économiste. Il poursuit que la chute des cours mondiaux du pétrole a aidé le gouvernement à faire des rationalisations budgétaires.
En effet, la bonne gestion de l’espace fiscal dans le budget s’est reflétée sur les chiffres publiés par le ministre des Finances, Mohamad Maeit, qui s’est félicité d’une amélioration sans précédent de la performance fiscale du budget de l’Egypte pendant les premiers trois trimestres de l’année fiscale 2020-2021. Le ministre des Finances a annoncé la réussite du gouvernement à réaliser un excédent primaire de 25 milliards de L.E., soit 1,5 % du PIB. Ceci à cause des revenus étatiques des trois trimestres qui ont augmenté de 14,6 % à cause de la réforme du système de taxes. Et les dépenses ont aussi haussé légèrement de 11,2 % (à cause de la croissance des investissements gouvernementaux, les méga-projets, les subventions, les allocations de protection sociale et les dépenses sur la santé et l’éducation).
La dette sous contrôle
Les récents chiffres publiés par le FMI concernant la dette publique (externe et interne) dénotent qu’elle est contrôlée et qu’elle a connu une légère hausse due à la pandémie. Elle avait atteint 103 % du PIB en 2017 avant de décliner à 92 % en 2018, puis 84,2 % en 2019. Elle a rebondi légèrement sous l’effet de la pandémie, montant à 90,2 % en 2020. Cependant, les projections du FMI apportent la dette sur une trajectoire ascendante à 88,9 % du PIB en 2022 avant de se limiter à 73,4 % en 2026. Le gouvernement égyptien cible une dette de 84 % du PIB en 2024.
Mohamed Shady estime que l’accélération de la croissance fera reculer le ratio de la dette par rapport au PIB, tout en augmentant la capacité de remboursement : « Pour la première fois depuis 10 ans, les services de la dette ont chuté de 1 % ». Ceci est dû à deux choses : la première est le rythme des investissements publics et des méga-projets, dont les revenus s’ajoutent aux revenus étatiques et sont implicitement utilisés à payer le service de la dette. La deuxième raison est la politique étatique de restructuration de la dette qui est sur la trajectoire depuis 2015 et qui consiste à rétrécir la marge de la dette à court terme pour une autre à longue échéance, explique Shady. Il poursuit que pour l’avenir, la capacité de remboursement de l’Etat serait meilleure avec la croissance des investissements publics et l’amélioration de la performance fiscale du budget. Selon le rapport du FMI, les revenus publics en Egypte sont projetés de monter à 20,6 % du PIB en 2021, contre 19,3 % en 2020 et de passer à 21 % en 2022 et à 21,7 % en 2026. En même temps, les dépenses publiques sont projetées d’augmenter avec un taux inférieur permettant la baisse du déficit budgétaire .
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