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MENA : Des prévisions de croissance en deçà des espoirs

Salma Hussein, Mardi, 19 janvier 2021

La Banque mondiale vient de publier ses prévisions de croissance pour la région MENA en 2021. Les répercussions de la crise du Covid-19 continueront à jeter leur ombre. Explications.

MENA : Des prévisions de croissance en deçà des espoirs
Grâce à l’agriculture, le Maroc sera l’un des pays les plus performants de la région en 2021, prévoit la Banque mondiale. (Photo : AFP)

Un contretemps est à l’attente en 2021. Que ce soit pour les pays importateurs de pétrole comme l’Egypte ou la Tunisie ou exportateurs comme l’Iraq ou l’Arabie saoudite, la Banque Mondiale (BM), dans sa dernière édition semestrielle des Perspectives économiques mondiales, parue la semaine dernière, prévoit une croissance faible pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). La région MENA connaîtrait une croissance de 2,1 %, en deçà de la moyenne prévue pour l’ensemble du globe, soit de 4 %. La situation serait pire si les efforts ne sont pas suffisants pour assurer la distribution rapide du vaccin contre le coronavirus, ou si le taux d’infection reste élevé.

Mais pourquoi donc le rebond dans la région arabe serait-il moins rapide que le reste du monde ? Plusieurs raisons l’expliquent. D’un côté, les pays avancés, notamment les Etats-Unis et l’Europe, ont plus de capacités à produire et à distribuer le vaccin. De l’autre côté, les gouvernements ont plus de ressources à dépenser pour ranimer leurs économies. Dans la région arabe, la pandémie du Covid-19 a provoqué une contraction de la production estimée à 5 % en 2020. « Le nombre de personnes ayant perdu leur travail a fait un bond dans de nombreux pays et les niveaux d’emploi demeurent faibles. Les chocs exercés par la pandémie sur les revenus devraient plonger des dizaines de millions d’habitants supplémentaires sous le seuil de pauvreté de 5,50 dollars par jour », note le rapport. Les pays importateurs de pétrole ont connu moins de contraction en 2020 que les pays exportateurs. Et ce, grâce à deux facteurs : le repli des cours pétroliers et le nombre relativement inférieur de contaminations. Cependant, des incertitudes subsistent. Et il devient difficile de prévoir comment sera l’économie de la région en 2021. L’oscillation sera au rythme de la pandémie, semble-t-il. L’indice des directeurs d’achats, un indice qui mesure l’activité du secteur privé non pétrolier, supporte les prévisions de la Banque mondiale. Cet indice a connu une hausse en Arabie saoudite en décembre dernier, pour atteindre son plus haut niveau depuis novembre 2019, soit de 57 %. Et ce, grâce au recul de nombre de cas lors du 4e trimestre, ainsi que l’espoir d’un déploiement rapide du vaccin. Un plan d’investissement public, comme le note la Banque mondiale, pourrait maintenir la croissance au Royaume lors de 2021. « Mais l’expansion économique récente n’a pas entraîné une hausse de nombre d’emplois créés en décembre dernier. En fait, l’emploi a légèrement diminué », regrette David Owen, économiste auprès de l’entreprise d’information économique IHS Markit, dans un communiqué de presse diffusé le 5 janvier dernier.

Pour ce qui est de l’Egypte, la Banque mondiale prévoit un taux de croissance de 2,7 %, contre une moyenne de 3,2 % parmi les pays de la région importateurs de pétrole, notamment en raison du recul du tourisme. Au Maroc, une croissance de 4 % est prévue, grâce à la fin d’une saison de sécheresse et la croissance de l’agriculture (voir graphique).

Le paradoxe des investissements

En gros, selon la Banque mondiale, le recul des investissements chez les pays en développement est dû à l’incertitude. Pour la région, une stabilisation des cours pétroliers peut signifier des flux de capitaux interrégionaux, et des rémittences des travailleurs dans les pays pétroliers, donc une sorte de reprise de l’activité économique. Ce scénario n’est cependant pas suffisant pour compenser le recul de l’investissement dans la région arabe qui a eu lieu en 2020. « Selon les projections basées sur l’hypothèse d’une amélioration de la situation pendant une période de deux ans, en 2022, la production économique sera encore inférieure de 8 % au niveau indiqué par les estimations établies avant la pandémie », note le rapport.

L’institution financière craint davantage des effets à long terme : le sous-investissement qui mène au sous-emploi, notamment dans de nombreux pays avancés, risque d’accentuer le ralentissement attendu de la croissance mondiale dans les dix prochaines années. « A en juger par l’expérience, l’économie mondiale devrait entamer une décennie de performances décevantes. Sauf si les gouvernements investissent suffisamment dans la santé, l’éducation et l’infrastructure numérique ». Car les dividendes de ce genre de réformes sont appréciés par les investisseurs, ce qui se traduit par une recrudescence des flux d’investissement. La banque note la difficulté de la situation actuelle où les économies en développement souffrent de « la précarité budgétaire et du risque de surendettement ». Mais elle n’offre aucune réponse à la question de savoir comment financer de tels investissements et en même temps offrir davantage de privilèges au secteur privé qui, pour le moment, en raison de l’incertitude, préfère emprunter aux gouvernements que de se lancer dans de nouveaux projets.

La région MENA table sur une croissance positive en 2021

La croissance du produit intérieur brut, une manière de mesurer l’activité économique, serait relancée en 2021, selon la Banque mondiale, après une année de récession dans tous les pays de la région, sauf l’Egypte.

Un déploiement rapide des vaccins aiderait les pays arabes à la reprise. La stabilité des cours pétroliers aussi

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