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Moins de pollution, plus d’économies

Gilane Magdi, Mercredi, 13 janvier 2021

Le gouvernement égyptien a lancé une initiative visant à remplacer les anciennes voitures à essence (plus de 20 ans) par des véhicules neufs fonctionnant au gaz naturel, en offrant aux citoyens des facilités financières. 250 000 véhicules seront remplacés d’ici 3 ans.

Moins de pollution, plus d’économies
Les participants à l’initiative présidentielle vont bénéficier d’une prime financière pouvant aller jusqu’à 50 000 L.E.

Le ministère de l’Industrie et du Commerce a lancé la semaine dernière une nou­velle initiative pour rem­placer les anciens véhicules (plus de 20 ans) par des véhicules neufs fonc­tionnant au Gaz Naturel Comprimé (GNC). Les propriétaires des anciens véhicules (voitures privées, taxis et minibus) auront la possibilité de remplacer leurs véhicules à essence par de nouveaux fonctionnant au GNC ou au biocarburant (essence et gaz naturel). L’objectif est d’aider les Egyptiens, particuliers et profes­sionnels, à acheter un véhicule neuf en échange de la mise au rebut de leurs vieux véhicules. « Les banques vont octroyer des crédits aux citoyens qui veulent remplacer leurs anciens véhicules par de nouveaux fonctionnant au gaz naturel », a annoncé le gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), Tareq Amer, à l’occasion de l’inauguration de la première exposition consacrée à l’énergie propre par le président de la République le 4 janvier dernier. Il a ajouté que la BCE a alloué 60 mil­liards de L.E. au financement de l’initiative présidentielle.

La ministre de l’Industrie et du Commerce, Névine Gamea, a expli­qué les détails de cette nouvelle initia­tive. 250 000 véhicules seront rempla­cés sur trois phases entre 2021 et 2023. « Au cours de la première année, 70 000 anciennes voitures (55 000 véhicules privés et taxis ainsi que 15 000 minibus) seront rempla­cées par des véhicules neufs, 90 000 au cours de la deuxième année et 90 000 au cours de la troisième », a expliqué la ministre. Le lancement de cette initiative intervient dans le cadre du programme national de conversion et de remplacement des véhicules au gaz naturel comprimé, lancée il y a 2 ans. Le programme vise notamment à encourager l’utilisation du gaz natu­rel, qui permet d’économiser près de 50 % du prix de l’essence et de fournir de meilleurs revenus aux chauffeurs de taxi et de minibus. « Un citoyen qui dépense 3 000 L.E. par mois pour faire le plein d’essence n’aura besoin que de 1 400 L.E. pour alimenter sa voiture en gaz naturel moins pol­luant », a dit la ministre.

Afin de sensibiliser les citoyens et de les inciter à rejoindre la nouvelle initiative, le ministère de l’Industrie a organisé la première exposition consacrée à la technologie de conver­sion des véhicules à l’énergie propre du 4 au 7 janvier dernier. La ministre de l’Industrie et du Commerce a indi­qué que l’exposition « sert les objec­tifs du programme de conversion et de remplacement des véhicules à travers la participation de 9 banques ». De même, le ministère a créé un site élec­tronique pour l’enregistrement des demandes de remplacement des véhi­cules. « Il y a une participation importante de la part des citoyens sur le site électronique de l’initiative. 20 000 citoyens se sont inscrits durant l’exposition. La moitié a enregistré des demandes de remplacement de leurs véhicules », a annoncé la ministre, lors d’une conférence de presse tenue le 6 janvier. Et d’ajouter que les demandes présentées sur le site seront examinées dans les pro­chains jours. « Les candidats qui rem­plissent les conditions seront invités à mettre au rebut leurs vieilles voitures en coopération avec le ministère de l’Intérieur et le ministère du Développement local », renchérit la ministre.

Une prime en cas de remplacement

Des primes sont proposées aux personnes qui remplacent leurs véhicules. La présidence de la République avait annoncé que le gouvernement fournirait une prime financière, la prime verte, aux citoyens qui veulent acheter de nouveaux véhicules fonctionnant au gaz naturel. Le porte-parole du ministère de l’Industrie et du Commerce, Yasser Mégahed, explique à l’Hebdo que cette prime verte est divisée en deux parties. La première est le coût de la mise au rebut de l’ancien véhicule qui varie entre 12 000 et 20 000 L.E. La deu­xième partie comprend les frais gouvernementaux imposés au véhi­cule comme la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA).

Les participants à l’initiative ne vont pas payer ces frais « En addi­tionnant les deux parties, on obtient le montant de la prime verte qui ne doit pas dépasser les 50 000 L.E. Ce montant servira d’apport pour acheter le nouveau véhicule et le reste sera financé par les banques », note-t-il, en expliquant que les prix des véhicules (voitures privées, taxis et minibus) sont publiés en détail sur le site de l’initiative. Tareq Amer a déclaré que les cré­dits sont remboursables sur 10 ans avec un taux d’intérêt de 3 %. « Le versement mensuel a été calculé sur les différentes voitures. Par exemple, la voiture qui coûte 150 000 L.E. aura un versement mensuel de 1 600 L.E., alors que celle coûtant 200 000 L.E. aura un versement mensuel de 2 167 L.E. », renchérit-il.

Stations d’essence insuffisantes

Les constructeurs automobiles égyptiens se sont prononcés en faveur de la nouvelle initiative, mais ont exprimé des réserves à propos de l’insuffisance des sta­tions-service de gaz naturel. « Nous possédons une autosuffisance en gaz naturel qui économise presque la moitié du prix de l’essence », commente Khaled Saad, secrétaire général de l’Association des constructeurs automobiles égyp­tiens. Il souligne cependant que la mise en application de cette nou­velle initiative entraînera de fortes pressions sur les stations-service dont le nombre actuel ne suffit pas et n’est pas proportionnel à la hausse prévue de la demande (soit 190 stations). « Nous aurons besoin d'au moins 300 à 400 nouvelles stations au cours des trois pro­chaines années », affirme-t-il.

Le gouverneur de la BCE a déclaré qu’une initiative avait été lancée pour financer la construction dans un premier temps de 287 stations-service d’un coût de 5,3 milliards de L.E. « Il est prévu de porter ce chiffre à 1 000 stations en coordi­nation avec le ministère du Pétrole », a conclu Tareq Amer.

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