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Côte d’Ivoire : Quand le cacao fait de l’ombre au cajou

RFI, Mardi, 09 mars 2021

La récolte de cajou en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, se télescope avec la campagne de cacao, marquée par des exportations en baisse et des stocks qui s’accumulent. Résultat, le cacao mobilise encore les moyens logistiques.

Côte d’Ivoire : Quand le cacao fait de l’ombre au cajou
La récolte tardive du cacao se heurte à celle précoce du cajou, compliquant le processus de transport et du stockage, communs pour les deux. (Photo : Reuters)

Cacao tardif et noix de cajou précoce ne font pas bon ménage chez le premier producteur mondial. Car les moyens de transport et de stockage de l’un sont aussi ceux de l’autre. Quand les sacs de cacao sont encore pleins de fèves, ils ne peuvent pas servir aux producteurs de cajou qui les utilisent, et les récoltes s’accumulent parfois par terre dans les maisons. Tant qu’il n’y a pas assez de sacs, les camions ne peuvent pas être remplis, d’autant que ces derniers ne circulent guère dans les zones de production de noix de cajou au nord puisqu’ils font encore les va-et-vient entre les zones cacaoyères du sud et les ports ivoiriens. Quant aux transporteurs, quand ils ont le choix, ils donnent la priorité au cacao qui paie mieux que la noix de cajou qui a une valeur ajoutée plus faible.

Le problème est le même du côté des entrepôts. Au vu des stocks abondants de cacao qui ne trouvent pas d’acheteurs, ils ne se vident pas assez vite et ne pourront pas accueillir, comme prévu, toutes les noix de cajou censées arriver massivement dans les deux prochaines semaines. Résultat, tant qu’ils ne sont pas sûrs d’avoir un entrepôt, les exportateurs ralentissent le rythme des commandes. C’est aujourd’hui toute la chaîne de noix de cajou qui est affectée à cause du chevauchement entre les deux campagnes. D’autant plus que la récolte de noix de cajou a, comme l’année dernière, débuté avec un mois d’avance, fin janvier. Des prix au producteur en baisse et des fruits qui risquent de s’abîmer. Cette tension sur les moyens logistiques est propre à la Côte d’Ivoire en ce moment, explique Pierre Ricau, analyste en chef du service d’information sur les marchés agricoles N’kalo, à cause des volumes de production de cacao et cajou, sans commune mesure avec ceux des pays voisins. Et la récolte tardive de coton complique aussi le tableau, car elle mobilise également encore des camions.

La crainte aujourd’hui c’est de voir les prix baisser, car voyant qu’ils ne pourront pas transporter les fruits, les commerçants arrêtent d’acheter au producteur ou négocient dur : alors que le prix minimum de la noix de cajou est fixé par l’Etat à 305 Fcfa le kilo, le fruit se vend aujourd’hui à 250, voire 200 Fcfa le kilo dans les zones de culture les plus reculées.

Le risque c’est aussi que certains stocks mal entreposés s’abîment et qu’ils ne puissent pas être vendus comme prévu aux transformateurs vietnamiens et indiens.

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